Pas les grosses bleues.
Non, celles qui ont changé d’âne dans la nuit australienne, à la Rod Laver Arena.
Daniil étouffe Rafa du fond, et l’espagnol trouve son salut vers l’avant !
Ce que Djoko n’avait pas réussi à New York, Nadal le fait à Melbourne : lui qui dans le passé a souvent planté sa tente à 4m derrière la ligne de fond en balançant des parpaings, revient dans le match grâce à son service et à sa volée. Accessoirement poussé par le public et avec sa combativité légendaire.
Quelques heures plus tard, la Suède semble bien partie pour remporter un 5e titre européen, 20 ans après le 4e !
26-24 à la 54e minute : Wanne et Ekberg enfilent les perles et Palicka, sans être extraordinaire, fait son boulot.
Deux buts de raccroc absolu, Figueras et Cañellas égalisent, ça sent les prolongations à plein nez.
Temps mort suédois, Gottfridsson, qui vient de perdre un ballon et de rater un tir prend la parole : les coachs la bouclent et les troupes écoutent religieusement le MVP de la compétition.
La scène est surréaliste, digne d’Olive et Tom.
Voire de Jeanne et Serge, pour ceux qui préfèrent le volley.
« On va faire ça, on met le pivot à gauche, toi tu arrives de ton aile, je te donne la balle et tu viens décaler l’arrière droit. »
Quelques secondes plus tard, tout le monde s’exécute et Cañellas ne peut faire mieux que de provoquer un penalty.
Ekberg ne tremble pas.
Même pas le temps de se ravitailler après plus de 5 heures de petite balle jaune, il ne fallait pas trainer aux toilettes, sous peine de rater la Marseillaise.
La vie est parfois difficile le dimanche.
Question : quand on est l’équipe de France de handball, une médaille de bronze est-elle une bonne perf ?
On pourrait également se dire qu’on a tellement d’or autour du cou, qu’il n’y a plus assez de place pour un métal moins précieux.
Si certains ont tout gagné, d’autres ont un palmarès aussi vierge que le casier judiciaire d’un fonctionnaire.
Les jeunots ont envie de croquer comme les anciens, qui vont tout faire pour que leurs coéquipiers puissent goûter au bonheur d’un podium.
Magnifique dans un monde où l’individualisme forcené fait autant de ravages.
Qu’on y voit un discours formaté ou l’expression des valeurs de transmission propres à ce sport, il est évident que finir sur une victoire est toujours positif. Et surtout, être capable de se remobiliser après une défaite frustrante en demie est parfois plus difficile que d’aborder une finale.
Le problème, c’est que les Danois ne vont rien lâcher dans cette petite finale.
Sa Majesté Hansen n’est pas là, et le génial Gidsel quitte ses camarades à la 53e … seconde. Un remake, avec Mahé enfin sorti du frigo !
Vincent Gérard, après son match raté contre la Suède et les tombereaux d’insultes reçus sur les réseaux, va faire un très bon match, statistiquement équivalent à celui de Landin. Après 8 jours dans sa chambre, la prestation de Kentin sera en tout point remarquable : à se demander à quoi sert l’entraînement !
La deuxième mi-temps est un vrai mano à mano, qui ne pouvait que déboucher sur une prolongation.
Les deux coachs surprennent, en sortant Minne et Lauge Schmidt d’un banc sur lequel ils pourrissaient depuis longtemps.
Bonne nouvelle, les Bleus gagnent le TOS, et prennent la balle.
20 secondes plus tard, passe en touche de Minne, si brillant l’avant-veille :
29-29.
La première attaque danoise dure 1mn15, faute à une bonne défense et à un Gérard qui enchaine deux stops. Bras levé, il faut un invraisemblable tir à la hanche de Fabregas d’un certain … Lauge Schmidt pour ouvrir le score : 30-29.
Le bras des arbitres se lève, Aymeric prend le tir ; contre et pastis :
30-29.
Après trois ou quatre passes, bis repetita de l’action précédente, mais avec Holm. Le pivot glisse à droite, Konan le suit, duel sur Fabregas isolé, sur les talons, avec Nahi qui aurait pu fermer plus vite. Le génial arrière danois est capable de passer n’importe qui dans une boite à chaussures, alors un défenseur avec trois mètres de chaque côté !
31-29.
Jet-franc, deux passes et tir magnifique de Mem…sur la barre.
31-29.
Touche pour les Rouges.
Duel de Lauge Schmidt sur Mem, un peu passif et sans l’aide de Konan, rebond pourri premier poteau.
32-29.
Tir contré de Mahé au buzzer.
32-30, il reste cinq minutes.
Fabregas et Minne jugés trop tendres, on envoie Tournat et Karabatic au mastic. Descat et Richardson remplacent Nahi et Mahé.
Quatre passes, le pivot glisse à droite, Konan le contrôle et comme on a dû le lui demander, Tournat monte sur Holm.
En retard, trop haut, sur les talons, Konan tarde à aider, duel du Danois qui marque !
33-30.
Arrêt de Landin sur Lenne.
33-30.
Arrêt de Gérard sur Kirkelokke.
33-30.
Attaque à 7, belle passe de Niko à Nico, arrêt de Landin.
33-30.
Défense interminable d’une minute, tir magnifique de Lauge Schmidt… sur le poteau.
33-30, il reste deux minutes.
But rapide de Melvyn.
33-31.
Défense tout terrain, comme contre la Suède.
But de Lauge Schmidt, la messe est dite.
Deux arrêts à un.
Un poteau partout.
Holm qui continue son show.
Lauge Scmidt qui met deux buts, Minne qui se rate.
Des milliers de coachs nous expliquent que Gille a fait n’importe quoi, qu’eux auraient fait comme ça…
Ce match se joue sur la défense du numéro 3 gauche, Fabregas puis Tournat, alors que le numéro 3 droit, Konan, contrôle le pivot.
Question d’homme, de système, de coaching, de culture tactique, d’initiative ?
A moins que ça ne soit juste une question de mouches.
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