L’INGÉNIEUX HIDALGO DON QUICHOTTE DE LA MANCHE

Pour connaître Leffrinckoucke, il faut être né là-bas ou sévèrement alcoolique. C’est justement le cas du petit Michel, qui a vu le jour en 1933 dans cette charmante commune des Hauts de France. Fils d’un ouvrier métallurgiste espagnol. Hidalgo était tout sauf « un noble de basse extraction ». Il est celui qui à la fin des années 70, a sorti le foot français du marasme. Malheureusement, ça n’empêchera pas notre héros national de se faire prendre la main dans le sac de biffetons : il s’offrira du sursis et une lourde amende dans l’affaire des comptes de l’OM, où le pognon d’une quinzaine de transferts ne va pas forcément dans les bonnes fouilles.

C'est le genre d’épisode qui marque une famille, sa fille Anne en gardera une probité névrotique. Elle se réfugie sur les bancs de l’université  pour décrocher une maîtrise de sciences sociales du travail, puis un DEA de droit social et syndical, avant d’être une des rares femmes reçues au concours de l’inspection du travail. Des diplômes certes, mais toujours au service de son prochain, c’est sa marque de fabrique. Elle sera nommée inspectrice du travail en 1984, l’année où son père décroche l’Euro de foot. Dorénavant, la petite Hidalgo défendra la veuve et l’ouvrier surexploités par un capitalisme de plus en plus sauvage. Ses collègues louent sa détermination sans faille et sa rigueur. Certains racontent qu’à l’issue d’un déjeuner de travail, elle avait insisté pour régler son deuxième café sans l’ajouter sur sa note de frais. Il parait  même qu’elle rendra sa Clio diesel de fonction, excédée par la nocivité de ses gaz d’échappement… l’écologie déjà chevillée au corps…

Par la suite, ses fortes convictions l’amèneront logiquement à s’encarter au Parti Socialiste : certains envieux iront jusqu’à dire que ça lui ouvrira quelques portes, alors qu’il ne s’agit que d’un acte militant et désintéressé… à l’image  d’un Valls ou d’un Macron, au dessus de tout soupçon d’opportunisme politique. Toujours est-il que ses compétences hors norme ne restent pas longtemps ignorées puisque qu’elle intègre trois cabinets ministériels à la fin de siècle dernier. Qu’elle soit conseillère technique ou chargée de mission, elle œuvre au service de tous, formation professionnelle, droit des femmes ou statut des fonctionnaires, des domaines où son sens de la justice sociale fait merveille.

 La légende est en marche, son destin politique l’appelle aux plus hautes fonctions. Les citoyens de ce pays le savent bien, en particulier les heureux électeurs du XV^e arrondissement qui l’envoient dès 2001 au Conseil de Paris. Bertrand Delanoë, le nouveau maire, la nomme 1^ère adjointe en charge de l’égalité femme/homme, vaste chantier dans ce monde sévèrement inégalitaire. Elle conserve son poste en 2008, cette fois en charge de l’urbanisme et de l’architecture, pour le plus grand bonheur des automobilistes parisiens. En 2011, elle prend à 52 ans une retraite de son poste de directrice du travail après 27 longues années d’une carrière épuisante. Lors de l'âpre négociation de la prochaine réforme, le PS devrait penser à ajouter l’inspection du travail  à la liste des professions pénibles : terrassier, boulanger, veilleur de nuit, aiguilleur du ciel ou agent RATP.

