Au milieu du XIXe après la révolution industrielle, les rats des villes ont vu débouler leurs cousins des champs. Des hordes de péquenauds sont venus fouler nos pavés de leurs sabots crottés. L’exode a inexorablement conduit la population urbaine à dépasser la rurale dès 1930.
Aujourd’hui, selon le mode de calcul, environ 3/4 des Français sont citadins. Malgré le Covid et les quelques bobos qui se lancent dans l’apiculture, la démographie des cambrousses reste aussi dense que celle des chérubins dans un hameau de la Creuse…
Autant dire que pour décrocher la timbale élyséenne, mieux vaut cirer des millions de paires de Nike que flagorner quelques bouseux endimanchés.
En 1962, le petit Jean-Luc débarque du Maroc à 11 ans avec sa mère Jeanine, à Elbeuf en Seine-Maritime puis un peu plus loin dans la France profonde à Yvetot. Climat froid et pluvieux, divorce de ses parents, le jeune Mélenchon vit assez mal ce traumatisme :
« Je ne supporte plus de vivre autrement que dans un endroit où les gens sont mélangés », il affirme qu'il « ne peut pas survivre quand il n'y a que des blonds aux yeux bleus ».
Dans le même entretien à la radio, il montre toute sa tendresse envers les habitants du « coin perdu » qu'est le pays de Caux. « Les gens n'avaient jamais vu personne, hélas pour eux les malheureux souffraient d'un alcoolisme épouvantable. (…) Donc nous étions consternés. Et personne ne parlait aucune espèce de langue étrangère, la France des campagnes était extraordinairement arriérée par rapport au Maroc des villes. Casablanca était une ville plus moderne que Clermont-Ferrand. »
Notre insoumis a toujours préféré humer l’air des faubourgs que celui des basse-cours : c’est dans ce melting-pot populaire que se fomentent les révolutions… les vraies, pas de ces jacqueries qui mènent souvent nulle part.
La France des Trente Glorieuses a besoin de main-d’œuvre : après l’Europe, l’industrie se tourne vers l’Afrique pour carburer à plein régime. Deux chocs pétroliers plus tard, quelques activistes crient leur amour des immigrés sur les bancs de la Fac d’Assas. C’était l’époque bénie des premières ratonnades, celle où l’on pouvait manier la batte sans risquer un coup de couteau ou une rafale de Kalash…
Le chômage croît, la présence de l’État recule dans certains quartiers où il fait de moins en moins bon vivre. Les petits fachos ont le vent en poupe, les trublions de jadis soufflent sur les braises d’un feu qui couve. Affubler les étrangers de tous nos maux est une stratégie démago mais payante : à la surprise générale, un célèbre borgne accède au 2e tour des présidentielles de 2002. Sans une aide providentielle, Lionel Jospin aurait immanquablement été le 6e président de la 5e République. En siphonnant plus de 2 millions de voix au 1er tour, Taubira et Chevènement ont envoyé Yoyo à la retraite… et Chirac à l’Elysée pour un deuxième mandat soporifique !
L’Occident vacille depuis que quelques illuminés ont joué aux quilles avec les Tours Jumelles. L’Europe vieillit, elle qu’on appelait déjà le « Vieux Continent ». Chacun veut sa part du gâteau, le Sud Global se réveille : les métèques d’hier deviennent les boss d’aujourd’hui. Quelques nostalgiques du maréchal peuvent toujours se laisser aller à un petit salut nazi en fin de banquet… le Front peut se faire Rassemblement… un Le Pen peut en cacher une autre… l’Islam, le rap et la came peuvent prendre le pouvoir dans les quartiers populaires… Marine et Jordan n’ont toujours pas gravi les marches du Palais.
On verra ça en 2027 !
Ça fait deux fois qu’un immigré Marocain rate d’assez peu la grande finale, surtout la dernière où il lui manquait 400 000 voix, une broutille. Mais contrairement à son ex camarade Jospin, Méluche est du genre à s’accrocher à son rêve. Des « arriérés » habitent les secteurs où prospère le RN, vouloir les reconquérir est une cause perdue. Ce samedi 7 septembre, en marge d'une manifestation, il lâche :
« Il faut mobiliser la jeunesse et les quartiers. Tout le reste, laissez tomber, on perd notre temps. »
Son ex camarade - encore un – François Ruffin relate dans son dernier livre :
« Quand [Mélenchon] me racontait Hénin, c’était à la limite du dégoût… On ne comprenait rien à ce qu’ils disaient…Ils transpiraient l’alcool dès le matin…Ils sentaient mauvais…Presque tous obèses… ».
Véridique ? Dans Le Monde, François Ruffin, encore lui, dénonce les propos tenus par JLM après l'entrée de 89 députés RN à l'Assemblée : « De toute façon, ces terres-là n'ont jamais accepté la démocratie et la République », désignant pourtant « le Pas-de-Calais, la Picardie, le Midi rouge, qui pendant un siècle ont envoyé des députés communistes et socialistes dans l'hémicycle ». Le tribun aurait ajouté, dépité : « Pour dénazifier l'Allemagne, ça a pris un demi-siècle, alors bon… »
Pour enfin gagner en 2027, il n’y a plus de temps à perdre… en particulier en allant chercher dans les milieux ruraux ou déclassés. Notre Chavez veut triompher avec la « nouvelle France », celle « dont les parents émigrés des autres continents et des autres provinces de France se sont rassemblés dans ces grands ensembles urbains que l’on voit partout sur notre territoire… où on vote pour nous à 80% au premier tour, mais où 30% seulement vont voter. Si nous montons à un niveau égal à celui de la participation du reste de la société, nous avons gagné ».
La stratégie est éculée. En son temps, Mao avait sorti la révolution culturelle de son petit livre rouge. Vieillissant, le Grand Timonier avait misé sur la jeunesse pour redorer son blason. Jadis laïcard forcené, Méluche est aujourd’hui le seul à s’adresser aux jeunes des quartiers, trop heureux qu’on prenne enfin en compte leur « détresse sociale » et qu’on leur promette des tas de choses. Mais on peut douter de la sincérité du vieux briscard, certains se sont fait instrumentaliser pour moins que ça !
Les ruraux et les péri-urbains sont victimes de tous ces « bougnoules » qui profitent du système. Les « indigènes de la République » sont des laissés pour compte victimes de Français blancs, racistes et arriérés.
Les femmes, les LGBTQ +, les musulmans et les ortolans sont honteusement discriminés… bonne chance à toi Michel pour nous sortir un gouvernement de ton chapeau…
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