DRAGAN, ZLATCO, SAMUEL, DOMINIQUE ET LES AUTRES…
Mikhaïl est une lopette.
A sa place, Staline ou Brejnev n’auraient pas permis que l’URSS parte en sucette!
Gorbatchev initiera ses fameuses perestroïka et glasnost qui lui vaudront le Nobel de la paix en 1990… mais qui seront les premières cartes du château communiste qui se lézarde… avant de s’effondrer… de Berlin à Prague… de Budapest à Belgrade…
Jadis dirigée d’une main de fer dans un gant de velours par le maréchal Tito, la Yougoslavie n’échappe pas au cataclysme qui emporte le Rideau de fer.
On peut comprendre que le partage du gâteau soit tendu, entre 6 républiques qui se haïssent, politiquement, historiquement et religieusement : une façon d'éprouver la force de l’œcuménisme - entre catholiques, musulmans et orthodoxes ; tous frères socialistes quelques années plus tôt… Le résultat est édifiant, surtout pour les habitants de Srebrenica, charmante bourgade de l’est de la Bosnie. Le 11 juillet 1995, ces petits veinards accueillent avec bienveillance les troupes amicales du général serbe Ratko Mladić… qui les remercie par le pire massacre en Europe depuis la 2e guerre mondiale.
Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie évalue le nombre des personnes exécutées dans un «processus organisé et systématique» entre 4 000 et 5 000, le reste des victimes étant mortes au combat.
0n estime que 33 000 personnes trouveront la mort, tandis que 25 à 30 000 civils se voient offrir un processus d’« épuration ethnique ». Au programme, expulsions, confiscations, viols, vols, tueries méthodiques - enfants et vieillards compris… Le Tribunal pénal international confirme en appel, la condamnation à perpétuité de Radovan Karadžić, le premier président de la République serbe de Bosnie : génocide à Srebrenica, crimes contre l’humanité et violation des lois et coutumes de la guerre… un grand humaniste entre dans l’histoire… un de plus…
Dragan et Zlatco ont débarqué en France en cette fin de siècle agitée. Les deux ex-Yougoslaves ne sont pas des réfugiés politique fuyant leur pays ; juste des gars venus gagner leur vie, et celle de leur famille, en exerçant leur talent de handballeur. L’un est serbe, l’autre croate, à moins que ça ne soit le contraire. Chacun a des raisons évidentes d’en vouloir à l’autre, la possibilité de s’ériger en victime d’un ennemi qui n’y est pas allé de main morte dans les exactions.
Leurs coéquipiers ne les ont jamais entendus se plaindre, ni même évoquer cette guerre. Mieux, ils les ont souvent vu se taper la bise avant, et se boire une mousse après le match.
Avec modération…
En laissant ce conflit de l’autre côté de l’Adriatique.
Dominique Bernard incarne un art de vivre à la française.
Un homme cultivé, féru d’art et de voyage. Prof de français agrégé, il avait fait le choix d’enseigner en collège plutôt que dans le supérieur. Sa femme Isabelle confirme son éclectisme :
" Il aimait Julien Gracq, Stendhal, Flaubert, Balzac. Il aimait Proust, Claude Simon, Céline et Pierre Michon. Il aimait la poésie, René Char, Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Valery. Il aimait la philosophie. Il aimait le cinéma, Truffaut, Ford, Kubrick, Lubitsch, Orson Wells. Il aimait le baroque, Il aimait Miyazaki, Kurosawa, Almodovar, Fellini, Visconti, il aimait l’Italie, l’italien, la Toscane. […] Il aimait Shakespeare, Racine, Beckett, Van Gogh, Picasso, Vermeer, Matisse, Bonnard, Gauguin, Manet, Courbet, Cézanne, Soulages. […] Il aimait Bach, il aimait Beethov, Fauré, Haydn, Ravel, Mahler. Il aimait le gothique, les cathédrales. […] Il aimait les glaciers préférés du Routard, il aimait la Provence, ses couleurs, ses senteurs ; il aimait les étangs, les rivières et les fleurs, les forêts, la lumière rasante du soir (…) Il n’aimait pas l’informatique et les réseaux sociaux. Le téléphone, il n’en avait même pas. […] Il n'aimait pas la foule, ni les honneurs, les cérémonies qu'il avait en horreur. Il n'aimait pas le bruit et la fureur du monde. […] Il aimait profondément ses filles, sa mère et sa sœur. Nous nous aimions ".