C’est fort naturellement qu’elle accède au trône de l’Hôtel de Ville en 2014, de quoi patienter en attendant mieux, comme le fit Jacques 40 ans plus tôt… Fini le bricolage, la Ville Lumière doit impérativement retrouver son standing de grande capitale. Les automobilistes, 50 000 contrôles de stationnement par jour, et les classes moyennes n’ont qu’à aller voir en banlieue si l’herbe est plus verte. Paris devient un ghetto de riches  saupoudré de quelques ensembles HLM bien carabinés. L’immobilier explose et la taxe foncière double, record de France à battre. Piétonniser les voies sur berge, créer 1400 km de pistes cyclables, végétaliser la ville, embaucher 10000 fonctionnaires de plus et tout le reste n’est pas un projet des plus low cost. En 7 ans, la dette prend 110 %, Manu lui-même fera deux fois moins fort malgré un talent indéniable.

Ses administrés ne lui tiennent pas rigueur de ces menus dérapages budgétaires puisqu’ils la réélisent haut la main en 2020 au détriment de la pauvre Rachida Dati qui se réfugiera dans Carlos Ghosn et les coups de bistouri. Malheureusement pour notre pays, nos compatriotes sont moins tendance que de l’autre côté du périph : seuls 1,75 % de ces bouseux voteront pour Anne, sa chère mairie n’aura pas été le tremplin rêvé. Les 800 000 profs auront quant à eux raté l’occaz unique de doubler leur miséreux salaire. C’est bien fait pour nous, cet Officier de la Légion d’honneur, de l’ordre national du Mérite, Grand-croix de l’ordre du Mérite civil, Commandeur de l’ordre d’Isabelle la Catholique, Ruban d’or de l’ordre du Soleil levant, Grand officier de l’ordre de l’Aigle Aztèque et de l’ordre national du Lion et Commandeur de l’ordre royal de l’Étoile polaire n’entrera jamais à l’Élysée. A l’instar de nos meilleurs chercheurs exilés à l’étranger, elle candidatera pour exercer ses talent au service des réfugiés de tous pays à la tête du Haut-commissariat des Nations unies. Avec un tel CV, on voit mal comment le poste pourrait lui échapper.

Prenant très à cœur sa mission olympique, elle n’a pas hésité à donner de son temps précieux pour visiter en 2023 le site de surf en Polynésie avec 6 adjoints.  Un voyage qui aurait coûté la modique somme de 60 000 € au contribuable, une goutte d’eau au regard des résultats obtenus, l’or pour les hommes, le bronze pour les femmes. Et ce ne sont pas 10 000 pauvres euros de dépassement de forfait téléphonique qui changeront quoique ce soit à cette minable accusation. 12 000 balles à Tokyo, 2 fois 10 000 à New York, on sait tous que la vie y est plus chère qu’à Pontault-Combault où le kebab morue ne dépasse pas les 7 € 50.

Les constipés de service voudraient sûrement que celle qui incarne la plus belle ville de France dorme au Formule1 ou se sape chez Lidl ! La qualité a son prix, après tout payer 3000 € une robe Dior ou un manteau Burberry est moins ridicule que lâcher dix fois moins pour du Zara ! Lang chez Smalto, Dumas chez Berluti ou Fillon chez Arnys, les plus grands ne font pas leurs emplètes chez Intermarché, les mousquetaires de la distribution.

C’est bien connu, chez nous on critique ceux qui réussissent. L' Association Transparence Citoyenne a osé placarder 140 affiches sur les murs de Paris avec les notes de frais de l'élue socialiste : 210 000 € en 4 ans, soit 85 000 pour la garde-robe et 125 000 pour les voyages. Hidalgo a dénoncé "une campagne médiatique" visant à la "salir" et à lui "nuire". Mais l'article L.581-26 du code de l' environnement est là qui veille sur tout brave citoyen. La mairie l'invoque pour réclamer 1500 € par affichage sauvage, soit 210 000, exactement de quoi rembourser intégralement les menues dépenses de la patronne.

Après avoir purifié l’air vicié de la Capitale, sa voie est tracée, Anne sauvera ceux qui risquent leur vie en rêvant d’un monde meilleur. Un sacerdoce; avec 6000 balles par mois, un haut commissaire est à peine mieux loti qu'un smicard : avec ou sans note de frais ?