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JEUX OLYMPIQUES (SAISON INTEGRALE)



SUPERDUPONT


En 1972, il fallait lire Strange pour s’enflammer devant les exploits d’Iron Man, Spider Man et des autres. Côté français, le génial Marcel Gotlib créait un super-héros bien franchouillard, Superdupont, coq sur l’épaule et béret vissé sur la tête.

 

En 1996, Jean et Marie-Pierre donnent naissance à Antoine dans la bonne ville de Lannemezan. Quand on vit dans ces contrées inhospitalières, on a le choix entre deux ballons, de rouge ou ovale. Pour notre plus grand bonheur, le petit Dupont a choisi le rugby.

En 1998, Kyllian voit le jour à Bondy, grâce au pénalty transformé par Wilfrid et Fayza. Nul en rap et dans le commerce de stupéfiants, le petit Mbappé perce dans le foot.

 

2023, notre pays accueille une Coupe du Monde de rugby, qui malgré deux finales, se refuse à lui depuis toujours. Après un match grandiose en ouverture contre les Blacks, un poète namibien lui met un bon coup de casque lors de la défaite 96-0 de son équipe : bilan, fracture maxillo- zygomatique avec opération à suivre.

L’épisode va tenir le pays en haleine pendant trois semaines. Antoine est bien présent en quarts mais ne peut empêcher les Springboks de sèchement nous sortir… d’un point !

 

Le 2 février 2024, le XV de France ouvre le Tournoi contre l’Irlande… sans son iconique demi de mêlée. Le Toulousain a décidé de délaisser le XV pour le 7, avec les JO en point de mire. Le pari est audacieux, incertain, suicidaire diraient certains. D’autres vont même jusqu’à dire qu’il quitte le navire à un moment charnière de l’ère Galthié. Son planning est alors fait d’aller-retours entre les deux sports, avec come-back programmé à Toulouse pour les phases finales.

25 mai, victoire en Champions Cup.

28 juin, victoire en Top14.

Après une douche, quelques bières et une bonne sieste, Antoine rejoint ses potes du 7 à Marcoussis.

 

Kyllian a deux rêves de gamin, signer au Real et faire les JO à domicile. Manu y croit, nous y fait croire, mais Florentino n’est pas un philanthrope. Les 15 grosses coupes de la Maison Blanche ne sont pas un hasard !

Sa fin de saison pitoyable ne l’empêche nullement de fanfaronner qu’il flambera à l’Euro. Là encore, un coup de carafon va changer le cours de l’histoire. A la 86e minute du match contre l’Autriche, Kiki décide de tenter sa première tête depuis cinq ans. Il rate le ballon… mais pas l’épaule de Denso : bilan du crash, il s’éclate le pif. Après un suspens national insoutenable et un match de repos, le vengeur masqué reprend du service pour quatre prestations très éloignées de ses prétentions initiales. En deux ans le fils de la Nation, adoubé par Manu 1er, est devenu un sale gosse capricieux et insupportable avec ses partenaires. Mais en plus, l’ex chouchou du pays s’est totalement raté dans deux big matchs, les demies de l’Euro et en Ligue des Champions.   

 

Samedi 28 juillet, le 7 de France défie les Fidji, double champions olympiques en titre et invaincus en 17 matchs !

7-7 à la pause, Antoine entre à la mi-temps : une percée de 60 m suivie d’une passe décisive, deux essais, un café, l’addition, 27-7 !

Puissance, technique, mental, état d’esprit, humilité, détermination… beaucoup de fées se sont donné rendez-vous dans les Hautes-Pyrénées pour se pencher sur son berceau.

Une dinguerie. Dupont est devenu celui qui incarne l’autre devise tricolore :

 

Impossible n’est pas français.

 

Un adage que certains coachs feraient bien de méditer.

Si Karabatic déraille, Dupont est prêt pour le remplacer, idem si Wemby ou Lacazette se blessent. Il se murmure que Teddy Riner et Kevin Mayer pourraient bien lui laisser leur place…

 

Il arrive que la réalité dépasse la fiction, Superdupont est sorti des pages de sa BD. Marcel Gotlib doit sourire là-haut, bien calé entre les nuages.




