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LE ROI EST MORT, VIVE LE ROI


Rodgeur est le roi du gazon.

The king of the grass.

Il a soulevé huit fois le Wimbledon Trophy, le plus prestigieux du monde.


Avec un jeu totalement inapproprié à la pelouse londonienne, Ice Borg avait réussi l’exploit de le faire cinq fois à la fin des années 70. Deux décennies plus tard, Sampras va donner des sueurs froides aux grabataires du All England Lawn and Croquet Club avec sept victoires.

Ces vénérables membres vont moyennement apprécier la fulgurance de Pistol Pete qui ne blaguait pas sur le court : service, coup-droit et volée, ses adversaires avaient bien du mal à effleurer ses missiles.

Plutôt que d’avaler leur dentier, ils vont modifier les conditions de jeu. Changement de gazon, tonte plus courte, balles plus lourdes, le jeu se ralentit et rebondit plus qu’avant.

Le service-volée n’est plus l’arme absolue.

Ça n’empêchera pas Roger d’en enquiller huit, mais le privera certainement d’une décima qui lui tendait les bras.

Nadal en 2008 et Djoko en 2019 ne s’en plaindront pas, après deux finales où le Suisse aurait dû l’emporter !

A ce jour, il serait un GOAT indiscutable, avec 22 unités au compteur, et pourrait attendre ces deux usurpateurs, tranquillement installé sur son trône, en dégustant une fondue dans le Valais.

Ce sont deux joueurs incroyables, historiques, mais il n’y a que Jordan au basket, Federer au tennis et Maurice Piveteau aux fléchettes !

Au-delà du palmarès, on est dans le sublime, à la limite du sport et de l’art, là-où les contraintes physiques s’affranchissent.

C’est comme ça


Borg et Sampras ont été mes idoles.

Et puis Roger est arrivé avec son catogan et son jeu tellement pur.

A la limite du divin.

Pire que ça, on le croyait perdu pour la petite balle jaune en 2016, et il est revenu encore plus fort, avec un Wimbledon, deux opens d’Australie et un niveau de jeu surréaliste.

Rebelotte en 2021, après 17 mois sans tournoi.

Bjorn, Borg pas Côtes-de-Fer, avait lamentablement raté son come-back, avec une défaite cuisante contre Riton à Monte Carlo !


Mais on pouvait rêver d’un nouveau miracle du Suisse.

Après un Rolland aussi prometteur que controversé, le premier coup de semonce a eu lieu à Halle. Une défaite au deuxième tour contre l’élégant Felix Auger-Aliassime, qui ce jour-là servira le plomb.

Après dix victoires en Allemagne, on pouvait se douter que la Rolex était grippée.

La deuxième alerte est venue à Londres, quand Mannarino a malmené Sa Majesté au premier tour, avant de se blesser et d’abandonner. Il faut dire que dans leurs rendez-vous précédents, le gaucher français s’était largement fait botter le cul.

Sans totalement rassurer, ses deux sorties suivantes permettent d’entretenir l’illusion, d’autant qu’Hurkacz n’est pas le plus glamour des quart-de-finalistes.

Un premier totalement vendangé au tie-break, un deuxième perdu, le troisième set sera historique, cataclysmique, neurasthénique et surtout cauchemardesque.

Et pas seulement parce que ça faisait beaucoup de -ique.

Déjà, il n’a pas dû en prendre des masses dans sa carrière, et encore moins ici, dans son jardin.

Mais surtout, on a un petit goût amer dans la bouche, en se disant qu’on ne le reverra pas de sitôt tout de blanc vêtu, faire sa révérence au Duc et à la Duchesse de Kent.

Avec le sentiment qu’il l’a plutôt tirée.

Sa révérence…


Sacré Roger !

Tu as souvent tutoyé le divin, comme très peu d’hommes l’ont fait.

Presque christique, après ta résurrection de 2017.

Une bulle sur le central court !

Pas toi Roger !

Tu aurais peut-être mieux fait de rester dans le Valais, boire une bonne bouteille de Petite Arvine avec tes potes.











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