Neymar dansait la samba
Dans le bus il chanta
En cet instant crucial
Il est là seul qui chiale
Les Argentins ont le tango, les Portugais le fado.
Nous les Français, nous avons Freed From Desire : les vestiaires des Bleus sont une boite de nuit où de joyeux gaillards chantent ce titre à tue-tête avant d’aller s’emmancher dans les douches torrides de Doha.
La samba, c’est le blues des Brésiliens.
Un blues joyeux qui trouve ses racines dans l’esclavage et les traditions religieuses. Plus qu’une danse, une façon d’être. Que dis-je, un art de vivre, permettant à des crève-la-dalle de subsister dans des cabanes en tôle, de sniffer de la colle au lieu de bouffer et de jouer au foot en voyant la vie en rose. C’est bien connu, la musique adoucit les mœurs, comme jadis la morsure du fouet…
D’aucuns diraient que c’est dans les gènes Auriverde.
Ça fait bien longtemps que Ney et ses potos ont déserté les favelas du bled. Aujourd’hui, c’est plutôt Bentley, palaces et haute couture. Le caviar et le Dom Pérignon ont remplacé la colle, mais ça n’empêche pas ces artistes du ballon rond de danser la samba. CQFD, c’est profondément ancré dans la culture de ce peuple.
Avec 5 étoiles, c’est la nation majeure du foot, comme le Real en Ligue des Champions. Seul problème, leur dernier titre remonte à 2002. Pire, ça fait 20 piges que la Seleção ne dépasse pas las quarts. Seule exception en 2014 dans leur Mundial où ils se hissent en demi : 7-1 contre les Allemands, une humiliation nationale ! Ils auraient mieux fait de perdre au tour précédent …
En poste depuis 2016, on se disait que Tite avait fini par rendre son lustre d’antan à cette équipe. Des stars qui se mettent au service du collectif, des remplaçants de luxe qui jouent le jeu, un état d’esprit remarquable… tous les voyants sont au vert. Dans l’esprit du public comme dans le portefeuille des bookmakers, le Brésil est archi favori de la compèt.
Neymar s’est blessé à la cheville. Terminé le poker et la caïpirinha, il se soigne 12H par jour dans la clinique Aspetar du docteur Chalabi. Vinicius est devenu un modèle de régularité, Tiago Silva n’a plus chialé depuis trois ans et Marquinhos règne en maître dans sa surface.
Sûrs de leur force, ils ont même répété une vingtaine de célébrations pour chaque but qu’ils mettront. Pas le petit geste ou les trois pas de danse, mais des chorégraphies dignes du carnaval de Rio. Le coach nous a gratifié d’une samba, le « Ney » est même allé jusqu’à ajouter une 6e étoile sur son short.
Provocation, motivation, joie de vivre ou simplement culture brésilienne ?
Toujours est-il que dans le sport de haut niveau, l’humilité même feinte est souvent de rigueur. Respecter l’adversaire n’est pas une posture morale. C’est avant tout un moyen de se mettre en ordre de marche pour affronter une victime expiatoire. Accessoirement, ça permet de ne pas lui donner matière à trop se motiver.
Les Croates ont fait un match magnifique de rigueur tactique, de courage et d’investissement physique. Modric et ses potes ont embarqué la Seleção aux pénos. Et ça, on peut dire que la Croatie sait faire.
Un gardien exceptionnel et des nerfs d’acier, l’affaire est dans le sac.
A la 117e, le pauvre Marquinhos a contré une frappe de Petkovic qui sans cela, n’aurait jamais finie dans les filets d’Alisson. Pire, dix minutes plus tard il trouve le poteau de Livanović sur le 5e tir au but, celui qui aurait permis à son équipe de rester en vie !
Le Brésil ayant chanté
Tout l’été
Se trouva fort dépourvu
Quand le quart fut venu
On pense fort à Christophe Galtier qui va récupérer ses deux joueurs en pleine bourre avant de se farcir le Bayern dans quelques semaines . Il parait que Ney va passer ses vacances à la clinique Aspetar, avec au programme, un peu de cardio et une cure d’eau pétillante. Quant à Marqui, on lui a confisqué tous ses lacets et ses ceintures en croco …
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