Le pithécanthrope erectus se posait moins de questions existentielles que son lointain descendant.
Quand une congénère de sexe féminin passait dans sa grotte, il y avait peu de chances qu’elle en ressorte sans un petit coup de cannes. Et pas toujours après une cour subtile ou un dîner aux chandelles.
Le pauvre chevreuil, quant à lui, s’en sortait rarement vivant.
On se demande vraiment ce que faisait la SPA !
En ces âges farouches, notre rustre ancêtre n’était qu'un maillon dans la grande chaîne de la vie.
Il lui arrivait souvent de prendre cher, par exemple quand il croisait la route d’un tigre à dent de sabre ou d’un ours des cavernes de 3,5 mètres.
Sauf Rahan qui trucidait n’importe quelle bestiole avec son coutelas en ivoire : là-encore, où étaient les protecteurs des animaux ?
Le fils de Crao, lui, ne blaguait pas !
C’est pas comme ces milliers de gosses qui des millénaires plus tard tannait leur grand-mère pour acheter Pif-Gadget : aucun n’a jamais réussi à trucider le chat de la voisine avec le coutelas en vrai plastique offert avec le magazine.
La maîtrise du feu a bouleversé la vie saine et néanmoins un peu courte de ce sauvage préhistorique.
Certains aliments sont devenus plus digestes, imaginez-vous croquer à pleines dents dans une rate de phacochère à peine extraite de son corps fumant !
C’est quand même mieux si elle a mijoté quelques minutes en compagnie de quelques légumes.
Elle lui a offert une protection, en éloignant les grands prédateurs qui auparavant, se léchaient les babines à la nuit tombante. Ces foyers sont devenus des lieux de convivialité où l’homo sapiens pouvait faire société, en attendant patiemment l’invention de TicTok et de la vodka-Red bull.
Aujourd’hui, à part dans quelques lieux où crépitent kalach et motocross, l’homme n’a eu de cesse que d’améliorer sa sécurité.
Rassurant pour les plus faibles d’entre nous, le prix à payer pour la planète et ses autres occupants est exorbitant. Tous nos congénères n’ont pas la chance d’être invités au bal, et au final, l’humanité semble surtout travailler à sa propre destruction.
Le covid n’est pas ce terrible agent de destruction.
Il n’est que le révélateur d’un monde qui bascule dans l’Absurdie.
Pour ceux qui ont le privilège de ne pas devoir survivre, « la substantifique moelle » de l’existence a totalement changé de direction. Le sens de la vie n’est plus de simplement vivre, mais de tout faire pour respecter les règles qui doivent nous protéger. Alors que certains les bafouent sans vergogne !
Quel bonheur !
J’en viens presque à me demander s’il ne serait pas moins anxiogène de devoir lutter pour sa survie ?
Le flic n’est plus là pour assurer sa mission de gardien de la paix, mais pour faire respecter des règles de plus en plus absurdes et tatillonnes. En outre, il a de plus en plus de mal à assurer sa propre sécurité, et à veiller à ne pas commettre de fautes qui pourraient se retourner contre lui.
Sans compter certains justiciers qui dérouillent leurs concitoyens à la première occaze.
Le prof enseigne de moins en moins.
Il doit lui-aussi veiller à appliquer des mesures qui se multiplient comme des petits pains, et le sont de moins en moins; applicables. Le cœur du métier est de faire le nécessaire pour ne pas se mettre en faute : vis-à-vis de sa hiérarchie, ses élèves, leurs parents, leurs cochons d'Inde…
L’insoutenable lourdeur de l’administration a pris le pouvoir sur une profession qui réclamerait tant d’humain.
Et le pire là-dedans, c’est qu’on accepte tout ça sans broncher.
Le bon citoyen ne rêve plus beaucoup. Il passe son temps à se mettre en conformité, et accessoirement à dénoncer les dangereux activistes qui ne le font pas.
Rouler à 51 km/h ou sortir ses poubelles à 19 h 04 en plein couvre-feu vous déleste de la modique somme de 135 €. Alors que la roue-arrière sans casque est l’expression normale d’une jeunesse désœuvrée !
Et depuis les dernières élections, il ne vote même plus pour le RN !
Mais au-delà du variant delta, une lueur d’espoir nous vient de la perfide Albion.
« You have no idea on what it is. It’s a request for the rights to use my song, another brick in the wall, part 2… It’s a missive from Mark Zuckerberg to me, with an offer of huge, huge … »
Ces mots ont été prononcés devant des caméras par Roger Waters, le leader des Pink Floyd.
Le boss de Facebook, philanthrope bien connu, lui a proposé des millions de dollars pour s’offrir les droits de son tube planétaire, afin de promouvoir Instagram.
Et bien savez vous ce que le rocker psychédélique lui a répondu ?
« The answer is fuck you ! »
Si on pouvait tous avoir ce courage quand l’absurdité nous oppresse.
La fortune de Roger dépasse les 300 patates, ce qui donne une aptitude à la liberté supérieure à celle du détenteur d’un livret de Caisse d’Epargne.
Certes, mais quand-même !
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