Pour sa sœur, son grand regret était que " les élèves ne lisent plus. […]. Son grand plaisir était de réussir à leur faire lire quelque chose ".
Un homme dangereux !!! Qui a eu la mauvaise idée de croiser un ancien élève pour lequel il s’était investi.
D’où cet imparfait de l’indicatif dans le portrait que brosse son épouse… pour son oraison funèbre.
Samuel Paty est un professeur d’histoire-géographie de 46 ans.
Il exerce depuis trois ans au collège du Bois-d'Aulne de Conflans-Sainte-Honorine réputé paisible. Marié et père d’un enfant de cinq ans, c’est un enseignant « empathique », à l’égard de ses pairs comme de ses élèves. " Il traitait tous ses élèves de manière égale, il n'y avait aucune discrimination pour Samuel, que ça soit sociétale, religieuse, de couleur ou autre", raconte un collègue de mathématiques.
Lors d’un cours d’enseignement civique et moral sur la liberté d’expression, il projette 15 diapositives à ses élèves de 4e, dont 4 montrent une caricature de Mahomet. Au préalable, il donne le droit à ceux qui le veulent de sortir, choix que personne ne fait. Finalement, l’heure se termine de façon habituelle, sans rien de spécial.
C’est une élève absente de ce cours, qui va mettre le feu aux poudres !!! Exclue deux jours de l’établissement, elle mythone ses parents en leur disant que c’est M. Paty qui l’a virée alors qu’elle se serait opposée à la projection des dessins de Charlie Hebdo. Le mensonge d’une sale gosse va faire basculer la vie d’un gars qui ne faisait que son taf.
Son père embrase les réseaux :
" Incroyable mais vrai. Ce matin, le prof d'histoire de ma fille en 4e, demande à toute la classe que les élèves musulmans de la classe lèvent la main (…) ensuite, il leur dit de sortir de la classe car il va diffuser une image qui va les choquer ".
Puis d’autres messages suivent :
" Vous aimez votre prophète, vous avez l'adresse et le nom du professeur pour dire STOP. "
Le message circule comme une traînée de poudre au sein de la communauté musulmane des Yvelines. Le lendemain, Brahim Chnina investit le bureau de la principale accompagné d’un islamiste fiché S pour exiger le renvoi du professeur ! Il lance une campagne de dénigrement et pousse la (mauvaise) blague jusqu’à porter plainte avec sa fille au commissariat pour publication de vidéo pornographique. Le soir, il enflamme de nouveau les réseaux : les rumeurs se propagent, Samuel Paty est accusé de racisme. Sa principale alerte la mairie et le rectorat, puis demande aux enseignants de rester soudés. Une partie de ses collègues lâche pourtant le prof d’histoire qui écrit : « Je suis menacé par des islamistes locaux ainsi que le collège tout entier ».
Le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, qui depuis le début « coache » Brahim, publie une nouvelle vidéo sur YouTube, intitulée "L’islam insulté dans un collège public". Une entreprise de victimisation qui confine à la propagande : « Cela fait 5-6 ans que des enfants de 12-13 ans musulmans sont choqués, sont humiliés devant leurs camarades… On exige la suspension immédiate de ce voyou parce que c’est pas un enseignant, un enseignant c’est autre chose ».
