Une once de SF ne peut pas faire de mal, dans ces mornes chroniques comme ailleurs. Mais ne vous réjouissez pas trop bande de vicelards, on parle bien de science-fiction ; pas de sado-fétichisme !
On s’est tous demandé un jour ce qu’on pourrait bien pu faire avec 15 millions. Pour cela, il suffit que Bernard Arnaud épouse votre mère, ou que le PSG reconnaisse enfin votre talent balle au pied. Sinon, il y a le Loto ou l’héritage d’une vieille tante inconnue qui a fait fortune en Australie : c’est bien connu, les vieilles tantes font rarement des enfants. Changer de voiture et de femme, s’offrir une belle toquante ou un jacuzzi dans la cuisine, chacun a sa petite idée pour dilapider un tel pactole.
Remonter le temps est également un fantasme vieux comme le monde.
Le livre référence est La Machine à explorer le temps, de l’immense H.G. Wells, célèbre aussi pour La Guerre des mondes. Côté cinoche, le sujet est récurant ; Retour vers le futur a marqué une génération. Si on veut se marrer un bon coup, il y a toujours Jacquouille dans Les visiteurs.
Dans la vraie vie, choisir la destination d’un voyage temporel n’est pas évident.
Le futur ?
Bien trop incertain ! Vous mettez le curseur sur 3076 en espérant être téléporté sur une planète dépolluée, avec une nature luxuriante, des cascades d’eau pure, des tigres qui viennent vous faire des léchouilles, des villes fabuleuses et une humanité paisible. Résultat, vous débarquez en plein épisode de The Walking Dead, dans un monde froid et post apocalyptique.
La cata ! Rien à béqueter à part des conserves périmées, des rats et des chardons. Côté cul, c’est encore pire, les chèvres ont disparu.
Malgré les retraites et l’inflation, on est quand même mieux en 2023.
Le passé ?
Là au moins, on est sûr de ce qu’on va trouver : le problème est de faire un choix.
Si on aime le sport, on peut aller faire un tour au Stade Aztèque de Mexico en octobre 1968 applaudir Bob Beamon qui s’envole à 8m90 ; soit 55 cm de mieux que l’ancien record du monde. Une fois dans la place, pourquoi ne pas s’installer dans la capitale mexicaine pendant deux ans et revenir en juin 70 dans cette fameuse enceinte : le Brésil de Pelé enquille une 3e étoile en 4 Coupes du monde ; surtout si on aime les fajitas et la Corona.
Ou alors, il y a le mois d’octobre 1974. Déchu de ses ceintures après avoir refusé de prendre les armes au Vietnam, Ali défie Foreman, le plus grand puncheur jamais vu chez les lourds. Contre toute attente, 100 000 personnes au stade du 20 mai voient Big George perdre son titre par KO à la 8e reprise. The Greatest redevient champion du monde 10 ans après son 1er titre.
The Rumble in the Jungle : existe-t-il plus grande émotion que se trouver au milieu de ces dizaines de milliers d’âmes qui hurlent « Ali bomaye ! » ?
Le féru d’art peut opter pour 1516 dans l’atelier d’un certain Léonard de Vinci dessinant un portrait qui restera célèbre. Ou alors, 1791 devant le piano de Mozart qui compose La flûte enchantée. Le couronnement de Charlemagne, les dinosaures, la Révolution française… les occasions d’assister à un grand évènement historique sont légion. Pour certains nostalgiques à la mémoire aussi courte que leurs cheveux rasés, 1939 peut donner l’occasion idéale d’un voyage en Allemagne ou en Italie.
Perso, je n’aurais rien contre une escapade le 9 novembre 1989 du côté de la porte de Brandebourg ; ou aller écouter Jimi Hendrix et Joe Cocker un soir d’août 1969 à Woodstock. L’occasion rêvée pour goûter à une vraie liesse populaire, de boire des coups et de faire quelques rencontres amicales.
Une fois répondu à la question du où, il faut se poser celle du comment.
Et là, fini le délire, le côté cartésien des occidentaux que nous sommes reprend vite le dessus. Les paradis artificiels sont une option, mais il suffit d’aller se balader place Stalingrad pour se persuader que le crack n’est pas bon pour la santé. Et à presque 50 balles le gramme, l’héroïne reste un peu chère pour un larf aussi vide que la cervelle d’une influenceuse. Quant au cyclotron quantique à double carburateur, aux dernières nouvelles, il n’a pas encore été inventé.
Cher lecteur, c’est le moment de basculer dans la SF low-cost, comme dans Pif Gadget ou le Manuel des Castors Juniors. Le cadeau Bonux, dédicace pour les quinquas miraculeusement épargnés par le désordre cellulaire qui nous guette.
Il suffit de vous procurer un téléphone sans clapet et de télécharger une application type Waze ou Maps. Rendez-vous dans une banlieue quelconque, parisienne ou autre. Attendez donc une heure de pointe un jour de semaine et programmez une destination, par exemple à 23 km du lieu où vous vous trouvez. Si tout va bien, le GPS devrait vous annoncer un trajet de 1h23. Je ne sais pas comment il fait, mais le bougre ne se trompe jamais.
Cet appareil est infaillible, vous êtes sûr de passer les 83 prochaines minutes le cul dans votre bagnole.
Mais la dinguerie, c’est de remplacer votre caisse par un deux-roues. Vous partez tranquille, pas forcément comme un barje pour que la magie opère : vous roulez plus vite que les voitures.
Abracadabra, l’heure théorique d’arrivée avance !
D’une minute, de deux, de trois …
Plus les kilomètres défilent, plus elle avance.
Vous deviez arriver à 17h43 ?
Il est 17h16 quand vous poussez la porte de cet établissement qui bientôt vous invitera à étancher votre soif.
Vous avez gagné 27 minutes ! Alors que si vous fumez, vous en perdez 15 à chaque cigarette.
Une machine ultrasophistiquée n’est pas nécessaire pour remonter le temps. Un téléphone et une bécane suffisent ; et pas forcément un iPhone 17 ni une Kawa ZXR de 185 bourrins.
Nul besoin d’arpenter l’espace en fusée du côté d’Alpha du Centaure, la Science-Fiction est parfois au coin de la rue : l’A86, l’A15 et l’A115 pour terminer, vous devriez bientôt arriver au Plessis-Bouchard ...
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