LE MENEUR


De nos jours, chacun sait que le moindre diplôme se monnaye, du code au permis bateau. Dans le sport c’est encore moins cher, il suffit d’ouvrir la lourde de n’importe quel troquet… on peut même le faire de chez soi, c’est la magie des réseaux sociaux.

 

Les coachs, qu’ils soient de comptoir ou de canapé, sont sensibles au fond de jeu.  Et surtout, ces grands spécialistes ont identifié celui ou celle qui tire les rênes : le fameux organisateur, dépositaire du projet collectif, souvent relais de l’entraîneur sur le terrain. C’est le 10 au foot ou le meneur au basket, Platini, Zidane ou Parker. Au hand c’est le demi-centre, celui qui annonce les systèmes. C’est un malin qui voit bien le jeu et qui le distribue pour mettre ses partenaires en position favorable.


En 1990, la France sort du marasme et se qualifie pour le Mondial pour la première fois depuis 1970 !

A sa tête, Daniel Costantini a installé Gilles Derot au cœur du jeu, un jeune Marseillais doté de toutes les qualités que requiert ce poste. A quelques semaines du rendez-vous qualificatif pour les JO de 92, c’est la catastrophe : le demi-centre se blesse avant d’affronter la Hongrie en match de préparation. Contraint par ce coup du sort, le coach décide d’aligner une équipe inédite sans meneur de jeu de métier, avec trois arrières tireurs sur la même base, Lathoud, Volle et Debureau. Résultat, une victoire contre une Nation majeure qui nous bottait le cul depuis un moment. Quelques jours plus tard rebelote, les Tricolores s’adjugent la revanche. Le pauvre Derot en fera les frais, il regardera ses potes à la télé…

 

On connait la suite, 92, 95 et la douche dorée qui s’ensuit. Une mini révolution est en marche, une équipe peut aligner les titres sans véritable meneur, au sens où on l’entendait jadis. En 2024, devant l’indigence offensive des Bleus, le peuple réclame le scalp de Nedim Remili, pourtant MVP de l’Euro il y a quelques mois… et exige le retour de Kentin Mahé, demi-centre plus conventionnel, visiblement capable de prendre le jeu à son compte.

 

Si Aldo est le Copernic du hand français, le Yougoslave Sead Hasanefendic a beaucoup apporté à ce sport à la fin des années 80. Il avait l’habitude de dire que « le hand est un jeu d’échecs, l’arrière gauche en est le roi. » Volle, Lathoud, Fernandez, Karabatic et Narcisse, la lignée est des plus prestigieuses.

On ne va pas se mentir, Nikola est en bout de piste et N’Guessan n’a jamais réellement convaincu. Ceux qui peu ou prou ont posé leurs fesses sur un banc de touche savent bien que gagner un match sans arrières performants tient du bricolage. Com d’hab, Dika Mem répond présent, que ça soit au duel ou de loin, ses potes sont plus poussifs. On peut broder tous les scénarios, Guillaume Gille a amputé son équipe du danger nécessaire qu'est le roi de ce jeu. Tous les regards se tournent évidemment vers le si talentueux arrière gauche de Nantes, Aymeric Minne, souvent courtisé mais jamais invité au bal.

 

Dernière chose, on peut faire ce qu’on veut, Bolzinger, Desbonnet ou Gérard ne feront jamais oublier la légende Omeyer, facteur X de tant de victoires. De l’importance du gardien de but dans la perf d’une équipe, on se dit que Claude a eu bien de la chance. Titi apportait une sérénité extrême, à l’équipe et au staff, coupant court à tout débat : c’est lui qui jouait, il suffisait de sélectionner un binôme qui ne lui cassait pas trop les pieds.  

 

Guillaume Gille est à la croisée des chemins.

Lui qui n’avait jamais entraîné la moindre équipe avant les Bleus a prolongé son contrat, mais une déconvenue aux JO serait difficile à encaisser. Il se doit de faire un choix important.

Celui de l’orthodoxie lui imposerait de faire comme le mythique Onesta en s’appuyant sur la famille, en particulier les frangins Karabatic bien loin du top-niveau mondial… mais dont l’ainé a tellement donné.

Celui de l’audace serait d’envoyer Luka et Nikola en tribunes et d’appeler deux de ses réservistes, Tournat et Minne ; sortir un gaucher ou Karl Konan, pour faire une place à Mahé.