Censé rassurer tout le monde, le « référent laïcité » dépêché par le rectorat rappelle à Samuel Paty les règles de neutralité et de laïcité. S'il est « conforté dans l’approche qu’il avait eue lors de son cours », l'ampleur du danger qui pèse sur lui n'est pas appréhendée à sa juste valeur. La campagne de harcèlement est devenue virale, avec le nom du professeur, l'adresse du collège et le numéro de téléphone du CCIF, le Collectif contre l'islamophobie en France. De plus en plus isolé, craignant pour sa vie, il porte plainte contre le brave père de famille et sa fille dans le but (illusoire) de déclencher une protection policière. Il sort dorénavant avec capuche, lunettes de soleil et marteau dans son sac à dos…
Aucune veille n'est déclenchée, les services de renseignements estiment que la situation est apaisée… sauf pour un garçon de 18 ans. Le 12 octobre 2020, il rédige une note sur son téléphone: " Collège Bois-d’Aulne 78700 Conflans-Sainte-Honorine. Mr Paty, professeur d’histoire-géographie. "
Le 16 octobre à 16h51, il croise la route de Samuel qui rentre chez lui…
ABDULLAKH ET MOHAMMED
Abdullahk Anzorov, est un citoyen russe d’origine tchétchène bénéficiant du statut de réfugié accordé à ses parents alors qu’il était mineur. S’il est inconnu des services de renseignement, c’est moins le cas pour leurs cousins de la police : dégradation de biens publics et violence en réunion, ça marche mieux qu’à l’école. Depuis plus d’un an il s’est radicalisé seul devant son écran jusqu'à en devenir obsessionnel : il veut punir ceux qui selon lui insultent l’islam.
En 4 mois, il poste plus de 3000 messages haineux sur Twitter !
Du 9 au 13 octobre.
Il échange 46 messages avec Priscilla Mangel, très active sur ce réseau. Suivie depuis 2017 par la DGSI, la convertie attire son attention sur les messages de Brahim Chnina. Les deux hommes échangent alors pendant plusieurs jours.
15 octobre.
Il achète un couteau avec deux amis.
16 octobre, 13h39.
L’un des deux le dépose en voiture près du collège afin de repérer la cible.
14h46.
Il propose 300 € à un collégien de 4e pour l’aider à identifier le prof d’histoire.
15h50.
Un élève de 3e, accompagné de 3 potes, donne une description précise et l’itinéraire de l’enseignant. Les dés sont jetés, la petite Chnina ressort de sa boite pour mettre la pichenette finale. Appelée au téléphone par le 4e, elle réitère son mensonge à Anzorov qui s’énerve.
16h51.
Samuel Paty sort du collège. Il avait demandé à un collègue de le ramener en voiture mais celui-ci n’était pas disponible. Il fera le trajet à pied. Ses 2 élèves l’identifient, le Russe leur donne 150 € qu’ils partagent à 5 puis leur demande de déguerpir. Un Snap pour la route, un petit « Allaou Akbar » pour se donner du courage, il se jette sur l’enseignant.
Abdullakh ne fait pas semblant.
17 coups de couteau sur tout le corps, aorte, poumon, rein et foie perforés, certaines plaies font 18 cm de profondeur. Puis il l’éviscère, avant de le décapiter post mortem. Une petite photo avec son téléphone, l’affaire est presque dans le sac…
16h55.
Le cliché macabre est sur Twitter accompagné d’un p’tit message à Manu : "J’ai exécuté un de tes chiens de l’enfer qui a osé rabaisser Mahomet”.
16h58.
Un dernier vocal sur Insta, et puis s’en va.
Arrivée sur les lieux, la BAC lui colle 9 pruneaux qui l’enverront voir s’il y a autant de vierges qu’on le dit au paradis des martyrs.
Sa dépouille est rapatriée en Tchétchénie le 20 décembre.
Porté en terre il est célébré comme « lion de l’islam ».
Le maire de son village : « c’est un héros pour l’ensemble du monde islamique ».
Plus tard son père : « mon fils parti en défendant l'honneur de tous les Tchétchènes et de tous les musulmans du monde »
Pour finir, le président du parlement : « jeune tué parce qu’il s’opposait à la caricature du Prophète […] mort dans le jihad »…
Côté Cour, 14 personnes seront jugées.
Le bras armé indisponible, ses deux potes comparaîtront pour « complicité d’assassinat terroriste » : ils l'ont accompagné acheter son couteau et déposé à Conflans-Sainte-Honorine. 6 autres feront un tour aux Assises pour « association de malfaiteurs terroristes ». Pour les mineurs, 5 collégiens sont soupçonnés d’ « association de malfaiteurs en vue de préparer des violences aggravées ».
