Après le joyeux bordel de l’année 2020, la France a réussi l’exploit de devenir le bon élève de la communauté internationale.
Pas au classement PISA, non, à celui de la lutte contre le COVID.
Et pourtant, les choses avaient bien mal commencé, avec une série de sketchs tous plus hilarants les uns que les autres : les masques, les tests, les hôtels et surtout, l’oignon dans le Big Mac, l’application STOPCOVID.
Celle que le monde entier nous envie.
Pas toujours très proactif, le gouvernement avait pour une fois compris une chose : pourquoi attendre une intervention télé pour se marrer un bon coup, alors qu’on peut le faire H24 avec son téléphone ?
Puis le pays en a eu marre d’être la risée du monde occidental, les boulons ont été resserrés et les amendes pour défaut d’attestation sont tombées comme à Gravelotte.
Si beaucoup sont passés à travers les mailles du filet sanitaire, de dangereux activistes ont été délesté de la modique somme de 135 €.
La police a fait son devoir en sanctionnant des salauds qui marchaient dans les bois sans masque, qui faisaient leurs courses sans attestation ou qui avaient le toupet de faire un jogging à 1200 mètres de chez eux.
Le 24 décembre, un petit malin a bien cru nous la faire à l’envers en toute impunité.
Coursier dans une multinationale finlandaise, il charge son véhicule à ras bord avant sa tournée de livraison.
Il fait quand-même -27° !
Il sort sa flasque et se met une petite rasade d’aquavit, juste pour se réchauffer.
Il tourne la clé de contact, mais rien ne se passe.
La poisse ! Un deuxième gorgeon est sensé lui donner du courage.
Visiblement, la batterie de sa camionnette est à plat, et le premier Norauto est à 1700 kilomètres.
Une troisième lampée et crac, sa décision est prise.
Il ressort le traîneau du grand-père de son garage et demande à quelques rennes qui paissaient dans le coin de lui donner un coup de main.
Moins d’une heure plus tard, le singulier équipage est en route pour Pontault-Combault, dont les habitants l’ont bombardé de commandes.
Il faut dire que les irréductibles gaulois de cette charmante bourgade résistent encore et toujours à Amazon.
Au final, les rennes galopent comme des lapins, et il se dit qu’il pourra honorer ses livraisons à l’heure.
C’est au moment précis où il franchit la frontière de La Queue-en-Brie qu’une Mégane à gyrophare lui fait une queue de poisson.
Deux individus en uniforme en sortent et s'adressent à lui :
- Police nationale, vous avez une attestation ?
- Non pourquoi ?
- Vous vous foutez de nous ?
- Non, je vous assure messieurs.
- Vous venez d'où ?
- De Laponie.
- C'est loin chef, à plus d'un kilomètre ?
- J'en sais rien moi, regarde sur Waze !
- Vous travaillez, vous avez de la famille ?
- J'amène des cadeaux à des milliers d'enfants qui m'attendent.
- Chronopost ou Amazon ?
- Noël, le père Noël.
- Et votre nom de famille ?
- Pourquoi ?
- C'est pour mettre sur l'amende.
S'il avait encore été de ce monde, l’immense Tino Rossi aurait pu chanter :
C'est la belle nuit de Noël La neige étend son manteau blanc Et les mains tendues vers le ciel, A genoux, les petits enfants, Avant de fermer leurs paupières, Font une dernière prière.
Petit Papa Noël Quand tu descendras du ciel Avec des jouets par millions N'oublie pas ton attestation
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