LUIS ET MANU
- Admin
- 19 mai
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Quand l’un se tape une vielle, l’autre fait jouer des ptits jeunes à la baballe. C’est mieux que l’inverse, sauf pour l’âme charitable qui rêve de consacrer sa vie aux plus démunis. Mais surtout, le foot féminin est aujourd’hui devenu un spectacle magnifique qui serait ridicule pratiqué par des seniors, couche confiance sous le short et Louboutin aux arpions.
Petit déjà, Manu se faisait remarquer par ses excentricités. A la maternelle, il préférait jouer à la poupée ou au docteur qu’aux gendarmes et aux voleurs. Plus tard en primaire, il enchaînait les matchs mais seulement avec un maillot bleu et blanc. Certains comportements auraient dû alerter l’instituteur qui faisait semblant de surveiller la récré, en particulier quand il offrait des bonbons à l’arbitre avant le match; et qu’il lui proposait d’aller les enterrer derrière les buissons. Mais le plus grave, c’est la fois où il est venu à l’école avec une chignole. Son but n’était pas d’agresser un supporter du PSG ou un camarade de confession juive mais bien de faire un trou dans la porte des toilettes adultes pour reluquer son institutrice !
Le petit Luis vient d’un pays où la moitié des enfants porte le même prénom : Mariano, Régo, Fernandes… paix à leur âme. Alors pour marquer son territoire, il organisait des contre pressings dans les bac-à-sable quand d’autres faisaient des pâtés. En outre, au lieu de se gaver de paëlla et de churros à la cantine, il se contentait d’une tranche de Serrano et de quelques grains de raisin puis sortait dans la cour faire des pompes. Si un adulte le reprenait, il lui répondait qu’il ne comprenait rien à la vie, sinon il ne serait pas ici à surveiller des écoliers qui bâfrent.
Vivre dans une morne plaine, surtout s’il elle est picarde, pousse parfois la jeunesse à des excès que la morale réprouve. Nombre de ses camarades sombrent dans l’alcool ou l’inceste mais Manu ne fait rien comme les autres, il sera gérontophile. Après les bâches prises dans sa scolarité, il lève sa première milf au lycée : Brigitte Trogneux, sa prof de français de plus de 40 piges.
Les Asturies sont une principauté où le climat est plus rude qu’on ne pourrait le croire, avec une humidité qui n’est pas sans rappeler la Bretagne. Tandis que les autochtones se gavent de saucisses aux haricots, Luis fait du foot, des burpees, du surf et sillonne les cols de la région à vélo… pas question de faire du lard, il sera sec et buriné.
Et puis, le rythme de la vie s’accélère, comme dans le générique culte d’ Amicalement Votre : l’ENA, le Real, Rothschild, l’AS Rome, Bercy, le Barça, l’Elysée, la Roja… c’est comme si deux tapis rouges se déroulaient au gré de deux superbes success stories. Le destin de Luis et Manu est à la mesure des convictions qu’ils affichent.
Le Picard semble habité depuis longtemps. Anticonformiste parfois transgressif, ce magicien parvient à séduire une France dont l’immobilisme n’est plus à démontrer. Les yeux exorbités et la voix chevrotante, il promet un bon coup de pied dans la fourmilière à des foules envoûtées par ce singulier tribun. Ni Claude Vorilhon, alias Rael, ni Francis Lalanne dans ses concerts de six heures dans les années 80 n’ont fait mieux. Là on est pas dans la petite combine, géniocratie, médiation sexuelle, foot ou merguez party mais dans l’hypnose de masse. Un peuple majoritairement conservateur suit un trublion dans sa fièvre révolutionnaire. Au delà des clivages classiques et loin de ses prédécesseurs frileux, notre nouveau champion réformera la retraite, l’État, la fiscalité et l’assurance maladie sans trop taper dans la caisse.
Notre Espagnol est une tête de pioche comme on en voit guère. Prognathe, taillé à la serpe, on sent bien le lascar pas facile à bouger quand il a une idée derrière la tête. Champion Olympique en 92, ce joueur de caractère, véritable icône en Catalogne, brillait par sa polyvalence. Buteur, passeur ou récupérateur, il était capable d’évoluer à quasiment tous les postes. Devenu entraîneur, la légende veut qu’à ce jour, il soit le seul à avoir osé mettre le dieu Messi sur le banc de touche. Par la suite, aux commandes de la sélection, il quitte son poste plusieurs mois pour veiller sur sa fille gravement malade. Avec une demi-finale en CL et trois titres nationaux, sa première année au PSG est convaincante. Il fait le ménage, ses choix sont surprenants. Il garde le cap contre vents et marées, son mutisme passe pour de l’arrogance. Il clame que son équipe est parfaite et sera meilleure sans Kiki, tout le monde lui prédit un crash…
Manu ayant vendu du rêve
De Paris jusqu’à Kiev,
Se trouva fort dépourvu
Quand l’élection fut venue.
Pas un ami, pas une voix,
Le peuple fera son choix.
Il alluma sa télé
Mater Luis Enrique.
Ce vrai fan de l’OM
Trahissait ceux qu’il aime.
Enfourchant son hélicoptère
Il visita le fier ibère.
« Pas un Français cher Luis
Ne te voit sans qu’il jouisse,
Ton équipe à Munich,
Du papier à musique.
Saurais-tu m’éclairer ?
Personne ne peut me blairer »
Luis n’est pas rêveur ;
C’est là son moindre défaut.
« Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-il à ce branleur
- Nuit et jour à tout venant
Je chantait ne vous déplaise.
- Vous chantiez ? J’en suis fort aise.
Eh bien ! dansez maintenant. » (1)
Une petite morale ?
Dans le foot comme ailleurs, les girouettes se plantent. Le vent tourne, le capitaine garde le cap.
(1) Jean de la FONTAINE
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