Mis à part le pillage de quelques poulaillers en bord de Seine, les vikings n’ont jamais réussi à coloniser la France. Heureusement, sinon nous serions tous blonds aux yeux bleus, à part Jean-Marie qui n’en a qu’un.
Même le beau Ragnar, le chéri de ces dames, s’est cassé les dents sur les remparts de Paris.
Quelques siècles plus tard, son descendant ne fera pas mieux. Les hordes du roi Sagosen, malgré 10 buts et 8 passes D, se feront botter le cul par des tricolores moribonds.
Dans ce monde de brutes, un peu d’histoire ne peut faire de mal à personne.
En particulier à tous ceux qui ont été élevé avec une cuiller en argent dans la bouche. C’est dingue comme on finit par s’embourgeoiser, surtout après deux titres olympiques et six mondiaux !
Alors que les plus anciens d’entre nous, ceux qui ont survécu au Covid et à l’anarchie cellulaire, savent ce que c’est de perdre contre les Hollandais ou d’en prendre quinze contre les Russes.
Ou pire encore, contre les Portugais.
Ah non, ça c’était au dernier Euro, ou la France a fait sa pire prestation depuis 2012.
Le hand français ronronne depuis plus d’une décennie, et pour couronner le tout, les filles et les bleuets s’y mettent, décrochant breloque sur breloque.
Faut-il changer une équipe qui gagne ?
C’est un débat vieux comme le sport, avec autant d’exemples que le contraire.
La retraite de glorieux anciens a parfois coïncidé avec des débuts de cycles fructueux, et il faut se méfier du syndrome suédois : une équipe magnifique qui a régné sur le monde dans la dernière décennie du siècle dernier, mais qui s’est éteinte faute d’avoir su se renouveler.
Envoyer trop de jeunes au casse-pipe est suicidaire, et de plus, c’est souvent le meilleur moyen de les griller. Il est difficile de se priver de vieux grognards, le truc est de leur épargner le combat de trop.
La vérité est dans l’équilibre entre anciens et nouveaux.
Surtout quand la famille prône des valeurs comme l’équipe, la transmission et l’humilité.
Et c’est la même pour le coach.
Depuis Costantini, la mode est plus au cadre fédéral qu’à l’entraîneur de club. Onesta, qui passe à Dinart, qui passe à …
Après l’or de 2017 et deux fois le bronze, le guadeloupéen se rate en 2020 avec une 14e place peu reluisante. On se rappelle que son prédécesseur toulousain avait fait pire au début de sa carrière en bleu.
Malgré une communication désastreuse, Bana lui apporte un soutien digne de JM Aulas, le président de l’OL, avec ses entraîneurs passés.
DD est débraqué quelques jours après avoir été solidement confirmé.
Dinart qui passe à … Gille, son adjoint.
Toujours cette volonté de transmettre !
Une blague médiatique parmi tant d’autres…
Officiellement, le passage de témoin est un modèle de bienveillance, totalement en phase avec les valeurs du sérail.
Dans les faits, on sait bien que le savonnage de planche est de rigueur, comme s’il fallait tuer le fils : Costantini a été le plus farouche détracteur d’Onesta, qui a été celui de Dinart, qui ne partira pas en vacances avec Gille.
Un Guillaume Gille qui doit se sentir rassuré par le soutien fraternel de ses collègues entraîneurs de club, Thierry Anti et surtout, Patrice Canayer.
Après le fiasco du dernier Euro, ce dernier avait proposé ses services pour sauver la patrie et manager un projet « Paris 2024 ».
Après deux matchs pourris contre la Serbie, le technicien héraultais a remis le couvert.
Il estime qu’il faut se projeter sur les JO en France, échéance majeure du hand tricolore. Pour cela, la recette est évidente, il faut donner de l’expérience à ceux qui seront cadres dans trois ans.
Une histoire de leadership, l’idée est de mettre certains jeunes en situation de responsabilité, sans qu’ils se cachent derrière les vieux.
Visiblement, la FFHB a décidé de faire sans lui, ce qui a dû le remplir de joie.
Patrice est-il un visionnaire ou a-t-il tiré sur une ambulance ?
Comme souvent, l’avenir le dira, et on verra si comme tant d’autres, il se transforme en flagorneur si jamais l’équipe de France réussit. Sans lui…
Ce match lui sans doute donné des premiers éléments de réponse.
Le roi Karabatic n’est pas là, les souris auraient pu danser.
Wesley « Paradin », Thomas Villechaize dans le texte, a frappé très fort.
En équipe de France depuis sept ans, il n’a jamais eu vraiment sa chance. Pas trop grave quand Omeyer brillait, mais depuis quelques temps, Vincent Gérard fait du sur-place.
Après la déroute serbe, on lui confie les clés du camion.
La première fois à 31 ans, pour ce qui aurait pu être un cadeau empoisonné !
Auteur d’une saison extraordinaire à Aix, il ferme la cage contre la Norvège avec autorité. Canayer cherchait des leaders à qui on donnait une chance, et bien en voilà déjà un. L’ADN défensif de cette équipe peut se réincarner dans cet homme, qui devra faire ce qui est le plus difficile dans le sport : confirmer.
Et puisqu’on parle de défense, comment ne pas noter la performance convaincante du duo Karabatic-Fabregas en défense centrale.
Un Ludovic Fabregas qui gobe tout ce qui bouge en attaque, secteur qui semble avoir trouvé deux leaders.
Mahé en chef d’orchestre, buteur, tireur de penalty, qui sera proche de la perfection quand il lâchera ses ballons un tout petit peu plus tôt. Remili, qui à 25 ans, prend la parole aux temps-morts et pèse sur le jeu.
Une prestation rassurante.
Ce n’est qu’un match, mais le tour principal est en vue.
On verra si la suite satisfait Patrice Canayer, et si un coach qui n’a jamais rien gagné en club peut mener une équipe nationale à la victoire.
Dans la tradition de ce qui se passe depuis vingt ans…
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