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VAMOS CARLITO !


Depuis la nuit des temps, les ados ont une fâcheuse tendance à s’astiquer le manche. Le jeune Alcaraz martyrise celui de sa raquette des heures durant sous un soleil de plomb et les yeux ébahis de Juan-Carlos qui se dit que le petit a une main en or.

Pas facile d’être pris au sérieux avec un tel sobriquet.

Avec sa tignasse Playmobil et ses quelques chtars sur la courge, ça passe ; mais dans 15 ans, quand sa besace sera pleine, ça pourrait choquer !


Voilà ce que pourrait donner une interview d’après-match à l’US Open 2038 :


- Carlito, blablabla…

- Si pero…

- Carlito blablabla…

- Vamos !


Sur quatre heures de match, on voit plus les joueurs se trifouiller les neurones que jouer au tennis. Bjorn était aussi expressif qu’une statue de glace… Pete avait l’œil ovin avant de dégainer son gros pistolet… Ilie… Vitas… Guillermo… John faisait des caprices de chiard qui insulte la terre entière…

Plus récemment, un Espagnol bien connu a pris l’habitude d’exhiber ses tocs lors de consultations publiques. Des millions de téléspectateurs médusés assistent depuis des années au même rituel : aligner des bouteilles, se toucher le cul, les baloches, le nez, les oreilles et le front, le tout sans s’être lavé les mains ! Un patient Serbe, quant à lui, se soigne en faisant rebondir une balle jaune 27 fois avant de servir.


Imaginez un peu ce qui a bien pu se passer lors de leurs 59 face-à-face : une régalade pour le public entre quelques échanges de belle facture !


Mais au XXIe siècle, une nouvelle race de joueurs a vu le jour.

Le précurseur est un Ecossais qui un jour en a eu marre de se faire botter l’oignon par le Big 3. Après une kyrielle de quarts, de demies et de finales perdus en majeurs à partir de 2008, le déclic a lieu en 2012 sur le central de Wimbledon aux JO de Londres. L’olympiade qui suit sera fructueuse : 3 majeurs, 2 titres olympiques, 1 master, une place de numéro 1 mondial et cerise sur la couronne, il est anobli par la Reine ; lui, le gosse qui militait pour l’indépendance de l’Ecosse…


Un sale môme sur le terrain, mais pas dans le style McEnroe. A chaque match, sur chaque point, Sir Andrew Barron Murray ne lâche rien. Un casse-burnes qui met la pression sur l’adversaire, le kiné, l’arbitre et le public. Mais pas seulement ; Andy a vulgarisé le trash-talking, avec son coach. Comme si le stress avait été son moteur. Comme si ce supplément de haine lui avait permis de gravir les dernières marches du podium.

Un sketch dans lequel certains se sont engouffrés. Et non des moindres : Djokovic et Medvedev, deux numéros 1 mondiaux ! Demandez donc à Goran Ivanisevic et à Gilles Cervara, si leur vie de coach est un long match tranquille. Excédé, Gilles a déjà déserté son poste en pleine partie ; parfois, les yeux de Goran ne respirent pas la bienveillance paternelle : quelque chose me dit que ça pètera un jour, pour un remake sanglant de la guerre des Balkans.

Des patrons qui insultent leur employé en plein boulot ! On se demande vraiment ce que fait la CGT…


On en vient presque à se demander si cette stratégie ne serait pas nécessaire pour décrocher la timbale.

Si Rafa et Roger sont de gentils garçons, c’est comme si Carlos faisait le contraire de ce qu’il faut faire pour être le boss de l’ATP. Il est sympa, souriant et respectueux… il ne triche pas et applaudit ses adversaires… jamais il n’insulte Ferrero quand parfois il rate des coups invraisemblables ; au contraire, il lui demande s’il a bien fait… presque la permission de continuer, comme Borg avec Lennart Bergelin… ou Tyson avec Cus D’Amato…


Un gars sympa qui partage son paquet de cookies à la récré. Un pote de classe doué en EPS mais qui a besoin de bosser son anglais. Carmen, la belle gosse du lycée l’a recalé parce qu’elle trouve son bob ridicule. Dans peu de temps, une armée de top-models reconnaîtra son charme latin. Les millions ne vont pas tarder à pleuvoir, son livret de Caisse d’Epargne sera bientôt plein. La prochaine fois qu’il ira chez le concessionnaire, ça ne sera pas pour une trottinette, mais pour un yacht ou un jet privé. Le chauve dans sa box est actuellement une machine à balancer des vamos ! mais il ne va pas tarder à engranger les patates.


Dans un monde qui change, Carlos est en train de devenir un symbole.

En tout cas s’il parvient à durer…


Côté sport, c’est un joueur d’un nouveau genre.

Le champion des années 80 avait un ou deux points forts, mais les points faibles d’un demi-finaliste du tournoi de Noirmoutier. Le coup droit de Noah, celui d’Edberg ou de Rafter ensuite, le smash de Connors… le jeu de jambes d’untel, la volée d’un autre…

20 ans après, le Big 3 a changé la donne : aucun point faible, une surface privilégiée mais la capacité de gagner partout. Si les trois ogres ont laissé des miettes à Stan, Andy, Marin, Dominic ou Juan-Martin, ils se sont surtout partagé le gâteau. Avec des duels homériques, sauf peut-être à Roland, la chasse gardée de Nadal ; jadis celle de Borg.


En 2023, amusez-vous à trouver un trou dans la raquette d’Alcaraz : son revers, son coup-droit, son amortie, son lob, sa volée, son service, son smash, son retour ! Mieux, ce garçon n’a que des points forts ! Mentalement, je n’ai encore jamais vu un gars apte à remonter la pente plusieurs fois dans un match. Il repousse les limites du possible en allant chercher des balles perdues pour tous les autres.

Son bob peut-être ?

Continue comme ça Carlito !

En général, on dit qu’il faut attendre un peu pour remettre le couvert après une rupture. Mais là, je n’ai même pas honte.

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle.1

Bientôt, mon amour pour Roger ne sera plus qu’un lointain souvenir…



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