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WEBB ELLIS EST UN FUMIER


Jamais un Français ne soulèvera le William Webb Ellis Trophy.

Et pourtant, l’histoire n’avait pas trop mal commencé en 1987. Serge Blanco crucifie les Wallabies à la 85e minute, d'un essai anthologique de 80m. En finale, les Bleus de Jacques Fouroux se font botter le cul 29/9 par les Blacks de Grant Fox et John Kirwan.


Blacklistés des 2 premières Coupes du monde, les Springboks organisent la 3e en 1995, 5 ans après la libération de Nelson Mandela… 4 après l’abolition de l’apartheid.

14 colons afrikaners survitaminés et Chester Williams, qui quelques années plus tôt se faisait traiter de « sale nègre » par ses coéquipiers, accueillent les troupes de Pierre Berbizier ; avec un sens aigu de l’hospitalité.

« Madiba » en personne est là, son maillot vert sur les épaules, pour soutenir la Nation arc-en-ciel dans son rendez-vous avec l’histoire. Bourrasques, déluge, terrain marécageux, la météo ferait passer la mousson pour du crachin normand. En cas d’annulation, le règlement qualifierait les Bleus, les Boks ayant écopé d’un carton rouge en phase de poules. Après 2 heures d’attente insoutenable, les officiels et l’arbitre prennent la décision de jouer, dans des conditions dignes d’un match… de water-polo.

Un arbitre gallois, Derek Bevan, qui a reçu une montre en or de plusieurs milliers d’euros et un séjour en famille de la part du généreux président de la fédé sud-africaine.

Et qui prend au moins deux décisions incompréhensibles sur deux mêlées françaises qui emportent tout à deux mètres de la ligne d’essai. Sans parler des trois essais refusés aux Français et celui accordé aux Sud-Af qui n’est pas valable…

L’image d’Abdelatif Benazzi, combattant magnifique et dégoulinant, qui s’arrache dans la boue pour aplatir à la dernière seconde reste gravée dans toutes les mémoires : l’équivalent rugbistique de l’agression de Schumacher sur Battiston…

Nelson ne pouvait pas remettre la coupe Webb Ellis à quelqu’un d’autre qu’à François Pienaar. C’était écrit… et largement suscité.


4 joueurs sud-africains sont décédés, 2 souffrent de maladie rare…

On sait aujourd’hui qu’une bonne partie des joueurs néo-zélandais ont été victimes d’une turista opportune pendant les deux jours précédant la finale.

9-9 à la fin du temps réglementaire… Stransky marque un drop à 8 minutes de la fin… Mehrtens en rate 4, dont un à 2 minutes de la fin… victoire 15-12 des Sud-Afs…

1999, l’heure de la revanche.

Après les Boks 4 années plus tôt, les hommes de Jean-Claude Skrela se coltinent les Blacks en demis, emmenés par Lomu, le cauchemar des plaqueurs. Les Bleus restent sur une dernière place au Tournoi des Cinq Nations, et un peu reluisant 54 à 7 contre l’adversaire du jour. Dominés, malmenés 24-10 à la 45e, après un 2e essai de Jonah, la bande à Ibañez va infliger en 30 minutes, un improbable 33-0 à ses adversaires.

Une victoire miraculeuse, historique, peut-être la plus belle de tous les temps, que les Français auront du mal à digérer. Une semaine plus tard, les Australiens nous collent un 35-12 et deviennent la première nation à décrocher un 2e titre. Un an après le sacre planétaire du foot, l’ovalie perd sa 2e finale, avec aussi peu de suspense que la première.

2011 est une autre histoire.

Constellation de joueurs extraordinaires, l’équipe de 95 faisait partie des deux favoris, avec les Blacks. Celle de 99 a accompli un miracle, avant de s’écrouler en finale.

Après deux victoires assez tranquilles, les tricolores perdent logiquement contre la Nouvelle-Zélande avant de se faire dominer 19-14 contre le Tonga… qui avait eu la bonne idée de perdre 25-20 contre… le Canada !

