PUTAIN DE CROISE
A bientôt 40 piges, Roger tente un improbable comeback après 14 mois de yodel dans les montagnes du Valais.
La dernière fois qu’il nous a fait le coup, il n’en avait que 35 !
Comme Jo, qui lui n’était au chômage que depuis 13 mois.
Largement de quoi rassurer un certain Nikola Karabatic, qui peaufine sa rééducation après la rupture d’un putain de croisé.
Une malédiction pour tous les handballeurs et handballeuses du monde.
Il y a 15 ans, la star tricolore dominait son sport physiquement, avec 196 cm sous la toise et 106 kg sur la balance.
Aujourd’hui, les beaux bébés avec 10 cm et 15 kg de plus sont monnaie courante sur les parquets.
Toujours plus fort, toujours plus vite…
Les chirurgiens orthopédiques aiguisent leurs bistouris et les centres de rééducation se frottent les mains, malgré la fermeture des stations de ski.
Manon, Camille, Wesley, Kim, Axel…
La liste est longue et ça fait chier !
Des jeunes gens blessés dans leur chair, fauchés dans leur progression et qui devront se reconstruire.
Bref, tout ça pour dire que Nikola se dit qu’il ferait bien un p’tit tour à Tokyo cet été. Plus que Wesley Pardin qui comme la plupart d’entre nous, a de grandes chances de vivre les JO sur son canap.
Pour cela, les potes de Guigou doivent enquiller deux victoires en trois jours.
Quand on a trois matchs et que l’on veut en gagner au moins deux, c’est mieux si on commence dès le premier.
Taper des Croates moribonds dans l’antre de Bercy avec 15000 fans survoltés était de l’ordre de la formalité.
Là, c’est à Montpellier, devant 28 spectateurs, si on compte les coachs, les kinés et les techniciens de la Sud de France Arena.
Lino Cervar remercié après une peu glorieuse 15e place à l’Euro, c’est son ancien adjoint, Hrvoje Horvat, qui drive les troupes durant ce TQO.
Après un début de match tendu à souhait, nos « meilleurs ennemis » dominent assez largement une première période où les arrêts de gardiens sont aussi rares que la pluie dans le Lubéron : 4 pour Gérard et un pour Sego !
12-15 à la mi-temps.
La deuxième débute aussi mal que la première, avec des Croates qui dominent, 16-20 à la 38e !
Comme souvent, c’est la performance d’un gardien qui va changer le cours de l’histoire.
Genty se réveille et fait douter les tireurs adverses.
25-25 à la 53e, la fin s’annonce tendue.
Genty continue, Pesic ne touche pas un cuir.
Sauf sur Descat, seul tricolore à beuguer sur lui, avec 4 échecs, soit précisément le nombre d’arrêts du portier croate.
Les Français finissent sur un 5-1 qui scelle le sort du match.
Pas grand-chose de plus à dire sur ce match.
Une fois encore, les 47% de Yann Genty ont décidé du résultat du match, d’autant que son homologue restait à moins de 20%. Et même à 0 sur tout Français ne s’appelant pas Hugo.
Ça fait une victoire.
Encore une et Nikola prendra l’avion pour Tokyo.
Si Wesley, Kim, Axel et les autres s’ennuient cet été, je peux leur faire de la place sur mon canap…
SACRE FABIEN
Basilashvili a eu le toupet de battre Roger au deuxième match de son comeback à Doha.
Heureusement que cet obscur Géorgien a eu la délicatesse de gagner le tournoi, ça minimise son crime de lèse Federer. En plus son nom n’est pas des plus faciles à prononcer. Mais estimons-nous heureux, il aurait pu s’appeler Taofifénua !
Malgré son double mètre et ses 130 kg, Romain n’a rien pu faire pour enfin botter le cul des Anglais dans leur antre de Twickenham. Jamais fait depuis plus de quinze piges !
L’occasion est trop belle d’interviewer son coach, Fabien Galthié, aperçu subrepticement du côté de Pérols, dans les travées de la Sud de France Arena.
- Bonjour Fabien.
- …
- Vous aimez le hand ?
- Non pas trop, mais j’en ai profité pour passer. Je suis venu voir mon fils qui joue en quart de finale du tournoi de pétanque du Millénaire à Montpellier.
- Ah d’accord, mais le Covid et le Tournoi des 6 nations ?
- Le protocole sanitaire nous protège bien, voire très bien. La commission médicale nous accompagne aussi, mais le risque zéro n’existe pas.
- Bon d’accord, mais que pensez-vous de la prestation des Bleus ?
- Le protocole sanitaire nous protège bien, voire très bien. La commission médicale nous accompagne aussi, mais le risque zéro n’existe pas.
- Certes Fabien, mais le hand et le rugby ne sont-ils pas des sports cousins ?
- Le protocole sanitaire nous protège bien, voire très bien. La commission médicale nous accompagne aussi, mais le risque zéro n’existe pas.