Philippe Bana ayant commis la lourde erreur de ne pas me confier le poste, ça doit crépiter sec dans la carafe du Drômois et de son adjoint.

 

Sinon il parait qu’en 2010, dans l’équipe de hand du Collège Gaston Fébus, Antoine Dupont a marqué 15 buts et fait 8 interceptions en demi-finale UNSS…     




C'EST TEDDY QUI L'A FAIT


Teddy Riner n’a attendu personne pour passer à la caisse. Que le colosse vende des voitures, harcèle ses collègues ou fasse l’ouverture d’un hypermarché à quatre heures du mat, ça finit toujours pareil : il tabasse tout le monde sur les tatamis !

26 juillet 2024, Teddy et Marie-Jo mettent le feu et s’invitent à la table de Mohamed Ali dans la légende olympique.

2 août 2024, il rejoint Nomura, le judoka le plus titré de l’histoire avec 3 médailles d’or individuelles. Si on ajoute celle de Tokyo par équipe, il devient le GOAT français, quelques heures avant d’être rejoint par Léon de Toulouse.

3 août 2024, il peut en engranger une 5e, comme Martin Fourcade sur la neige. Si on ajoute ses 11 titres mondiaux et ses 2 bronzes, il lui faut un cou de taureau pour toutes les porter.

 

Gravir l’Olympe… entrer dans la légende… la grandiloquence est souvent de mise quand on parle de sport. Un palmarès XXL est censé nous émoustiller, or, que le Real enquille 15 coupes aux grandes oreilles me laisse de marbre. En tout cas moins que les Verts avec une finale.

Remember Séville 82 !

Le sport, le vrai, n’est rien d’autre que de l’émotion, celle qui marque votre vie au même titre que votre mariage, la naissance de vos enfants… ou l’enterrement de votre grand-mère.

 

Alors là, en ce samedi estival, on envisage d’en avoir pour notre pognon… Quart, demie, on se dit que tout va pour le mieux avant la finale. Depuis trois ans, les Nippons ruminent leur humiliation de Tokyo. Pire, il nous est difficile d’imaginer ce que représente le Judo dans le Japon éternel : ne pas prendre sa revanche tiendrait de l’infâmie !

 

-90 hommes : 0-1, c’était prévu.

+70 femmes : 0-2, ça l’était déjà moins.

+90 hommes : 1-2, Teddy marque le premier point sur Saito

-57 femmes : 1-3, à 1-4 ça sera l’or et l’honneur retrouvé du pays du Judo.

 

A ce moment, l'argent se profile surtout que Hifumi Abe, superstar mondiale, se dresse sur notre route.  Au bout du bout du golden score, le gladiateur Joan-Benjamin Gaba sort indemne de la fosse aux lions et en ayant mis un pion à son prestigieux adversaire.  

 

-73 hommes : 2-3, steal alive.

-70 femmes : 3-3, la reine Clarisse gagne difficilement le match qu’il ne fallait pas perdre.

 

Et là, on bascule dans le cosmos.

MORT SUBITE ! Une des 6 catégories doit être tirée au sort : si vous deviez choisir, qui prendriez vous ? Personnellement, j’aurais bien une petite idée. En 2024, à l’heure de l’IA et du tout numérique, le plus grand évènement sportif mondial, regardé par des centaines de millions de téléspectateurs nous fait le coup de la Roue de la Fortune, sans Christian Morin et en version Fête à Neuneu.

Un tour, deux, une pauvre roue ralentit, freine… et s’arrête sur… Teddy Riner. On ne pouvait pas tomber mieux : qu’est-ce qui pourrait empêcher l’hercule de Pointe-à-Pitre de refaire la même chose qu’un peu plus tôt, découper Saito en rondelles.

Teddy va le faire, c’est sûr, c’est le moment précis où l’histoire bascule dans le tragique… pour son adversaire.


Saito est un bébé de 160 kilos, programmé et choisi pour perturber le Français qui les matraque depuis toujours. Tout un peuple attend que ça change, mais assiste au broyage inéluctable de son champion. Il ne fera jamais aussi bien que son père, le légendaire Hitoshi, double champion olympique. Des larmes inondent ses yeux plissés, Tatsuro chiale comme un moutard. On voudrait tant le rassurer, lui dire qu’on l’aime. A quel point n’aimerions-nous pas qu’il gagne ?

