top of page

LE MENEUR


De nos jours, chacun sait que le moindre diplôme se monnaye, du code au permis bateau. Dans le sport c’est encore moins cher, il suffit d’ouvrir la lourde de n’importe quel troquet… on peut même le faire de chez soi, c’est la magie des réseaux sociaux.

 

Les coachs, qu’ils soient de comptoir ou de canapé, sont sensibles au fond de jeu.  Et surtout, ces grands spécialistes ont identifié celui ou celle qui tire les rênes : le fameux organisateur, dépositaire du projet collectif, souvent relais de l’entraîneur sur le terrain. C’est le 10 au foot ou le meneur au basket, Platini, Zidane ou Parker. Au hand c’est le demi-centre, celui qui annonce les systèmes. C’est un malin qui voit bien le jeu et qui le distribue pour mettre ses partenaires en position favorable.


En 1990, la France sort du marasme et se qualifie pour le Mondial pour la première fois depuis 1970 !

A sa tête, Daniel Costantini a installé Gilles Derot au cœur du jeu, un jeune Marseillais doté de toutes les qualités que requiert ce poste. A quelques semaines du rendez-vous qualificatif pour les JO de 92, c’est la catastrophe : le demi-centre se blesse avant d’affronter la Hongrie en match de préparation. Contraint par ce coup du sort, le coach décide d’aligner une équipe inédite sans meneur de jeu de métier, avec trois arrières tireurs sur la même base, Lathoud, Volle et Debureau. Résultat, une victoire contre une Nation majeure qui nous bottait le cul depuis un moment. Quelques jours plus tard rebelote, les Tricolores s’adjugent la revanche. Le pauvre Derot en fera les frais, il regardera ses potes à la télé…

 

On connait la suite, 92, 95 et la douche dorée qui s’ensuit. Une mini révolution est en marche, une équipe peut aligner les titres sans véritable meneur, au sens où on l’entendait jadis. En 2024, devant l’indigence offensive des Bleus, le peuple réclame le scalp de Nedim Remili, pourtant MVP de l’Euro il y a quelques mois… et exige le retour de Kentin Mahé, demi-centre plus conventionnel, visiblement capable de prendre le jeu à son compte.

 

Si Aldo est le Copernic du hand français, le Yougoslave Sead Hasanefendic a beaucoup apporté à ce sport à la fin des années 80. Il avait l’habitude de dire que « le hand est un jeu d’échecs, l’arrière gauche en est le roi. » Volle, Lathoud, Fernandez, Karabatic et Narcisse, la lignée est des plus prestigieuses.

On ne va pas se mentir, Nikola est en bout de piste et N’Guessan n’a jamais réellement convaincu. Ceux qui peu ou prou ont posé leurs fesses sur un banc de touche savent bien que gagner un match sans arrières performants tient du bricolage. Com d’hab, Dika Mem répond présent, que ça soit au duel ou de loin, ses potes sont plus poussifs. On peut broder tous les scénarios, Guillaume Gille a amputé son équipe du danger nécessaire qu'est le roi de ce jeu. Tous les regards se tournent évidemment vers le si talentueux arrière gauche de Nantes, Aymeric Minne, souvent courtisé mais jamais invité au bal.

 

Dernière chose, on peut faire ce qu’on veut, Bolzinger, Desbonnet ou Gérard ne feront jamais oublier la légende Omeyer, facteur X de tant de victoires. De l’importance du gardien de but dans la perf d’une équipe, on se dit que Claude a eu bien de la chance. Titi apportait une sérénité extrême, à l’équipe et au staff, coupant court à tout débat : c’est lui qui jouait, il suffisait de sélectionner un binôme qui ne lui cassait pas trop les pieds.  

 

Guillaume Gille est à la croisée des chemins.

Lui qui n’avait jamais entraîné la moindre équipe avant les Bleus a prolongé son contrat, mais une déconvenue aux JO serait difficile à encaisser. Il se doit de faire un choix important.

Celui de l’orthodoxie lui imposerait de faire comme le mythique Onesta en s’appuyant sur la famille, en particulier les frangins Karabatic bien loin du top-niveau mondial… mais dont l’ainé a tellement donné.

Celui de l’audace serait d’envoyer Luka et Nikola en tribunes et d’appeler deux de ses réservistes, Tournat et Minne ; sortir un gaucher ou Karl Konan, pour faire une place à Mahé.

Philippe Bana ayant commis la lourde erreur de ne pas me confier le poste, ça doit crépiter sec dans la carafe du Drômois et de son adjoint.

 

Sinon, il parait qu’un certain Antoine Dupont était dans l’équipe UNSS de hand du Collège Gaston Fébus. En 2010, il a marqué 15 buts et fait 8 interceptions en demi-finale du championnat d’académie…     

 

 

Comentarios


You Might Also Like:
bottom of page