C’est ce qui s’appelle passer par un trou de souris, on peut remercier nos amis bûcherons d’Amérique du Nord.

Les potes de Thierry Dusautoir dégoupillent, un vent de rébellion souffle contre Marc Lièvremont, ce qui ne les empêche pas de passer à l’arrach, en quarts et en demis.

Direction l’Eden Park d’Auckland pour des retrouvailles avec les Blacks, comme en finale 87, comme un mois plus tôt au premier tour. Un adversaire qu’on a été capables de sortir en 1999 et en 2007.

Une finale inespérée, un match âpre, rugueux, sans envolées lyriques, avec un ouvreur adverse qui rate tout ce qui bouge.

5-0 à la mi-temps… 8-0 à la 45e… 8-7 à la 47e après un essai de Dusautoir, on se dit que ça va enfin basculer : maladresse, indiscipline, malédiction, les Bleus resteront scotchés à une encablure de l’exploit.

Les grattages limites de McCaw, le silence de l’arbitre Craig Joubert, cette 3e finale ne sera pas la bonne.

La coupe Webb Ellis se refuse aux mains françaises, comme jadis les Grands Chelems à celles d’Ivan Lendl, qui dut attendre sa 5e finale pour décrocher la timbale.

Après une décennie de flottement, le président Laporte a décidé de sortir l’artillerie lourde. Châtiés en quarts en 2015, 62 à 13 contre la Nouvelle-Zélande !... éliminés d’un petit point, toujours en quarts, par les Gallois en 2019 ; « Bernie le dingue » sait qu’il doit mettre le paquet en vue de la Coupe du monde en France.

Exit Guy Novès et Jacques Brunel, en 2020, Galthié est nommé général en chef d'une armée qui doit (re)conquérir le monde. D’aucuns diraient une armée mexicaine, avec un staff pléthorique : Ibañez, Edwards, Ghezal, Servat, Labit, Buffa et Giroud. Ce grand joueur a entrainé 3 clubs, s’offrant un titre avec le Stade Français. Loué pour ses qualités tactiques, sa gestion des hommes n’est pas unanimement reconnue. Assez énigmatique derrière ses lunettes Demetz, Fabien est un homme décalé, parfois perché : Raphaël est là pour le tempérer quand il a le capot qui fume.

31 victoires sur 39 matchs, son bilan est le meilleur de tous les entraîneurs/sélectionneurs. Trois deuxièmes places et un Grand Chelem au Tournoi, le record de 11 victoires consécutives, des matchs gagnés contre toutes les grandes nations, tous les rêves sont permis.


En interne, tout le monde y croit : en externe, tout le pays est en ordre de marche derrière la bande à Dupont. Après Kiki, Antoine devient une icône nationale. Un surhomme qui affronte des Tanks un mois après une fracture maxillo- zygomatique Alors qu’un cheminot aurait pris 4 mois d’arrêt de travail. Interviews, pubs, reportages, les joueurs deviennent des super-héros en mission pour sortir le pays du marasme.

Cette 4e finale doit être la bonne.

Nelson Mandela n’est plus là pour galvaniser ses troupes, « Manuba » sera dans les tribunes du Stade de France.

Fidèle aux valeurs de transmission, cette génération doit impérativement laver l’affront de 95 pour venger l’honneur bafoué des ses glorieux aînés. Rester groupés, pousser tous ensemble derrière Abdelatif pour l’aider à aplatir ce putain de ballon, 29 ans après Durban.

Un rêve brisé pour un petit point : un renvoi dévissé de Jalibert… une pénalité sur la barre… une transformation contrée… un 2x1 vendangé par Fickou… des Bocks opiniâtres…

On se demande ce qu’il va falloir faire pour qu’un Français brandisse un jour cette Coupe !

Webb Ellis est un salaud…


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