Mais ça va pas !

Il a fini le premier match asphyxié, Riner l’alpague, le malaxe, le mouline… et lui fait défier les lois de la pesanteur. Teddy et son peuple ne font qu’un, unis dans un bonheur indescriptible. Le lien est indestructible, Tatsuro sera ovationné sur le podium.

 

Et la suite ?

L’osmose est totale, pas facile de lui prédire un destin.

Il va certes engranger quelques royalties bien méritées, mais il ne s’arrêtera pas là. Matignon ? L’Elysée ? On verra bien, mais on n’imagine pas un ministre le contredire ou un député le chahuter. Trump ou Poutine seraient bien inspirés de rester polis avec lui.

 

Méluche, Marine et les autres l’ont rêvé, mais c’est Teddy qui l’a fait.

 



ORTHODOXIE


Ivo Karlovic est un joueur de tennis capable de perdre un match en claquant. Un exploit qui s’explique par la rusticité de son revers et la lenteur de son jeu de jambes.

 

Au beau milieu des années 80, l’équipe de France de handball se débattait au fond du faitout, entre la Belgique et les Iles Féroé.

20 ans pour un titre mondial, un peu plus de 30 pour l’olympique, l'ascension est vertigineuse; avec un palmarès sans égal sur la planète. Rien de tel qu’une piqure de rappel marxiste pour analyser cette success-story.

 

Le grand Karl nous explique que l’infrastructure conditionne tout le reste. Les JO de 1960 et 1964 ont été si catastrophiques que l’Etat a créé les sections sports-études. Nos élites gaullistes avaient compris que pour sortir du marasme, il fallait avant tout se creuser les méninges et mettre la main au portefeuille. Dans le hand comme ailleurs, l’objectif était un maillage complet du territoire avec si possible une structure, collège ou lycée, par département… même dans la Creuse ! Un écrémage de plus et certains de nos jeunes s’extirpaient de la base de la pyramide. Pour les plus valeureux de nos alpinistes, la grimpette conduisait aux pôles de haut niveau jusqu’au sommet si convoité, l’équipe de France.

 

Bilan des courses, de magnifiques joueurs sont formés, Gaffet, Cailleaux, Médard ou Carole Martin n’ont rien à envier au gotha mondial. Seul bémol, nos équipes prennent 15 pions dès qu’elles croisent la route des Russes ou des Allemands.

 

Grand spécialiste du genre, King Karl écrit qu’une bonne révolution nécessite un bouleversement des superstructures, autrement dit de l’idéologie : pour renverser la table, il faut changer les mentalités ce qui n’est pas le plus facile. Si Lénine, Castro ou Mélenchon incarnent le « Grand Soir », Costantini sera notre Copernic.

Tout le monde sait que Newton a découvert la gravité en prenant une pomme sur la courge pendant sa sieste. Le Marseillais est illuminé durant l’été 83 alors qu’il va se rafraîchir à la piscine d’un Hôtel des Carpates où sont logées les équipes qui disputent un célèbre tournoi. Sirotant une Tourtel bien calé dans son transat, le beau Daniel voit débarquer les Hongrois au bord du bassin : ces gars ne sont pas comme nous, tous taillés comme des hercules.

EUREKA !

Dorénavant, le handballeur tricolore devra béqueter de la fonte et enquiller les tours de piste. Rivaliser avec les meilleurs se payera en litres de sueur, il faudra passer de 4 entraînements par semaine à 2 par jour…

1995, 2001, Aldo peut prendre sa retraite avec 2 breloques dorées, mais sans titre olympique…

 

La succession s’avère compliquée avec une shortlist de 3 blazes, Canayer, Gardent et Onesta.

Responsable d’un site au Mondial 2001, c’est Claude qui tire les marrons du feu. Novateur en défense, il amène son club de Toulouse à la 3e place du championnat et gagne une coupe de France, avec dans ses troupes un certain Jérôme Fernandez.

Après 4 années de disette, il sauve sa tête de justesse en 2005 au Mondial tunisien.  Son prédécesseur était un coach autocrate qui gérait tout de A à Z, le Toulousain révolutionne le poste. Les victoires venant, il devient le chantre du management participatif : si certains joueurs sont associés au projet sportif de l’équipe, ils donneront le maximum. Concrètement, Claude délègue, fait confiance et va même jusqu’à donner à certains les clefs du camion, chacun dans son domaine de compétence. Lui chapeaute et veille à la cohérence de l’ensemble.

