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LA GUERRE DES JÊUNES



Qui a eu cette idée folle

Un jour d’inventer l’école

C’est ce sacré Charlemagne

Sacré Charlemagne



Roi des Francs, le célèbre barbu n’imaginait pas que 1234 ans plus tard les préoccupations scolaires auraient à ce point évolué : dans quelles toilettes un jeune transgenre doit-iel aller ? Pourquoi imposer à son camarade végan l’insoutenable génocide de ces langues de bœuf massacrées par tous ces viandards ? Les enseignants devraient-ils consulter leur avocat avant de mettre une note ou s’offrir le dernier AK 47 avant d’aborder sereinement tous les aspects de la Seconde Guerre mondiale ?


Qu’en sera-t-il dans 1234 ans ?

Malgré quelques guerres, épidémies et autres réjouissances, on peut imaginer que la seule certitude est qu’il y aura toujours des profs et des élèves…


On prête à Malraux la prévision : « Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas. »

Non seulement Dédé n’avait pas tort, mais le mouvement s’est encore accéléré au siècle suivant. Les non-croyants sont devenus une secte aussi virulente qu’intimiste ; à tel point que ne pas pratiquer une des trois religions monothéistes est maintenant passible d’une peine de10 années dans un camp de rééducation religieuse.

Une fois confondu et soigneusement interrogé, le mécréant est orienté dans un camp dédié.

A l’image des GAFA, qui jadis s’étaient partagé le monde, les communautés cultuelles ont signé un pacte de cohabitation et d’équilibre des forces en présence : en l’An 3210, le Rabbi, le Pape et le Calife ont apposé leur sainte signature en bas de l’Edit de Pontault-Combault, garant d’un ordre mondial nouveau.


Un siècle plus tôt, Abdelaziz Mélanchon, un prêcheur renommé, avait tenté de réunifier un monde chaotique.


Mes très chers frères, mes très chères sœurs, reprenez avec moi tous en chœur ! Ce que la Société Générale et le Crédit du Nord ont fait, pourquoi ne le ferions-nous pas ? Si Dieu est grand, il ne peut être qu’Un.

Arrêtons de nous diviser et unissons nos forces. Chaque religion est une manière différente d’adorer la même divinité. Imaginez un peu la force de frappe de nos agences si les synagogues, les mosquées et les églises rejoignaient le même réseau !

Allez l’OM


Conscient de l’ampleur du chantier, il avait fomenté un blocage des usines de scalpels et des grands domaines viticoles. Résultat, des milliards de fidèles avaient été privés de messes et de circoncisions pendant des mois. Au plus fort de la crise, on raconte que le litre de Villageoise avait atteint la somme de 14 millions !


L’agitateur avait échoué dans cette vaste entreprise, les maisons-mères en avaient profité pour resserrer les boulons. Les fidèles se radicalisèrent, avec une forte concurrence entre les différentes officines. Pourquoi jeûner 30 jours pour les uns, 40 pour les autres, quand on peut le faire toute l’année ? Les privations de tous genres devinrent monnaie courante, on multiplia les mutilations, les actes de contrition et les créations vestimentaires les plus originales. Les uns se coupèrent un doigt, les autres la main. Certains se cousirent les narines, d’autres les oreilles, les plus virulents l'anus. Des combinaisons de plongée, des armures ou des cabines à roulette furent créées, autant pour marquer une appartenance à une communauté religieuse que pour soustraire les corps des regards lubriques des mécréants.

Ce siècle fut surnommé la Deuxième Guerre de 100 ans par les historiens. Une bataille sans armes ni sang qui coule chez l’ennemi, mais à coup de surenchères où il s’agit d’aller toujours un peu plus loin que l’autre.


Le fameux Edit de Pontault-Combault ne fut pas proclamé pour mettre fin à cette escalade religieuse, mais pour la réguler. Il fut convenu que les 11 premiers mois de l’années seraient consacrés à la pratique rigoriste de sa religion, chaque jeune étant scolarisé dans son établissement confessionnel. Ce n’était pas de trop pour apprendre par cœur les livres sacrés, jouer au foot cloué sur deux morceaux de bois ou pour terminer les 27 kilomètres d’une course en sac intégral.

Afin de de mettre de l’ordre dans cette anarchie spirituelle, ce texte décréta que les 3 religions devaient mettre un terme à ces 335 jours de privations diverses le dernier mois de l’année.


Sérieusement ballottée depuis un bon millénaire, l’école de Charlemagne retrouva sa raison d’être.

Economiquement, c’était un coup de génie : de janvier à novembre, les écoles ne réclamèrent aucun crédit pédagogique. Les élèves ne mangeaient pas plus qu’ils ne buvaient et n’allaient pas aux toilettes, surtout ceux qui s’étaient cousu le rectum. Pas besoin de personnel pour la cantine, l’entretien ou l’enseignement de matières devenues inutiles. Idem pour l’eau courante et l’électricité, prier pendant 7h00 dans une pièce où il fait 45° étant au programme, comme à -37 au Groenland.


En décembre, tout ce petit monde se retrouve à l’école de la République, au chaud ou au frais selon l’hémisphère. Un seul mois de travail, plus de problème d’absentéisme des profs ou du personnel de service : malgré un budget divisé par 10, les crédits coulent à flot. Des bars à champagne servent du Don Pérignon, dans chaque couloir on trouve des distributeurs de cocaïne, de Big mac ou de sex-toys. Chaque classe est équipée d’un spa avec jacuzzi, hammam et alcôve de repos, meublée avec goût, sans oublier le jardin d’hiver.

Paradoxalement, les dignitaires religieux ont boosté un concept de laïcité qui commençait à sérieusement s’essouffler : chacun fait ce qu’il veut durant ce mois de plaisir. Pas question de se priver, c’est l’Etat qui régale !


- Bonjour Monsieur.

- Bonjour.

- Je suis complètement bourré !

- C’est pas grave, va vomir dans le canapé.

- Mais Monsieur ?

- Ensuite tu iras te prendre un petit rail dans le bain à remous pour te requinquer…


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