Reste la menteuse, soupçonnée de « dénonciation calomnieuse ».
La famille Mogouchkov, papa, maman et les 5 enfants, est réveillée un beau matin de 2014 par la police des frontières pour être expulsés vers Moscou. Vent debout, associations et collectifs font pression sur des politiques et réussissent à faire annuler cette cruelle injustice. La fédération d'Ille-et-Vilaine du Parti communiste français avait alors publié un communiqué dénonçant ces pratiques « d'autant plus inacceptables qu'elles se déroulent au mépris de la circulaire Valls du 28 novembre 2012 : maîtrise du français, enfants scolarisés avec succès, tous les critères de la régularisation étaient réunis ».
Le « succès » scolaire est relatif… la reconnaissance pour leur pays d’accueil pas vraiment…
2019.
Son frère est interpellé par la DGSI pour un projet d’attentat contre l’Elysée déjoué et des faits d’apologie, puis écroué à la Santé pour « association de malfaiteurs terroristes ».
2020.
Mohammed est élève au Lycée Gambetta d’Arras.
Comme 400 autres élèves, il est signalé pour violation de la minute de silence organisée en hommage à Samuel Paty.
Novembre.
Un de ses potes agresse verbalement et physiquement une prof qui a le toupet d’aborder la mémoire de l’enseignant assassiné quelques semaines plus tôt.
Décembre.
Elle porte plainte contre Mohammed qui tente de l’intimider à plusieurs reprises, la suit jusqu’à son domicile et s’introduit dans sa classe à la fin de son cours.
Janvier 2021.
Il est inscrit sur le Fichier des personnes radicalisées.
Avril 2022.
Un nouveau signalement est déposé alors que Mogouchkov était étudiant en BTS, pour absentéisme et des propos en classe tels que : " Mon nom se prononce comme kalachnikov ", " Est-ce que cet outil peut tuer ? " ou " Est-ce que ce mélange est explosif ? ".
Juillet 2023.
Il est suivi par la DGSI.
12 octobre.
Sur écoute et sous surveillance, Mohammed est contrôlé par la police. L’étude de son téléphone ne révèle aucune infraction, pas plus que l’imminence d’un passage à l’acte.
13 octobre.
Une semaine après l’attaque d’Israël, un membre fondateur du Hamas appelle les musulmans du monde entier à manifester leur colère dans le sang. Message reçu 8/5 par ce jeune homme de 20 ans qui vers 11h entre dans la cour de l’établissement, vêtu d’un blouson gris et armé d’un couteau. Mohammed tue Dominique Bernard qui tentait de le raisonner et blesse gravement deux adultes venus à la rescousse.
16 octobre.
Samuel peut se réjouir, il se sentira un peu moins seul durant son hommage…
JEAN-LUC ET MARINE
La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a profité d’un déplacement éclair en Israël pour réaffirmer son soutien inconditionnel.
" Ce qui est important c’est que les populations civiles, qui sont aujourd’hui à Gaza, soient évidemment le moins possible victimes de ce conflit. Rien ne doit empêcher Israël de se défendre".
Le doigt sur la couture du téléphone, Jean-Luc Mélenchon a vite dégainé sur X :
" Voici la France. Pendant ce temps Madame Braun-Pivet campe à Tel Aviv pour encourager le massacre. Pas au nom du peuple français ! ".
Une réaction qui fait bondir la classe politique, excepté sa garde rapprochée… et une droite moyennement républicaine.
Un soutien imprévu lui vient de Jérôme Bourbon, éditorialiste du journal Rivarol, pétainiste assumé condamné plusieurs fois pour négationnisme et antisémitisme : « Jean-Luc Mélenchon […] refuse avec un certain courage, et même un courage certain, de s’aligner inconditionnellement sur l’entité sioniste et de cautionner les crimes abominables commis ces dernières semaines, de manière incessante, par le gouvernement israélien ».
Mieux, il compare notre insoumis à un autre grand martyr, Jean-Marie Le Pen, victime, selon lui, d’une « haineuse campagne politico-médiatique » pour avoir qualifié les chambres à gaz de « point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale » en 1987.