Avec 8 titres majeurs, dont 2 olympiques, la moisson est abondante ! Sans même se pencher sur le jeu, on peut estimer que ce bouleversement de structure et de mentalité a donné quelques résultats… Après 15 ans aux manettes, et une glorieuse décennie, d’aucuns disent qu’il faut passer la main.

 

On connait le palmarès de Didier Dinart et de Guillaume Gille.

Les deux successeurs sont d’immenses joueurs… néophytes dans le métier d’entraîneur. Si les choix de Philippe Bana peuvent surprendre, le changement est finalement dans la continuité. L’ombre du grand Claude plane sur les Bleus, certains cadres sont toujours là. Confiance, héritage, famille, la philosophie est identique, voire poussée à son paroxysme.

Les temps-morts participatifs ne sont pas nouveaux, mais celui que nous avons vécu à 6 secondes de la fin du quart est… étrange.

Fallait-il le prendre ?

Fallait-il qu’un joueur le gère ?

Ne fallait-il pas l’aider en donnant quelques consignes simples d’écartement et d’étagement, comme avec les U13 de Brie-Comte-Robert ? En particulier en demandant à une ou deux mobylettes, Porte ou Descat de se proposer en soutien …

La faute à qui dans une passe ratée, passeur ou réceptionneur ? C’est souvent 50/50, comme dans un accident de bagnole ! Dans ce cas, les lèche-bottes d’hier sont les vipères d’aujourd’hui… et inversement… en particulier ceux qui n’ont jamais posé leurs fesses sur un banc de touche.  


Jean-Aimé Toupane n’avait jamais coaché de filles. En 2021, la FFB lui confie les destinées de l’équipe de France féminine. Les débuts sont difficiles, le bronze à l’Euro 2023 est un verre à moitié plein. L’acte fondateur de son mandat restera peut-être l’éviction de notre GOAT, l’immense Sandrine Gruda… comme Onesta le fit jadis avec père de Melvin.

 

Guillaume Gille a peut-être été trop conservateur, dans ses choix comme dans son management. Hormis nos grands penseurs, on ne le saura jamais vraiment.

Nikola et d’autres s’en vont, pas de dilemme pour GG ; son président l’a récemment prolongé, à lui de voir s’il a fait une connerie.

 

Un journaliste interrogeait Stéphane Nomis, le président de la FFJDA, après le triomphe de la bande à Teddy.  

 

-       Dès lundi le travail commence.

-        ???

-       Comme on a gagné, il faut tout changer !

 

Ivo a perdu plus de matchs qu’il en a gagné.

Les Bleus ont perdu leur quart… avec 25 arrêts de Vincent Gérard. C’est presqu’un exploit !




ANTOINE, TEDDY, LEON ET LES AUTRES…


Teddy a allumé la vasque, Léon l’a éteinte.

Se demander qui est le roi des Jeux revient à comparer Louis XIV et Napoléon. Si Paris 2024 a été un cauchemar pour la Fédération Française de la Loose, c’est bien Antoine qui dès le premier jour a mis le feu à la fusée tricolore.

 

Cette breloque est un miracle. Avant de jouer les Bleus en finale, les Fidjiens n’ont pas perdu le moindre match en trois olympiades. 7-7 à la mi-temps, le numéro 25 qui entre n’a que 3 mois de 7 dans les jambes. 5 minutes après, c’est comme si Ngapeth finissait champion olympique de beach-volley à Los Angeles !

Dès lors, plus rien n’est impossible…

 

Teddy, c’est la démesure faite homme.

Ce 2 août 2024, l’homme qui foule le tapis de l’Aréna Champ-de-Mars est hors-norme. 2m03, des biceps plein le Kimono, il faut être suicidaire pour lui voler sa Pitch. Généralement, les champions nous expliquent qu’une vie de sacrifices est essentielle pour réussir. Vos potes rentrent de boite, vous partez à l’entraînement au petit matin gris ; ils s’empiffrent, vous mangez une salade; ils éclusent, vous buvez une Sanpé. … Teddy n’est pas un ascète, pubs, télés, BBQ, people… il survole les pièges dans lesquels les autres se vautrent comme des daubes. C’est incroyable, ce gars n’est pas fait comme les autres : il vit bien, s’entraîne dur, se remplit les poches et annonce qu’il va gagner ; mais surtout, il le fait. Il décide de tout, choisit son staff, s'installe au Maroc. Les potes s'entraînent Porte de Chatillon, il multiplie les stages au Japon ou en Asie centrale. Avec 2 titres olympiques et 11 mondiaux, il est déjà le GOAT.

