« Je n’ai pas envie de représenter un pays qui ne correspond pas à nos valeurs »
Le courage de Kiki surpasse presque celui d’un certain Mohamed Ali qui, en son temps, avait refusé d’aller exterminer des Vietnamiens qui ne lui avaient pas fait grand-chose.
« Aucun Viêt-Cong ne m’a jamais traité de sale nègre »
« The Greatest » l’avait payé au prix fort en étant condamné à 5 ans de prison et déchu de ses titres ; la peine sera commuée en interdiction de boxer. Un épisode qui n’est pas sans rappeler celui d’un pauvre gars séquestré dans un loft sordide pendant que ses coéquipiers se la coulaient douce au Japon. Mais de long mois de souffrance intolérable ne font pas dévier notre Nelson Mandela de son combat démocratique. Il appelle la jeune génération non seulement à aller voter, mais surtout à bien le faire.
« Les extrêmes peuvent arriver au pouvoir… ce pays a des valeurs de mixité, de tolérance et de respect. Chaque voix compte et ce n’est pas à négliger. J’espère qu’on fera un bon choix et qu’on sera encore fier de porter le maillot de l’équipe de France le 7 juillet »
Quelle force !
Quel lyrisme !
Si les Bleus brillent à l’Euro, Kiki devra faire une pré-demande en ligne ; pas de problème, on capte pas trop mal au Premier Park Hôtel & Spa de Paderborn. Par contre, pour finaliser sa procuration, il devra poireauter quelques heures au commissariat de Bondy, entre un féminicide, un cambriolage et une affaire de harcèlement au collège. Ou alors se faire un aller-retour en jet privé pour les législatives, mais ça serait contraire à ses convictions écologiques.
On ne sait pas trop de quels extrêmes nous parle le néo « merengue » ?
A ce jour, rien ne permet de qualifier le nouveau Front populaire d’extrémiste. Afin de le démontrer, une petite souris a pu s’inviter à la dernière réunion de travail de ceux qui, comme en 1936, ont su relever le défi de l’antifascisme…
- Tout d’abord, je tiens à remercier tous les camarades d’avoir rejoint les antifa.
- Oui Raphaël, nous sommes tous ici pour faire barrage à l’extrême droite.
- On va les tabasser tous ces fachos !
- Euh pose ta batte Raph, tu seras bientôt député.
- Tu crois ?
- Suce boulon ! Si ça se trouve, tu vas poser ton cul sur les bancs du Palais Bourbon avec tous ces bourges !
- Mais toi aussi Philippe !
- Ah oui c’est vrai.
- Au milieu des blancs et des sionistes…
- Tu crois pas que tu exagères Aly ?
- Racistes !
Une saynète à peine fictive entre Diaoura, soutien de l’imam Hassan Iquioussen expulsé vers le Maroc, Poutou, éternel trotskard antisystème et Arnaud, grand démocrate fiché S, tous trois candidats à la future députation.
Quand il s’agit de lutter contre le populisme, rien n’est plus beau que de faire preuve d’altruisme et de tolérance. Loin de toute mesquinerie, Alexis, Raquel et Danielle n’ont pas hésité à laisser la place aux jeunes : ici pas de nantis !
Aux autres les querelles d’épiciers et les magouilles politiciennes, à gauche, l’utopie et les grandes idées sont de retour. Retrouvons notre petite souris, sur le point de décrocher le prix Albert-Londres.
Après avoir réglé l’épineux problème des investitures, Marine Tondelier, Olivier Faure, Manuel Bompard et Fabien Roussel travaillent d’arrache-pied sur un programme qui puisse satisfaire tout le monde. Le 7 juillet au soir, un premier ministre sera nommé, on sait déjà ce qu’il fera de cet accord.
- Il faut frapper fort d’entrée !
- Pour ça, rien ne vaut une bonne vieille relance keynésienne.
- Oui camarades, rappelez-vous le New Deal.
- ????!!!!
- Et le Front populaire !
- Ah oui en 36, les Accords de Matignon.
- Les 40 h, les congés payés…
- L’augmentation de 15 % des plus bas salaires !
- Vous avez raison ! Mais soyons raisonnables, limitons-nous à 14 %, ça fera du 1600 € mensuels.
- Et abrogeons la réforme des retraites.
- Oui, revenons au départ à 60 ans.
- Heu…
- Quoi encore ?
- Les camarades cheminots ne vont pas apprécier.
- Pourquoi ?
- Avant les Jeux, Ils ont déjà signé un accord dans ce sens avec leur PDG.
- Ca ne plaira pas aux aiguilleurs dont les syndicats luttent courageusement.
- C’est pas grave, on descendra l'âge légal à 58 pour les deux.
- Mais ça va gueuler à la RATP.
- A Air France et à la ville de Paris aussi !
- C’est pas grave, on organisera un nouveau Grenelle : toutes les victimes de pénibilité au travail pourront partir à 58 ans.
C’est un instant magique où fusent les grandes idées de justice sociales et d’équité. Le temps du capitalisme sauvage semble s’être arrêté. Olivier le premier, est rattrapé par un cas de conscience.
- Ça va pas coûter un peu cher tout ça ?
Rappelons-nous qu'en 36, quelques mois après les fameux accords de Matignon, le gouvernement Blum avait fait une pause dans les réformes. Au bout d’un an, il avait démissionné devant le creusement du déficit et l’aggravation de la crise économique. Peu de temps après 68 et les accords de Grenelle, De Gaulle avait jeté l’éponge suite à son échec au référendum. Résultat, la droite conservatrice s’était trimballée comme jamais aux présidentielles anticipées. En 81, Pierre Mauroy applique stricto sensu les 110 propositions du candidat Mitterrand. 30 milliards d’euros sont injectés par an dans une relance keynésienne, avec par exemple, une hausse de 5 % des salaires. La planche à billets tournera à plein régime pendant moins de deux ans : jusque là équilibré, le déficit budgétaire passe à – 3 % du PIB. Dès 83, Tonton signe la fin la récré avec le retour de la rigueur, son fidèle lieutenant est gentiment prié de quitter le navire …
- Mais tout cela sera financé camarades.
- On traquera l’évasion fiscale.
- On taxera les profits.
- On augmentera les impôts des plus riches.
- Oui, 30 % au-delà de 2000 €.
- Mais le SMIC sera à 1600 !
- Et alors ?
- Le carburant ne sera plus un problème.
- La TVA à 5,5 ?
- Non, les voitures électriques.
- Il nous faudra plus de centrales nucléaires.
- Ah non, pas ça !
Le ton monte, ça commence à chauffer dans la salle de réunion.
- Calmons-nous, je vous rappelle que nous sommes ici pour faire barrage au fascisme !
- Bonne idée, rien ne vaut une chanson.
- Oh oui, on va se faire l’Internationale !
- Ah non !
- Pourquoi ?
- Je ne la connais pas. Essayons la Marseillaise.
- Jamais, plutôt crever !
- Ou A Bicyclette…
- Non, fumons un peu de weed !
- Mais c’est illégal…
Pas gagné cette histoire :
Quelle que soient nos opinions
On fait sa révolution
En chanson
C’est pas moi qui le dit, c’est Michel qui le chante…
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