Symbole de la classe ouvrière, Marchais avait dû avaler quelques couleuvres avant de signer le Programme commun de gouvernement avec Mitterrand et Fabre, pas les plus grands gauchistes de l’histoire. Mais il enverra Mitterrand à l’Elysée en 81, après avoir échoué de 400 000 voix en 74, avec 101 propositions précises pour feuille de route…
En 2017, Méluche échoue d’assez au 1er tour des Présidentielles.
Rebelote 5 ans plus tard où il vient lui-aussi mourir à 400 000 voix de sa chère Marine. Le soir même, dignes et solitaires, ses adieux déchirants émeuvent la France entière, souhaitant à ses successeurs de faire mieux que lui ; même pas un léger regret concernant les 800 000 électeurs communistes… Ce retrait de la vie politique sera de courte durée, plus bref encore que ceux de Valls ou Sarkozy. Deux semaines plus tard, il révolutionne les institutions de la 5e République : Jean-Luc ne sera pas Président, mais il sera Premier ministre ! C’est lui qui gouvernera, faisant de Manu un fantoche. Comme Chirac avec Mitterrand, puis Jospin avec Chirac. Une époque pas si lointaine où il portait haut les couleurs du PS, une rose à la boutonnière…
Pour 2027, la Nupes sera son programme commun.
Mais attention, le grand soir a toujours été un point de discorde entre révolutionnaires et réformateurs, qui pourtant veulent à peu près la même chose. Dans les années 80, Karl Marx a été à l’origine du divorce, 40 ans après, c’est Mahomet qui s’en charge.
L’Union Populaire se fissure, la plupart des leaders PS, PC et écolos sont atterrés par certaines réactions qui nient tout terrorisme dans la tragédie du 7 octobre. Mais pas seulement, Ruffin, Autain, Corbière et Garrido grincent des dents. Un noyau dur semble se recroqueviller autour du « leader Maximo », Bompard, Panot et Obono balancent des tweets en faveur du Hamas, instrument de la résistance palestinienne.
Il se dit souvent que Mélenchon serait le dernier représentant d’une race en voie d’extinction : celle des hommes politiques lettrés et cultivés. Un côté sanguin l’empêche parfois de se contrôler, mais il sait pertinemment ce qu’il dit. Il est impensable qu’il choisisse certains mots par hasard. Nazisme, résistance, génocide… certains sont lourds de sens et font référence à une période précise de l’histoire.
Alors pourquoi les employer ?
En tout cas rien d’électoraliste, personne ne peut y voir la moindre volonté de rallier des voix en prévision de 2027 !
Jean-Luc n’est pas un démago, jamais il ne s’abaisserait à faire comme Jean-Marie quand le vieux borgne surfait sur la vague de l’insécurité…
Dans les années 80, certains cadres du Front national avaient la main leste. Ils ne voyaient pas ce qu’il y avait de mal à la lever à 45° après un p’tit shot de schnaps. Ni à s’offrir une virée entre amis pour sympathiser avec les ratons et les PD : ce n’est pas parce qu’on a une batte qu’on est obligés de jouer au base-ball.
La justice n’a pas d’humour, son président-fondateur a été condamné plus de 20 fois : violences, propos racistes, homophobes, provocation à la haine et à la discrimination, injures publiques, antisémitisme… Un sacré palmarès dans lequel il n’y a pas de jaloux.
Les homos :
« la pédophilie a trouvé ses lettres de noblesse dans l’exaltation de l’homosexualité ».
Les musulmans :
« Le jour où nous aurons en France, non plus 5 millions mais 25 millions de musulmans, ce sont eux qui commanderont et les Français raseront les murs, descendront des trottoirs en baissant les yeux… »
Les juifs :
« Durafour crématoire » est une vanne que le juge n’a pas apprécié à sa juste valeur ; six des condamnations de Jean-Marie Le Pen concernent les chambres à gaz décrites comme un « détail de l’histoire ».
Au début, il se vantait de gagner ses procès en considérant les prétoires comme une arène politique. Avocate, sa fille Marine donnait parfois un coup de main à ses conseils. Et puis la roue a tourné, le vieux lion s’est mis à perdre ses procès. Sa chère fille en a eu marre, elle l’a écarté de la direction du parti.
