Il n’est pas rare de laisser son SMIC au casino, au chemin de fer comme à la roulette. Un peu moins à la table des négociations, où le cheminot a une vraie chance de décrocher le jackpot !
Sans le syndicalisme, on se demande où en serait l’homme, sauvagement exploité par le capitalisme. Au prix de luttes parfois sanglantes, nos glorieux anciens ont arraché quelques avantages sociaux qui permettent aujourd’hui à 86 % de nos compatriotes de vivre au dessus du seuil de pauvreté… et à 54 % d’entre nous de partir en vacances. Malgré ces belles victoires, nos ardents défenseurs de la veuve et de l’ouvrier ont encore du boulot : le nombre de licenciés à la Fédération Française de Polo a encore chuté !
La SNCF est un des fleurons de notre économie.
Elle a toujours su rester debout, en particulier dans les périodes noires de notre histoire. Alors que beaucoup avaient mis la clé sous la porte, cette entreprise a courageusement continué à faire son métier entre 1942 et 1944. Sans son professionnalisme, on se demande bien comment 76 000 juifs auraient pu partir en Allemagne ? Même chose pendant le Covid où les trains roulaient malgré la mort qui rodait. Au péril de leur vie et sans même réclamer un prime de risque, de braves agents ont là aussi assuré la continuité du service.
De trop nombreuses légendes urbaines ternissent son image, comme la fameuse « prime de charbon » qui n’existe plus depuis 1971. Et c’est terminé pour la retraite à 52 ans, des seniors grabataires prennent désormais le manche de bolides qui dépassent le 380 !
A qui peut bien profiter ce dénigrement systématique ?
Aux jaloux qui ont du mal à admettre ce chef-d’œuvre d’ascenseur social. Il faut dire que le taux d’encadrement y est de un pour quatre employés, ce qui doit constituer un record mondial. Sans être férus d’économie, essayons d’envisager la rentabilité d’une usine de production de boites de conserves avec un cadre pour quatre ouvriers !
Et que serait la vie avec un prof pour quatre élèves, ou un soignant pour quatre patients ?
Il est grand-temps pour Sud-Rail de faire des émules…
En première ligne contre contre la réforme des retraites, les syndicats de cheminots ont comme toujours fait passer l’intérêt commun avant le corporatisme : ils ont protesté au nom de tous, avec cette noblesse qui les honore. A chaque grand départ, les usagers se régalent en passant trois plombes sur un quai avec trois marmots qui chialent et une belle-mère qui se fait dessus… à moins que ça ne soit l’inverse. Avachis dans leur canapé, 46 % des Français regardent ça d’un œil amusé à la télé. Tous ces voyageurs immobiles savent bien que la faute incombe à une direction totalitaire qui refuse le dialogue social après avoir augmenté les salaires de 6 %… alors que les Captain Iglo en ont pris 9. Pour ceux qui se sentiraient pris en otage, le syndrome de Stockholm n’est jamais très loin.
Les vacances c’est quatre fois par an, les Jeux chez nous, une fois par siècle.
Autant dire l’occasion rêvée de lutter contre le libéralisme sauvage. C’est le plus grand évènement médiatique qui soit, le monde entier aura les yeux rivés sur l’Hexagone, pas question de passer pour une République bananière. Peu enclin à entrer dans l’histoire par la petite porte, notre président a ressorti la planche à billets… celle du quoi qu’il en coûte, en surchauffe pendant le Covid.
Ça doit se voir, comme la Tour Eiffel au milieu du Champs de Mars, il n’en fallait pas tant pour aiguiser l’appétit de certains roublards.
Les policiers ayant réussi à gratter 1900 € de prime JO, les salariés du rail devront se contenter au mieux des 1500 balles accordés par Pierre Farandou, leur cher PDG. Au final, chaque fonctionnaire du pays impliqué se verra accorder 500, 1000 ou 1500 € en fonction de son degré de mobilisation, avec une cerise sur la gâteau pour les missions de sécurité.
Pas de quoi s’envoler pour les Seychelles, mais certains pourront partir au camping de Melun ou au VVF de Saint-Jean-de-Monts. Au pire, ça financera la saison estivale de BBQ.
Dès que ça flaire une ripaille
De morts sur un champ de bataille
Dès que la peur hante les rues
Les loups s’en viennent la nuit venue (1)
Ce n’est pas moi qui l’écrit, c’est Reggiani qui le chante.
Comme les loups jadis, les syndicats sont entrés dans Paris. Le pouvoir de nuisance est une arme de dissuasion massive : RATPistes, aiguilleurs du ciel et éboueurs se sont déjà attaqués aux injustices flagrantes qui les frappent. Mention spéciale aux contrôleurs aériens qui ont réussi à obtenir une augmentation de 25 % sur cinq ans : il faut dire que leur traitement peine à dépasser les 5000 € mensuels primes comprises, une misère …
Les taxis, raffineurs et chiens d’aveugles ne devraient pas tarder…
Mais pourquoi en rester à de basses revendications salariales ?
Là encore, les forçats du rail ont tiré les premiers : ils ont mis la pression à Farandou pour gratter 2 ans de retraite. Il était temps de reconnaître l’insupportable pénibilité dont ils sont victimes au travail.
La digue se fendille, la RATP et d’autres ne vont pas tarder à s’engouffrer dans la brèche…
Le 25 mai, les profs seront dans la rue, le 26, ça sera le tour des conducteurs de bus de l’agglomération limougeaude. Moins tendance que le breakdance, le lancer de bouses de vache n’est pas encore au programme des Jeux : la capitale de la porcelaine n’est pas ville olympique. Quelque chose me dit que les machinistes obtiendront au mieux une rallonge de 50 centimes sur leur prime de panier. Quant à nos chers enseignants, tant qu’ils ne foutront pas le bordel au Bac ou dans Parcoursup…
Des lecteurs mal intentionnés pourraient qualifier certains représentants professionnels d’opportunistes. Mais il est une entreprise publique qui n’a pas attendu 2024 pour se dresser contre de scandaleuses conditions de travail : La Poste !
La lutte est permanente.
Sonner chez quelqu’un pour lui remettre un recommandé est insupportable. Surtout si ce salaud se pavane chez lui alors que le facteur brave le froid sur son vélo.
L’obliger à faire une queue de 20 minutes au bureau de poste est normal, surtout si le guichetier lui annonce que le courrier sera prêt le lendemain.
- Mais il y a marqué le 17 à partir de 14h00 !
- Ah oui mais il est 15h00 !
- ???
- On n’a pas eu le temps de trier.
- Mais pourquoi indiquer une date ?
- Monsieur, si vous n’êtes pas satisfait, vous pouvez faire une réclamation…
C’est la lutte finale, on ne fait pas d’omelette sans casser quelques œufs.
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