Un premier match poussif, un quart en contrôle, notre colosse concasse ses adversaires en demie et en finale. Le lendemain en équipe, il tabasse deux fois le pauvre Hitoshi Saitō pour une victoire monumentale. Alors qu’il pourrait largement s’offrir quelques bokits et une bouteille de Damoiseau, il annonce qu’à 39 ans il sera de la fête californienne en 2028… pour gagner !

Impossible n’est pas français, c’est Bonaparte qui l’a dit.

2 médailles d’or à Paris, c’est Teddy qui l’a fait.

Si l’Empereur repartait à la guerre, il aurait son général en chef…

 

Napo… Léon.

Thomas Pesquet règne dans le ciel, les tatamis ont un roi, il nous fallait notre Aquaman. Fils de deux olympiens, le petit Marchand s’essaye au judo et au rugby avant de revenir au bercail. Il n’est pas le meilleur, mais en 2017, ses nageurs de parents lui conseillent le 400m 4 nages. Le gringalet s’y régale et accessoirement empoche son bachot scientifique mention Très Bien.

Un premier titre aux France en 2019,  deux autres l’année suivante, il s’attache les services d’un préparateur mental après un burn post covid. En 2021, il finit 6e du 400 4 nages à Tokyo après 3 nouveaux titres hexagonaux, fait ses valises et s’envole pour Arizona State.

Bob Bowman, le mentor de Michael Phelps, veillera désormais sur sa destinée. véritable truite, le Toulousain glisse comme personne, sur l’eau comme dessous. Avec 5 titres mondiaux en deux ans, la légende est en marche.

Le 28 juillet 2024, le jeune homme réservé a fait place à une rock star adulée par 15000 fans déchaînés et tout un pays. Sans surprise, il survole SA course en collant 6 secondes au deuxième : et d’un !

Le 31 juillet, en retard au dernier virage, un marlin sort de sa coulée, grignote et vient coiffer le recordman du monde du 200 pap : et de deux !

1heure plus tard, il domine le 200 brasse : et de trois !

Le 2 août, il s’adjuge le 200 4 nages assez tranquillement : et de quatre.

Seuls Phelps et Spitz ont fait mieux, mais ils sont à la retraite ; lui a encore le temps…

 

La France entière s’est amourachée du petit Léon.

Une relation forte et pure, sans tambours ni trompettes. Dans quelques jours, il retraversera l’atlantique, son maillot de bain dans sa valise.

 

Antoine, Teddy et Léon sont des héros qui mettront leurs titres à profit, c’est un juste retour sur investissement. King James n’a pas attendu l’olympisme pour palper, il est déjà milliardaire !

Une nana magnifique vous regarde, sourit et vous tend les bras. Elle s’avance, ses yeux pétillent, elle vous dépasse et roule une grosse galoche au petit chanceux derrière vous. Sa Majesté Lebron elle-même vient de subir ce gag vieux comme le monde. Team USA étripe le Brésil en quart, le meilleur marqueur NBA de l’histoire vient s’assoir sur le banc pour un repos bien mérité.

 

Lebron !

Lebron !

Lebron !

 

D’un petit geste, l’icône planétaire salue ce public qui l’adule.

Les 15000 spectateurs du POPB aiment le basket et son roi, mais c’est un visiteur de marque qu’ils acclament. 20 piges de NBA, c’est moyen pour la modestie… et l’audition. Le triomphe est en réalité un sketch comique.

 

Léon !

Léon !

Léon !

 

Un nageur français est entré dans l’histoire.




IMPOSSIBLE N'EST PAS CUBAIN


 « Le capitalisme sacrifie l’Homme… Le communisme sacrifie les droits de l’Homme. »

C’est pas moi qui le dit, c’est Fidel Castro.

Son bilan est contrasté, mais n’est-ce pas la raison d’être d’un tel exercice ?