Contre toute attente, le patriarche s’était offert une finale en 2002 durant laquelle le grand Jacques l’avait nettoyé. La chair de sa chair vient d’en enquiller deux, la troisième a de fortes chances d’être la bonne.
Le plafond de verre a été brisé… les quelques fachos qui restent sont rôtis… le Front est devenu le Rassemblement… Marine prospère… Jordan séduit… la normalisation est en route, aux antipodes de la transgression permanente de l’ancien leader…
La communauté juive de France a forcément mieux accueilli la déclaration de soutien sans réserve à Israël que celles moins bienveillantes de Mathilde Panot ou Danièle Obono. Des élus RN ont même participé à la « marche de solidarité » organisée par le Conseil représentatif des institutions juives de France, sans être hués. Imaginons une seconde l’émeute qu’aurait provoquée Jean-Marie s’il était venu manifester avec ses amis juifs !
Un peu de récupération ne fait de mal à personne.
Réfléchir de façon apaisée à ce qu’est le monde et à ce qu’on aimerait qu’il devienne est moins facile… et rapporte moins de voix aux élections.
Le conflit israélo-palestinien n'est qu'un prétexte pour se partager le gâteau, les stratégies sont claires. A Marine la classe moyenne, à Jean-Luc les quartiers. A ce jour, la rassembleuse est en avance sur l'insoumis, les Français la considèrent de moins en moins comme un danger pour la démocratie ; et lui de plus en plus.
On comptera les points en 2027, à moins que le Grand Soir…
KARIM ET KIKI
Il suffit de revoir Vincent, François, Paul… et les autres, pour se rendre compte combien ce pays a changé en un demi-siècle.
On y boit comme des trous et fume comme des pompiers, sans qu’un toubib nous foute la trouille avec le cancer. On peut appuyer sur le champignon et ne pas mettre sa ceinture, sans qu’un flic nous colle une prune. Les féministes sont bien trop accaparées par l’avortement pour harceler les dragueurs lourdingues. Les Français aisés sont plutôt caucasiens, Mohamed Galoul joue l’ « arabe de service » dans un rôle de boxeur. Montand, Reggiani, Lualdi, Orsini, les Italiens squattent le haut de l’affiche du film de Sautet.
Ceux qui ont traversé la Méditerranée préfèrent largement la sécurité d’un job à l’usine.
La 2e guerre mondiale s’est mal terminée pour Adolphe, Bénito et leurs amis. Un « rideau de fer » a été tiré entre deux blocs qui se haïssent. Le tiers-monde se partage les miettes à condition de la fermer. En 1955 lors de la Conférence de Bandung, 29 pays font le choix du « ni- ni », ni OTAN, ni Pacte de Varsovie. Aujourd’hui, les pays non-alignés sont plus de 120 !
L’union n’a pas toujours été stable, mais elle fait la force et libère la parole. Le modèle a changé, les colonisés d’antan ne sont plus des marionnettes. Les pays " sous-développés " sont passés " en voie de développement ", c’est l’heure de la revanche contre l’ancien monde, celle du Sud Global.
Un grand politologue à guitare, écrivait ces lignes pleines d’espoir :
Un jour ou l’autre il faudra qu’y ait la guerre
On le sait bien
On n’aime pas ça, mais on ne sait pas quoi faire
On dit, « c’est le destin »
Tan pis pour le Sud
C’était pourtant bien
On aurait pu vivre
Plus d’un million d’années
Et toujours en été*
En France, les Trente glorieuses ont pris fin, crise économique et déficit budgétaire de sont invités au bal.
