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LE HANDBOL



Que celui qui n’y est jamais allé de sa petite vanne misogyne me jette la première pierre. Après-tout, mieux vaut quitter ce monde magnifique lapidé que rongé par la démence sénile.

Certains plaisantins ont inventé une déclinaison genrée du handball, moins rapide, plus marrante et avec des règles adaptées comme le marcher à 6 pas ou le dribble à deux mains : le handbol. Il est surprenant de noter combien ces humoristes font rarement rire les femmes ; à l’image de Michel Leeb, assez peu en vogue dans la communauté noire.


Ayant quelques amies handballeuses, je me suis toujours bien gardé de succomber à ces tentations phallocrates. J’ai vibré aux exploits de Nadia Comӑneci et Marie-jo Perec. J’étais un fan inconditionnel de Martina Navratilova, prêt à fracasser la télé quand Chris Evert osait lui voler un titre. Mais je dois bien avouer que ces dernières années, les occazes de m’enflammer devant nos sportives ont été assez rares. Pire, j’ai plus souvent sombré dans le péché de matchs de foot insipides qu’aux exploits de Wendie Renard et de Marie-Antoinette Katoto. Laure Manaudou, Amélie Mauresmo ou Caro Garcia n’ont été que des parenthèses, des îlots dans un océan masculin.


En sport-co féminin, il faut bien dire qu’il y a le handball… et les autres.

Au-delà du palmarès, les tricolores d’Olivier Krumbholz nous avaient déjà offert deux matchs de légende.


En 1999, les filles d’Olivier Krumbholz s’offrent un première finale de championnat du Monde. Sur France 2, la combativité de Véronique Pecqueux-Rolland, l’abnégation d’Isabelle Wendling et la classe de Valérie Nicolas font de l’ombre au JT et à Sa Majesté Michel Drucker. Jusqu’à 14 millions de téléspectateurs assistent à la victoire de la Norvège d’un but, après deux prolongations irrespirables.


A Zagreb en 2003, les Bleues se hissent à nouveau en finale mondiale après une défaite contre la Corée du Sud et des prolongations en demies contre l’Ukraine. A 7 minutes de la fin, 25-18 pour les Hongroises, la messe est dite. Mais c’est sans compter le théorème de Krumbholz, « une minute-un but » : 6 minutes 30 plus tard, Véronique Pecqueux-Rolland se fait couper en deux par la divine Anita Görbicz. Carton rouge… et jet de 7m à 27-28, ça s’appelle un penalty décisif. Pas toujours facile, demandez-donc à Bossis, Trezeguet ou M’Bappé ce qu’ils en pensent !

Leïla Lejeune ne tremble pas et trompe Palinger, 26 arrêts dans ce match ! En prolongations, les Tricolores infligent un 4-1 à ses adversaires pour aller chercher la 1ère médaille d’or de son histoire.


Dans le sport, l’émotion prime sur le résultat. Le France-Allemagne de 82 est sans doute la référence ultime, le GOAT des matchs de foot. Alors si la victoire est en plus au bout du chemin…


Pas d’absolution sans confession !

Je dois avouer que les années qui passent ont fini par me détourner du handball. Trop de victoires, une concurrence en berne, une uniformité tactique soporifique, beaucoup de choses peuvent l’expliquer : ça peut paraitre étonnant pour quelqu’un qui prenait régulièrement 15 pions contre les Russes ou les Allemands.

Toujours les mêmes têtes, Bana, Moustafa,…

Toujours les mêmes équipes…

Toujours les mêmes discours policés sur l’équipe et la transmission, par des mecs qui peinent parfois à dissimuler leur ego…

Des analyses décalées tant certains résultats tiennent à la chance ou à un arrêt de gardien…

A tel point que lors des derniers JO, j’ai préféré regarder la finale de volley !


Alors pourquoi regarder ce 49e France/Norvège en ce morne début de soirée de décembre ?

Peut-être par hasard, ou juste pour voir si les Bleues allaient se montrer capables de rééditer leur match de groupe parfait contre ces mêmes adversaires.

Un début poussif, un public totalement viking, Laura Glauser moins décisive que prévu, les scandinaves dominent les premières minutes.

Ce que proposent les filles qui entrent, les choix faits par Sébastien Gardillou et Olivier Krumbholz, tout est remarquable, en attaque comme en défense.

Des ballons volés, des pièges tendus, des passes géniales, des tirs audacieux, de la solidité, les Française réussissent l’exploit de maintenir une intensité et un niveau de jeu très élevés durant tout le match.

Leçon tactique, choix payants, toutes les filles sont performantes.

Un régal !

26-25 à la 50e minute, au moment où les doubles championnes olympiques remettent un pied dans la finale, Pauletta Foppa 23 ans et Léna Grandveau 20 ans prennent les choses en main. La première a ce don incroyable, celui d’aimanter n’importe quel ballon à une main, en attaque comme en défense. Cette jeune femme est une machine infernale à interdire toute passe à la pivot adverse. La seconde a donné un récital de duels, tirs, passes et replis défensifs, soliste surdouée au sein d’un orchestre symphonique.


Malgré cette master class et contrairement à d’autres, Olivier Krumbholz ne s’est jamais pignolé sur son coaching. Il est tellement éloigné de l’entraîneur qu’il était au siècle dernier qu’on a du mal à s’imaginer que c’est le même homme. Il a su travailler, évoluer, se remettre en cause et chose rare, réussir après un come-back.

Se remarier après un divorce finit souvent assez mal, sauf pour ce Lorrain amateur de bon vin. Ceux et celles qui le critiquaient, et dont certains sont à l’origine de ses trois années sabbatiques de 2013 à 2016, sont les mêmes qui aujourd’hui lui tressent des louanges : comme quoi on peut lécher les bottes de quelqu’un après lui avoir savonné la planche !


Vive le hand féminin !

C’est juré, je regarderai les Françaises en finale olympique. Je déboucherai un Saint-Emilion 89 et trinquerai à la santé d’Olivier. S’il le veut, je peux l’attendre quelques minutes après le match et l’inviter pour son pot de retraite…

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