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LA LOI DU PLUS FORT






- Moi j’vous dis, une bonne guerre, y a que ça de vrai !

- Vous avez raison Monsieur Pichard, ça nous remettrait dans le droit chemin.


Ah le bon sens populaire de nos commerçants !

Ce n’est pas chez Amazon qu’on prendrait une telle leçon de vie.


- Et pour vous ma ptite dame ?

- Mettez-moi donc une livre de chair à saucisse s’il vous plait.


Et celui de nos cafetiers, injustement frappés par la crise sanitaire :


- Samuel PATY fut tué… Parce qu’il incarnait la République qui renaît chaque jour dans les salles de classes, la liberté qui se transmet et se perpétue à l’école.

- Tiens, tu nous mets un ptit jaune ?

- Samuel PATY fut tué… Parce qu’il incarnait la République qui renaît chaque jour dans les salles de classes, la liberté qui se transmet et se perpétue à l’école.

- Avec des cacahouètes s’il te plait.

- Samuel PATY est devenu vendredi le visage de la République, de notre volonté de briser les terroristes, de réduire les islamistes, de vivre comme une communauté de citoyens libres dans notre pays, le visage de notre détermination à comprendre, à apprendre, à continuer d’enseigner, à être libres, car nous continuerons, professeur.

- Tu remets la culotte au môme ?

- Nous continuerons, oui, ce combat pour la liberté et pour la raison dont vous êtes désormais le visage parce que nous vous le devons, parce que nous nous le devons, parce qu’en France, professeur, les Lumières ne s’éteignent jamais. Vive la République. Vive la France.

- Bien parlé Manu !

- C’est la tournée du patron.

- Franchement tu parles bien, tu devrais faire de la politique.


Jean-Mich est chauve depuis l’âge de 19 ans, ce qui ne l’empêche pas d’avoir été brillant à l’école : quand certains galèrent pour décrocher leur brevet des collèges, lui s’est offert un doctorat, une agrégation et deux DEA !

Marina Chambon vient d’avoir son CAPES d’histoire. Un bonheur n’arrivant jamais seul, elle a appris cet été, alors qu’elle bronzait nue sur une plage espagnole, qu’elle était nommée au Collège Paul Bert de Drancy. Qui parait-il, a une SEGPA très dynamique.

Le pauvre Jean-Mich lui, malgré un tel bagage universitaire, a été obligé de s’expatrier à Bogota pour son premier poste. Il prendra sa revanche sur une vie sans pitié, en exerçant comme maître de conf, directeur, recteur puis ministre…

Bref, c’est un homme profondément ancré dans la réalité de l’enseignement qui s’exprime avec émotion fin octobre, en prévision de la rentrée de Toussaint.


- Ce cadre, nous allons le construire ensemble pour le jour de la rentrée, mais aussi dans la durée, dans le sens d’un renforcement des valeurs de la République.

- Ton capuccino, avec ou sans sucre ?

- Sans, j’ai pris au moins 125 g pendant mes vacances aux Seychelles.

- Gros lard !

- On réunira dans la cour, élèves, professeurs et partenaires de l’école, pour une minute de silence et la lecture de la « Lettre aux instituteurs et institutrices » de Jean Jaurès.

- Tu es sûr ?

- T’inquiète, je vais bidouiller le texte.


En son temps, après Charlie, le Bataclan, Nice et plus de 200 morts au compteur, François Hollande nous avait servi trois discours moins lyriques que celui de son successeur, mais tout aussi belliqueux !

Depuis cinq ans, la guerre est déclarée à un ennemi clairement identifié.

Notre Dom Juan en scooter avait sorti la grosse artillerie, en embarquant des milliers de soldats dans les opérations Barkhane, Sentinelle et Corned-beef.

Bomber le torse lui était nécessaire, mais pas suffisant. Un dirigeant responsable se devait d’aller plus loin et répondre de manière efficace et intelligente à cette dérive : celle d’une partie de la jeunesse française plus réceptive à Nick Conrad et au salafisme qu’à Georges Brassens et Jules Ferry.


Et là, des années avant Stop Covid, nos huiles ont frappé un grand coup !

Un coup de maître, que dis-je, de génie !

La Réserve citoyenne, arme de destruction massive contre la radicalisation.


Najat, quoique moins brillante que Jean-Mich sur les bancs de l’université, prendra un autre ascenseur social, le PS. Un monte-charge qui l’amène elle aussi à la tête de la grande maison de la rue de Grenelle.