PC, PS et MRG ont signé le Programme commun… le premier choc d’une longue série a fait grimper le prix du pétrole… Giscard est à la barre… Platini enfile ses premiers coups francs à l’AS Nancy Lorraine… le Front national n’est qu’un groupuscule facho disséminé sur les bancs d’Assas…
Les habitants de ce pays sont connus pour être de fieffés râleurs, se plaignant de tout et son contraire : la pluie et le beau temps… le chaud et le froid… la police et l’insécurité… les impôts et les services publics… la liberté et l’Etat providence…
Chirac avait dégainé sa « fracture sociale » aux élections de 1995, « qui menace - je pèse mes mots - l’unité nationale ». Si le constat est juste, on ne peut pas dire que Jacques ait brillé par ses actes ; pas plus d’ailleurs que ses 3 successeurs. Notre belle devise a du plomb dans l’aile. Alors qu’on peut discuter des heures devant un comptoir de liberté et d’égalité, il faut une bonne dose d’optimisme, ou d’éthanol, pour apprécier la fraternité. Au contraire de l’unité, notre société glisse vers toujours plus d’individualisme, de particularisme, de communautarisme voire de repli identitaire. Religion… statut professionnel… genre… orientation sexuelle… couleur de peau… régime alimentaire… âge… club de foot… tout est prétexte à s’opposer. La moindre frustration provoque des torrents de revendication, de haine et de victimisation qui tournent souvent à la violence. Les cerveaux lessivés sont les friches idéales d’une propagande incessante.
La guerre se fait autant à coup de tweets qu’à coup de roquettes.
En 1987, le Mossad avait donné un coup de mains aux Frères musulmans pour la création du Hamas ! Pour mieux contrôler les Palestiniens pensait-il, comme la CIA avec Ben Laden, ou la France avec l’ayatollah Khomeini… deux humanistes qui ne manqueront pas de renvoyer l’ascenseur à leurs anciens bienfaiteurs…
Le Hamas brasse des milliards, avec lesquels il construit plus d’armes et de mosquées que d’écoles et d’hôpitaux. L’oppression du peuple palestinien est presque une aubaine pour les voisins arabes sunnites. Ils se fichent bien des conditions de vie insoutenables de leurs cousins chiites. Et ça leur permet de diaboliser encore plus l’État hébreux et ses soutiens. Des monstres qui n’ont pas hésité à faire 500 morts en bombardant un hôpital de Gaza. Cet acte odieux a suscité l’émotion de tous… jusqu’à ce que l’on apprenne qu’il n’y avait qu’une dizaine de victimes… dans un parking… par une roquette du Hezbollah !
Israël s’assied depuis longtemps sur les recommandations de la communauté internationale. On ne compte plus les dizaines de violations de résolutions de l’ONU non condamnées par l’Occident.
A force de mettre la poussière sous le tapis, les Palestiniens sont devenus les martyrs de ce nouveau monde. Les mouvements islamistes en connaissent un rayon en propagande et en victimisation. Ce 7 octobre, le Hamas a tendu un piège aux Occidentaux : la réponse sourde et militaire d’Israël ne va rien arranger. Et pourtant, l’ONU appelait il y a 4 mois à une réconciliation en vue d’un Etat palestinien uni et d’une solution à deux Etats.
Benyamin Netanyahu n’est pas Yitzhac Rabin. En 1992, le 1er ministre israélien signait les Accords d’Oslo avec son vieil ennemi Yasser Arafat. La paix devenait possible avec la reconnaissance de l’OLP d’un côté, celle d’Israël de l’autre, assorties du renoncement au recours à la violence.
Le pacifisme de l’ancien leader de Tsahal ne plaît pas à tout le monde, en particulier à son assassin, un extrémiste religieux… juif !
30 ans plus tard, la paix n’est pas au programme, Benyamin n’est pas près de serrer la louche de Mahmoud Abbas. Et sa réponse tout-militaire ne ramènera pas les colombes au Moyen-Orient.
Ni en France où 500 actes antisémites ont été commis ses deux dernières semaines. Si on ajoute les 350 incidents répertoriés durant la minute de silence en hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard, on peut se dire que la jeunesse française est unie derrière l’idéal laïque et républicain.
Que faire à part décréter cette « fracture »nouvelle cause nationale, beaucoup plus dangereuse que ne l’était le Covid ?
Kiki et Karim, nos deux icônes nationales, pourraient s'inspirer de Nelson Mandela avant de souffler sur les braises.
Soyez moins cons que certains élus et plus fort que la haine.
Battez-vous pour la paix.
*Nino Ferrer
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