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QUOI QU'IL EN COUTE


Tout ce qui roule n’amasse pas mousse.

C’est comme tout ce qui vole.


Le grand capital et la mondialisation, sa perfide complice, sapent en toute impunité les fondements du modèle social à la française.

Enfin presque, de courageux salariés résistent encore : ces chevaliers blancs se dressent fièrement sur la route de ces salauds.


Déjà, ils avaient combattu une réforme qui avait le tort de reculer leur retraite d’une décennie !

Quelle cruauté abjecte : obliger de pauvres bougres perclus de rhumatismes à travailler au-delà de 50 ans derrière un ordinateur ou un guichet !

Devant tant de cynisme, on comprend une chose essentielle : si l’ultralibéral joue au golf ou fait du jet ski, il n’a jamais lu Germinal


Avec le COVID, ces agents ont trouvé un allié de taille dans la lutte contre ce projet insensé.

Mieux, ils ont justifié leur statut en assurant avec témérité la continuité du service public en période de guerre pandémique. Sans se soucier de leur propre santé, pourtant menacée par l’impitoyable virus.

A titre personnel, j’ai pu passer Noël aux Seychelles grâce au courage des salariés d’Air France. Mon voisin, lui, avait le privilège de prendre le RER E tous les jours entre Pontault Combault et Ozoir la Ferrière.

Mon facteur a appliqué les gestes barrière avec un professionnalisme qui l’honore : pourquoi prendre le risque de partager nos miasmes en sonnant chez moi alors qu’il suffisait de glisser un avis de recommandé dans la boite aux lettres ?

Il m’a permis de briser une solitude pesante et de me resocialiser.

Quelle joie de faire 25 minutes de queue à La Poste, et de découvrir une amende majorée de 370 €, sans avoir jamais reçu l’initiale ! Quelle fierté de participer, à mon humble niveau, à cet effort de guerre !

Merci à tous, sans vous je n’aurais jamais pu vivre ces rares instants de bonheur en cette sombre période.

Mais quelle honte !

Pas le moindre applaudissement alors que vous-aussi étiez en première ligne, aux côtés des Gens du secours.

Pire que ça, ce vendu de Pascal Obispo n’a pas daigné vous consacrer la moindre chanson.

C’est juré, dès qu’il aura retrouvé sa voix et son vieux stylo, je demanderai à Renaud de vous en écrire une petite.


Certains s’étaient déjà bien planqués sous l’Occupation, de lâches profiteurs avaient saisi cette occasion pour s’en mettre plein les poches.

Alors que de vaillants cheminots continuèrent à conduire leur train, le ventre vide et pour un salaire de misère. Grace à leur témérité, des dizaines de milliers de juifs, communistes ou LGBT purent partir en vacances outre-Rhin, pour se changer les idées.


Certes, l’ARS n’est pas la kommandantur.

Mais là-encore, les masques sont tombés avant de devenir obligatoires.

On a eu la bonne surprise de revivre des réflexes républicains comme on n’en faisait plus depuis presque 80 piges. Des citoyens respectables n’ont pas hésité à faire leur devoir et à dénoncer leur voisin qui faisait un footing d’une heure dix.

Les chômeurs ont fait comme d’habitude, ils ont chômé !

Des hordes de français, pour une fois de souche, ont rejoints leurs rangs : ces petits chanceux ont été grassement payés pour rester à la maison en jogging, jouer au poker, mater Netflix, bricoler un peu et faire semblant de travailler.

Les profs ont réussi l’exploit de battre un record pourtant difficile à déloger, passant de trois mois et demi à plus de six mois de vacances.

Pendant que d’autres faisaient rouler bus, trains et vélos jaunes. Bref, portaient la Nation à bout de bras, au péril de leur vie.


Quoi de plus normal, après de tels états de services, que de demander une augmentation substantielle, quelques primes de panier, de risque ou de charbon, et surtout, la retraite à 45 ans.

Des clopinettes au regard de la grandeur de la France !

Et tellement mérité, comparé à tous ceux qui sont restés au chaud, bien loin de la ligne de front.

Ces feignasses ont le toupet de la ramener, quand après des mois d'exploitation, les salariés de la SNCF ou d’Air France se mettent en grève début juillet.


Dans quel monde vivons-nous, quand des profs osent se plaindre de devoir attendre quelques jours pour partir se dorer la pilule ?

Alors qu’ils ont deux mois pour le faire !

Le dernier semestre scolaire de nos enseignants a pourtant été des plus passionnants :


- Des cours au premier groupe.

- Des cours en visio au deuxième, ça fait deux pour le prix d’un.

- Des montagnes de copies à corriger pour assumer le passage du Bac en contrôle continu.

- Des copies d'examen pas toujours bien scannées à corriger en numérique.

- Un grand oral d’opérette.

- Des tonnes de messages bienveillants émanant de parents ou d’élèves de mauvaise foi ou complètement paumés.

- La pression pas toujours amicale d’une hiérarchie, elle-même sous pression.

- Des conseils de classe, de discipline, d’enseignement, d’administration, d’établissement, d’harmonisation, … n’en jetez plus !


J’te mettrais tout ça en télétravail, entre deux chiards qui braillent et un mari qui éprouve le besoin de se défouler un peu.


S’ils sont reconfinés en août au lieu de partir en vacances, ça leur apprendra à respecter leurs camarades du secteur des transports, qui eux, ont les burnes de se mettre en grève.

Pour lâcher prise, nos chers enseignants auront le choix entre une dépression, un AVC ou un léger désordre cellulaire.

Pour ceux qui hésitent, il restera toujours la décapitation.














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