- C’est bon, j’ai compris ! Ce sport a été six fois champion du Monde, ne faudrait-il pas s’en inspirer dans certains aspects ?
- Le protocole sanitaire nous protège bien …
- Ta gueule Fabien !
Soyons sérieux, les hommes de Guillaume Gille ont un pied et quatre orteils aux JO.
Les Tunisiens, vice-champions d’Afrique en titre, n’ont pas pesé bien lourd et ont été dominés dès le début. Une correction qui finalement ne se transformera pas en déroute, faute à un relâchement défensif compréhensible.
S’il faut respecter le sérieux du travail effectué, autant que l’adversaire, les statistiques et les commentaires restent anecdotiques.
En tout cas d’un intérêt limité.
Le match contre le Portugal est important.
Ne serait-ce que parce qu’il va offrir un ticket estival pour le Japon.
La France n’a pas raté un rendez-vous olympique depuis 1992, et il serait de bon ton de garder cette bonne habitude.
Monter sur la boite, qu’une génération finisse en beauté, …
Tout cela est une autre histoire, qu’il faudra écrire dans quelques mois.
MARVIN ET ALFREDO
Plusieurs sentiments pouvaient cohabiter dans les têtes françaises au moment de rencontrer les Portugais.
Laver une nouvelle fois l’affront de la déroute de l’Euro 2020.
Choisir l’équipe à qui on offre un voyage au Japon.
Ne pas prendre de risque et leur mettre une branlée ou au contraire, gérer son match et assurer la qualif.
11-5 à la 15e, la réponse est sur le terrain.
Vincent Gérard est extraordinaire, Gaspar ne touche pas un cuir.
Les hommes de Paulo Pereira doivent certainement rêver d’une première participation aux Jeux, mais une nouvelle fois, le théorème du gardien de but se vérifie : impossible d’envisager quoi que ce soit quand votre adversaire marque à chaque tir.
Le brillant coach portugais prend un temps mort, recadre ses joueurs mais surtout, lance Gustavo Capdeville dans l’arène.
Résultat, 13-12 à la mi-temps.
Les bleus ratent quelques tirs, malheureusement pour Michaël Guigou qui ratent l’occasion de rejoindre Volle, Fernandez et Karabatic au firmament des buteurs tricolores.
En l’absence de Nikola, et peut-être en attendent son retour, Remili doit rassurer Patrice Canayer : à chaque temps-mort, Guillaume Gille annonce un système simple, sans blabla superflu. Puis Nedim prend la parole.
A coup de 7 contre 6, la deuxième période est équilibrée, jusqu’à la 51e, 25-23 pour la France, qui de toute façon se dirige tranquillement vers les JO.
28-25 à trois minutes de la fin, on se dit que les carottes ont fini leur cuisson.
Les Croates débouchent le champagne, et les Portugais semblent presque résignés, pas en mesure d’inverser le cours de l’histoire.
Deux buts, un arrêt, une contre-attaque, un buzzer qui sonne quelques centièmes avant le but de Valentin, Porte, cette équipe valide son billet estival.
Un 4-0 d’anthologie pour cette jeune équipe.
Terrible pour des Croates assez brillants ce weekend, on pourrait penser que le sport est parfois une méritocratie.
Depuis trois ans, les lusitaniens font souffler un vent de fraîcheur sur un sport figé dans le conservatisme.
Des clubs qui progressent, des joueurs brillants et un entraîneur très compétent, la qualif est une récompense méritée.
La France enquillera ses huitièmes Jeux consécutifs, le Portugal ses premiers !
Et puis quel hommage à Alfredo Quintana, tragiquement disparu il y a deux semaines. Ironie du sort, ses potes iront faire un tour au Japon sans lui.
Le petit Marvin Nathaniel n’est pas né à La Havane, mais dans le New Jersey.
Une mère seule, cinq frères et sœurs, fin de l’école à treize ans, il découvre la boxe à quinze.
Durant ses trois premières années pros, il enchaîne les KO’s mais aussi un nul et deux défaites aux points.
Après un nul très controversé pour son premier championnat du Monde, il décroche enfin la ceinture mondiale des moyens à 26 ans.
Puis il conserve 12 fois son titre.
Des matchs incroyables contre Duran, Hearns ou Mugabi.
Des KO’S comme s’il en pleuvait.
Des nuits blanches devant Canal Plus, pour des combats au petit matin avec les yeux qui piquent.
Dégouté par une défaite controversée contre Sugar Ray Leonard, il attend une revanche qui ne viendra jamais et prend sa retraite.
Marvin Marvelous Hagler n’est allé qu’une fois au tapis, au 1er round contre le marteau argentin, Juan Roldan. Avant de le coucher au 11e.
Ce weekend, il a été mis KO pour la première, et la dernière fois…
Adieu champion.
Et bonjour à Alfredo, buvez donc un p’tit mojito à notre santé.
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