 

Plutôt conciliante au départ, la CIA a tout fait pour lui savonner la planche. Embargo, mycète du tabac ou smut de la canne à sucre entre autres amabilités, Fidel a survécu à 638 projets d'assassinats, un record du monde. De 1959 à 2000, chaque président y est allé de sa tentative : 38 sous Eisenhower, 42 sous Kennedy, 72 sous Johnson, 184 sous Nixon puis Ford, 64 sous Carter, 197 sous Reagan, 16 sous Bush et 25 sous Clinton, le cowboy d’Hollywood est celui qui aura le plus dégainé son colt.

L’économie a été nationalisée, tout le monde a pu s’instruire et se soigner, un peu moins se remplir la panse. Enfin le peuple, parce que d’ex fonctionnaires ont estimé la fortune du Líder máximo à 900 millions de dollars en 2006. Celui-ci a démenti et annonce ne gagner que 900 pesos (40 $US) par mois.

 

« Je ne suis pas né totalement pauvre. Mon père possédait des milliers d'hectares de terre. À la victoire de la révolution, toutes ces terres ont été remises aux paysans. […] Toute ma fortune, M. Bush, tient dans la poche de votre chemise ! »

 

Il déclare à tout va habiter une humble cabane de pêcheur. L'un de ses anciens gardes du corps, Juan Reinaldo Sánchez, n’a pas la même notion de la modestie. Il décrit une propriété luxueuse s'étendant sur deux îles reliées par un pont, entourée d'un périmètre délimité ultra protégé, avec piste d'hélicoptère, restaurant flottant, et zoo marin. Il affirme également que Castro participait pour des raisons stratégiques à des trafics de cocaïne aux États-Unis desquels le régime se gavait.

 

Le Cubain crève la dalle au soleil et se sape rarement chez Saint-Laurent. S’il l’ouvre un peu trop, il part méditer dans un camp de « travail et de rééducation ». La misère est moins pénible au soleil, mais on cavale plus vite quand on a le ventre vide : s’il veut étudier ou faire du sport c’est une autre histoire, tout sera fait pour qu’il réussisse…

 

Quand Juantorena foule la piste, le divin s’invite au stade. Il faut avoir vu l’élégance et la puissance de sa foulée, son port de tête pour comprendre qu’Alberto est assis à la même table que Jordan et Federer : celle des artistes. 

Et des artistes qui gagnent puisqu’à ce jour, il reste le seul athlète à avoir réussi le doublé 400-800 aux Jeux. Au-delà de cette absurdité physiologique, ce gars n’avait jamais dépassé le tour de piste avant début 76… quelques mois avant Montréal… comme si quelqu’un commençait le 7 en 2024, avant de décrocher l’or à Paris.

 

Avec plus de 300 victoires en amateur, Teófilo Stevenson est un des plus grands poids lourds de l’histoire. Fidèle à la révolution cubaine, il refuse le million de dollars qui lui est offert pour affronter Mohammed Ali. Il est trois fois champion olympique de 72 à 88, et l’aurait sans doute été une quatrième sans le boycott de Los Angeles en 84.

 

Le poids lourd Félix Savón a gagné 360 combats amateurs. Comme son illustre aîné, il s’est offert trois médailles d’or consécutives 92, 96 et 2000, et accessoirement 6 titres mondiaux. Le boycott de Séoul en 88 l’en a également privé d’une quatrième. Ses convictions révolutionnaires l’ont lui-aussi amené à refuser une offre de 10 millions, pour affronter Mike Tyson.

 

Le copié/collé est remarquable, mais quelqu’un a fait encore plus fort…

Le lutteur Mijaín López Núñez est comme ses compatriotes un fidèle du régime admirateur de Castro. Il a été 4 fois porte-drapeau mais surtout, c’est le seul athlète de l'histoire moderne des Jeux à avoir remporté cinq médailles d’or individuelles en cinq olympiades consécutives. Deux de plus que Teddy…

A Paris, c’était son dernier combat.

 

Devant les caméras du monde entier, le colosse s’est déchaussé et a laissé ses chaussures au centre de la palestre.

La fête est finie, Fidel n’est plus là pour le décorer. Le député Núñez va tranquillement rentrer sur son île pour siéger à l’Assemblée nationale du pouvoir populaire.

 

 

 

 

 

 

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