Comme son successeur, elle montre une lucidité remarquable dans l’appréhension des problèmes de l’école :


- L’esprit du 11 janvier qui a porté l’élan citoyen vers la Réserve citoyenne est encore actif ; nous avons franchi au cours de ce moi de mai, le cap des 7000 candidatures…au-delà du vivier traditionnel de l’engagement citoyen.

- Bravo pour votre enthousiasme Najat, mais attention aux répétitions !

- Ta gueule pouffiasse !

- Pardon ?

- Non, je voulais dire que nous aurions pu nous contenter d’un appel aux citoyens à s’engager. Non, nous avons en moins d’un an construit ensemble des outils qui permettent à chaque citoyen de s’inscrire dans la Réserve et à chaque enseignant de France de consulter la liste des réservistes.


Mlle Chambon a eu quelques difficultés pour boucler son programme de troisième au collège Paul Bert. Elle a même été légèrement chahutée quand elle a abordé certains détails de l’histoire, comme l’essor du chemin de fer et de l’électro-ménager sous le troisième Reich.

Alors que la saga de l’industrie automobile américaine avait passionné ses chers élèves.

Une broutille à laquelle sa Principale a eu la délicatesse de ne pas répondre.

Heureusement, elle a pu piocher dans les ressources numériques gracieusement mises à sa disposition.

L’élan citoyen initié par Najat n’est pas mort :


« La réserve citoyenne de l’Education nationale permet à l’Ecole de trouver des citoyens qui s’engagent aux côtés des enseignants et des équipes éducatives pour la transmission des valeurs de la République. Retrouvez, dans le kit de communication mis à votre disposition, tous les éléments utiles pour communiquer autour de la Réserve citoyenne : bannières, infographie, logo et flyers. »


L’adjudant-chef à la retraite Benhamou frétille comme un gardon quand il se présente à la loge du collège.


- Bonjour Monsieur.

- Tu vas m’ouvrir couille de loup ?

- Pardon ?

- Adjudant-Chef Benhamou, 4e Section… Heu non, Réserve citoyenne !

- Ah oui, je vous ouvre.

- La vache, il y a plus de crouilles ici que sur les pentes des Aurès !


Autant dire que Marina appréciera à sa juste valeur l’aide précieuse de ce fin pédagogue, formé sur le tas de la guerre d’Algérie. Et que ses élèves prendront une vraie leçon de citoyenneté.


- Nous les félouzes, on leur balançait du 220 Volts dans les roupettes !


Après son cours sur la liberté d’expression, Samuel Paty s’est senti traqué et moyennement soutenu par la communauté éducative.

S’il avait su, il aurait fait appel à la Réserve citoyenne. D’ailleurs, un inspecteur de vie scolaire de l’Académie de Versailles devait lui rendre une visite de courtoisie : « cet entretien portera notamment sur les règles de laïcité et de neutralité que ne semble pas maîtriser M. Paty ».

Il était en plein doute, et ne savait pas s’il referait le même cours l’année suivante.

Maintenant, il sait…


Si tout va bien, les bistrots rouvriront bientôt, jusqu’à la troisième vague.

Derrière son comptoir, Manu pourra à nouveau régaler ses clients.


- Samuel PATY a été tué par des forces surpuissantes.

- Ça sera deux ritons s’il te plait !

- Les Lumières se sont éteintes ! L’obscurantisme s’est insinué partout, dans chaque interstice, dans chaque faille que l’école n’a pas daigné reboucher.

- Tu nous fous le bourdon, remets-en donc deux !

- Vous êtes mort deux fois Professeur. La deuxième est encore plus pitoyable que la première. Des jeunes Français, enfants de cette République, se marrent et se foutent de vous. Pire, ils ont fait de votre assassin un héros, comme jadis avec Ben Laden.

- Manu, Président !

- La République est morte, ainsi va la France !


Jean-Mich, quant à lui, pourrait déclarer :


- La rentrée de Toussaint a été un fiasco. J’ai envoyé les profs au casse-pipe, armés de canif face à des chars d’assaut. Cette bataille est perdue, c’était prévisible. Mais la vie continue.

- A poil BDB !

- BDB ?

- Boule de billard.

- Et comme le disait Annie Cordy la veille de son AVC : " ça ira mieux demain "…


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