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LA GLORIEUSE INCERTITUDE


Au milieu des années 70, un célèbre hippie avait l’habitude de martyriser tous ses adversaires sur la terre battue Porte d’Auteuil. Sans guitare mais avec sa célèbre Donnay tendue à 34 kg.

Il a soulevé 6 fois la Coupe des Mousquetaires, ne laissant que 5 sets à des adversaires totalement impuissants face au lift d’acier du Suédois.


Ça ne vous rappelle rien ?


Perso, j’étais déjà devant ma télé à écouter un certain Jean-Paul Loth qui lui, était déjà derrière le micro. Bjorn n’avait pas encore joué dans Vikings, mais des tie-breaks légendaires contre McEnroe ou des balles de match irrespirables contre Connors.

Eh bien malgré cette adulation, il me faut avouer une chose que je n’ai jamais dite à personne ; pas même à ce sexagénaire couperosé qui jadis, me prodigua de tendres caresses dans le confessionnal : en 79 j’étais pour Pecci, et en 80 pour Gerulaitis.

Quelle infâmie !

Il faut dire que lors des deux finales précédentes, le scandinave avait rossé le pauvre Guillermo Vilas. Deux matchs soporifiques où il avait ridiculisé le gaucher argentin. Et puis Victor et Vitas étaient des attaquants audacieux, qui malgré leur talent, avaient succombé à ses passings chirurgicaux.

La destruction en règle du « chip and charge », sans plan B ni espoir de victoire, ils étaient morts avec leurs idées.


Fort heureusement, ce manquement inadmissible ne traversa jamais la Manche.

Il gagnera 5 fois de suite sur le gazon londonien, dont 4 fois en 5 sets. Avec son type de jeu, c’était un exploit invraisemblable ; et dans des conditions beaucoup plus rapides qu’aujourd’hui, avec un gazon plus haut et des balles plus gonflées. Malgré 4 finales, ces salauds de Jimmy et de John l’empêcheront à jamais de décrocher l’Amérique…


Au milieu des années 70, les femmes ont le droit d’ouvrir un compte bancaire depuis dix ans, mais pas encore celui d’avorter.

Cependant, elles ont celui de taper dans la balle et de nous offrir un duel de légende, bien loin de la bouillie insipide que nous sert le tennis féminin d’aujourd’hui.

En 75-76, Navratilova perd 3 fois en finale de Grand Chelem contre Evert. Une gauchère au jeu d’attaque magnifique, pleine d’audace et de maîtrise, une athlète incroyable qui craque à chaque fois devant un métronome qui défend et contre à merveille.

J’en aurais cassé la télé, comme lors des défaites de Borg…

Mais la championne a de l’orgueil.

De 78 à 88, Martina fait progresser son jeu, s’achète un revers recouvert, et inverse la tendance. Elle gagnera 14 des 19 finales qui les opposeront jusqu’en 88.

Le nombre de majeurs en simple est le seul record qui manque à l’ex-Tchécoslovaque qui a affolé tous les compteurs ; avec par exemple, 168 titres en simple et 177 en double !

C’est colossal, une ode absolue au service-volée dans une WTA quelque peu aseptisée…


Je n’ai rien contre Chris, Jimmy ou John qui ont été d’immenses champions, numéros un mondiaux : mais ils m’ont fait souffrir sur mon canapé.

En certaines occasions, ils ont balayé les espoirs mis dans les victoires de mes deux idoles.

Comme dans un film de prison où le héros va sortir dans 5 jours : un sale gars le provoque à la cantine, lui balance son flamby dans la courge, et le fait replonger pour plusieurs années après une bagarre.

Sinon, il y a la version sous la douche, mais elle est trop excitante.


Et puis il y a eu Graff, Rafter et Sampras, avant qu’un ange ne descende sur terre et ne vienne, en 2001, priver Pistol Pete d’un 8e Wimbledon.

Roger est apparu dans ce monde de brute, avec sa grâce et son catogan.

Les idoles du monde d’avant Federer avaient un ou deux points forts, le Suisse les a tous. Comme Jordan au Basket, il dépasse le domaine de son sport.

LA perfection faite tennisman.

Comme Fred Astaire, son corps semble s’être affranchi des lois de la gravité qui si souvent, se rappellent à nous les humains.

Seule faiblesse relative, son revers, qu’un certain Nadal ne se privera pas de matraquer sans relâche de son coup droit lasso.

Comme Martina, Roger sera capable de faire progresser ce coup, et deviendra invincible en 2017, quand il reviendra après un an d’arrêt.


Djoko, Rafa et Del Potro sont des joueurs fabuleux, mais ils ont confisqué des majeurs à Federer.

Laissons Roland Garros de côté, l’Espagnol y est quasiment invincible.

Pour l’US open 2009, laissons la victoire à Juan-Martin, elle est tellement méritée pour ce poissard invétéré.

Mais les défaites 9-7 en 2008 contre Nadal et 13-12 en 2019 contre Djokovic, les deux au 5e à Wimbledon, sont des blessures qui ne guériront jamais…


Sans elles, Roger aurait 22 titres dans sa besace, Rafa 21, et tout irait pour le mieux.

Les 14 victoires du Majorquin à Paris sont un exploit monstrueux, mais elles nous ont souvent offert des matchs aussi soporifiques qu’un film de BHL ; ou que les 6 titres de Borg …

Et l’élément le plus important dans le sport, c’est le suspense.

Savoir à l’avance qui va gagner est destructeur.

Metz, Montpellier, Paris, Bourges, Cannes… ont tué le game dans le hand, le basket ou le volley, en engrangeant un nombre incalculable de titres, et surtout en finissant avec 27 points d’avance sur le deuxième.


C’est à chaque fois la même litanie :

« Les autres n’ont qu’à progresser ».

« Rester au sommet n’est pas si facile que ça » …

On est certes admiratif, mais ça n’a aucun intérêt.


Comme Rafa à Roland.

Alors on nous vend de la soupe :

« Il a tellement souffert ».

« Il est tellement humble ».

« Il travaille tellement » …


Son mental est fabuleux !

Comme les plus grands, il a su faire évoluer son jeu, jusqu’à devenir un bon serveur et un excellent volleyeur. A l’image de sa victoire sur Medvedev à Melbourne, il est le seul à pouvoir gagner en changeant radicalement de jeu. Comme Amélie Mauresmo en 2006 à Wimbledon et en Australie.

Mais ça fait presque 20 piges que je le vois se toucher le cul, le nez et les coucougnettes sans se laver les mains. Sans oublier de balayer la ligne, d'aligner ses bouteilles et d'ajuster sa serviette.

20 piges qu’il prend 25 secondes entre deux services.

20 piges qu’il nous fait croire qu’il conduit une Kia…


Alors au risque de me faire quelques amis dans le tennis, je n’ai pas honte de dire qu’il me saoule. Pas pour ce qu’il est, mais au même titre que Chris Evert ou John McEnroe à l’époque.

Comme le Bayern ou Liverpool quand ils s’en sortaient par miracle contre Saint-Etienne ; ou la Mannschaft en 74 contre la Hollande de Cruyff.

Vivement que son héritier désigné prenne le pouvoir.


VAMOS CARLITO !


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