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LE CREPUSCULE DES VIEUX



Malgré son talent, Luchino Visconti n’a jamais été champion olympique de handball. Son film - Ludwig : Le Crépuscule des dieux - relate le règne de Louis II de Bavière, de 18 à 40 ans.

40 ans… règne… fin… ça ne vous rappelle pas un certain Karabatic ?

On espère juste que le grand Nikola ne finira pas le sien comme l’illustre Bavarois : à taquiner le goujon au fond d’un lac.


Beaucoup se paluchent sur kiki ou Tony Parker, mais côté palmarès, ces deux icônes ne lui arrivent pas aux mollets. Puissant, dominant dans tous les compartiments du jeu, mentalement impressionnant, il est avec Thierry Omeyer ce qui se fait de mieux au XXIe siècle.

22 ans de carrière, 21 titres de champion en club, 3 ligues des champions, 10 médailles d’or dont 3 olympiques ! Son seul regret restera certainement de ne jamais avoir gagné le tournoi de Lesneven, dans le Finistère…

Au PSG depuis 2015, il n’a jamais gagné autant d’argent, marqué aussi peu de buts ni tant fréquenté le banc de touche ou l’infirmerie. Certaines mauvaises langues parlent d’une pré-retraite dorée dans le club de la Capitale. D’autres se demandent pourquoi Guillaume Gille le sélectionne encore, laissant par exemple Thibaud Briet ou Aymeric Minne se morfondre dans les prisons de Nantes.

Oui mais voilà, le nom de Karabatic est depuis très longtemps associé au bilan XXL de l’équipe de France, avec un rôle souvent majeur dans les moments clés des grandes compétitions. Malgré des prestations plus poussives lors de certains matchs récents, le natif de Nĭs est toujours là et semble inoxydable après plus de deux décennies en bleu. Mieux, il vient de rendre deux copies impeccables dans cet Euro 2024, contre la Croatie puis l’Islande.


Ce dilemme est vieux comme le monde.

C’est celui du match ou de la compèt de trop pour un joueur de légende.

Côté sélection, Jackson Richardson sait de quoi il parle : entre 1990 et 2005, il a enfilé 417 fois la tunique bleue, record absolu ! Double champion du Monde en 1995 et 2001, il est le symbole de la fulgurante ascension du sept tricolore de Daniel Costantini. Arrivé aux manettes, Claude Onesta doit composer avec l’éclosion d’une nouvelle génération pendant que l’idole flambe en club du côté de Pampelune. Le bronze en 2003, les quarts aux JO d’Athènes, le technicien toulousain sauve sa tête en arrachant un nouveau bronze en 2005 du côté de la Tunisie : un tournoi chaotique clôturé par un match terriblement dur, que le Réunionnais blessé, vit dans les tribunes…

Pas de 418e cape, la fin de cette longue histoire d’amour n’est pas forcément celle dont on rêvait !


Jackson à la retraite, c’est comme si Onesta s’affranchissait enfin d’un lourd passé, celui de son illustre prédécesseur. Un premier Euro, des premiers JO, Daniel et Jackson ont transmis le témoin à Claude et Nikola.


Les basketteurs tricolores ne règnent pas en maître sur la planète.

Après le bronze à l’Euro en 59, pas une breloque à se mettre autour du cou avant l’argent des JO 2000 ! Avec Vincent Collet comme coach, Tony Parker est celui qui a allumé la lumière. Premier Français à s’imposer en NBA, il a mené les Bleus au titre européen en 2013, ajoutant deux médailles en 2005 et 2015, ainsi qu’une mondiale en 2014.

On connaît tous le poids de ce joueur sur et en dehors du terrain, ses nerfs, sa combativité et l’exemple qu’il a très souvent donné à ses coéquipiers. Il aurait été difficile, voire suicidaire, pour Vincent Collet de ne pas en faire son leader incontestable. Où même de l’envoyer se reposer un peu plus souvent sur le banc de touche. En demi-finale de l’Euro 2015 en France devant 25 000 spectateurs, l’idole ne peut empêcher Pau Gazol de marcher sur les tricolores et de leur confisquer la finale. La troisième place du lendemain n’efface pas des stats moyennes, celle d’un joueur moins dominant que par le passé.

Son dernier match international sera le quart des JO 2016, toujours contre nos meilleurs amis espagnols. TP sombre, joue plus qu’il n’aurait du le faire, son équipe en prend 25 dans les chicots !

Le match de trop ?


Sur le ring, c’est un truc qui peut se payer au prix fort.

Demander donc à Mohamed Ali si son 61e combat à 40 ans en 1981 contre Trevor Berbick a été bénéfique pour sa santé cérébrale. Un an plus tôt, The Greatest s’était déjà fait sévèrement corriger par Larry Holmes, son ancien sparring.

Dans d’autres sports, on peut faire perdre son équipe, être ridicule, retarder l’éclosion d’un jeune talent ou embarquer son coach dans une impasse ; mais dans la boxe, les matchs de trop sont souvent dramatiques. Un divorce, une faillite, quelques démêles avec le fisc ou la justice, les exemples de come-back pathétiques sont légions.


Ce que Nikola Karabatic a apporté à l’histoire des Bleus est colossal.

Lors de ses deux dernières compétitions, souvent convalescent, il est parfois rentré dans le rang. Rien de grave à ce jour, ses deux dernières productions de l’Euro sont même convaincantes. Autant le nommer MVP du match contre l’Allemagne était une blague dont l’EHF a le secret, autant on a retrouvé ensuite un joueur capable d’apporter dans tous les domaines du jeu : un but, une passe, un contre, une interception, un plongeon de malade pour sauver une touche…

Nikola est moins ronchon qu’il n’a pu l’être avec les arbitres. En cette semaine de janvier 2024, il émane de lui plus de fraîcheur et enthousiasme que par un passé récent. On attend de voir ce que ça va donner en demi-finale contre les ténors, s’il est en mesure de peser sur le match.


On verra à la fin du bal ce qu’on donne aux musiciens.

L’objectif de Guillaume Gilles est le titre à Paris, celui de son joueur est d’entrer dans l’histoire en étant le premier à 4 titres olympiques. Il faudra déjà voir si l’occasion se présente et ensuite s’ils sont aptes à la saisir. D’ici-là, les superlatifs ou les analyses de comptoir sont inutiles.


Match de trop ou dernier tour de piste ?

Réponse le 11 août 2024 !

Si tout va bien on chantera la Marseillaise à tue-tête sur les Champs.

Sinon on troquera le maillot tricolore pour un bon vieux gilet jaune. On se retrouvera… sur un rond-point autour d’une merguez et d’une bouteille de chouchen. Francis Lalanne sortira sa guimbarde et on entonnera tous la chanson de Tri Yann:


Dans les prisons de Nantes

L’ann didou didou d’ann

Didou di l’ann di

L’ann didou didou d’ann


Dans les prisons de Nantes

Y avait un prisonnier

Y avait un prisonnier

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