Ivo Karlovic est un joueur de tennis capable de perdre un match en claquant. Un exploit qui s’explique par la rusticité de son revers et la lenteur de son jeu de jambes.
Au beau milieu des années 80, l’équipe de France de handball se débattait au fond du faitout, entre la Belgique et les Iles Féroé.
20 ans pour un titre mondial, un peu plus de 30 pour l’olympique, l'ascension est vertigineuse; avec un palmarès sans égal sur la planète. Rien de tel qu’une piqure de rappel marxiste pour analyser cette success-story.
Le grand Karl nous explique que l’infrastructure conditionne tout le reste. Les JO de 1960 et 1964 ont été si catastrophiques que l’Etat a créé les sections sports-études. Nos élites gaullistes avaient compris que pour sortir du marasme, il fallait avant tout se creuser les méninges et mettre la main au portefeuille. Dans le hand comme ailleurs, l’objectif était un maillage complet du territoire avec si possible une structure, collège ou lycée, par département… même dans la Creuse ! Un écrémage de plus et certains de nos jeunes s’extirpaient de la base de la pyramide. Pour les plus valeureux de nos alpinistes, la grimpette conduisait aux pôles de haut niveau jusqu’au sommet si convoité, l’équipe de France.
Bilan des courses, de magnifiques joueurs sont formés, Gaffet, Cailleaux, Médard ou Carole Martin n’ont rien à envier au gotha mondial. Seul bémol, nos équipes prennent 15 pions dès qu’elles croisent la route des Russes ou des Allemands.
Grand spécialiste du genre, King Karl écrit qu’une bonne révolution nécessite un bouleversement des superstructures, autrement dit de l’idéologie : pour renverser la table, il faut changer les mentalités ce qui n’est pas le plus facile. Si Lénine, Castro ou Mélenchon incarnent le « Grand Soir », Costantini sera notre Copernic.
Tout le monde sait que Newton a découvert la gravité en prenant une pomme sur la courge pendant sa sieste. Le Marseillais est illuminé durant l’été 83 alors qu’il va se rafraîchir à la piscine d’un Hôtel des Carpates où sont logées les équipes qui disputent un célèbre tournoi. Sirotant une Tourtel bien calé dans son transat, le beau Daniel voit débarquer les Hongrois au bord du bassin : ces gars ne sont pas comme nous, tous taillés comme des hercules.
EUREKA !
Dorénavant, le handballeur tricolore devra béqueter de la fonte et enquiller les tours de piste. Rivaliser avec les meilleurs se payera en litres de sueur, il faudra passer de 4 entraînements par semaine à 2 par jour…
1995, 2001, Aldo peut prendre sa retraite avec 2 breloques dorées, mais sans titre olympique…
La succession s’avère compliquée avec une shortlist de 3 blazes, Canayer, Gardent et Onesta.
Responsable d’un site au Mondial 2001, c’est Claude qui tire les marrons du feu. Novateur en défense, il amène son club de Toulouse à la 3e place du championnat et gagne une coupe de France, avec dans ses troupes un certain Jérôme Fernandez.
Après 4 années de disette, il sauve sa tête de justesse en 2005 au Mondial tunisien. Son prédécesseur était un coach autocrate qui gérait tout de A à Z, le Toulousain révolutionne le poste. Les victoires venant, il devient le chantre du management participatif : si certains joueurs sont associés au projet sportif de l’équipe, ils donneront le maximum. Concrètement, Claude délègue, fait confiance et va même jusqu’à donner à certains les clefs du camion, chacun dans son domaine de compétence. Lui chapeaute et veille à la cohérence de l’ensemble.
Avec 8 titres majeurs, dont 2 olympiques, la moisson est abondante ! Sans même se pencher sur le jeu, on peut estimer que ce bouleversement de structure et de mentalité a donné quelques résultats… Après 15 ans aux manettes, et une glorieuse décennie, d’aucuns disent qu’il faut passer la main.
On connait le palmarès de Didier Dinart et de Guillaume Gille.
Les deux successeurs sont d’immenses joueurs… néophytes dans le métier d’entraîneur. Si les choix de Philippe Bana peuvent surprendre, le changement est finalement dans la continuité. L’ombre du grand Claude plane sur les Bleus, certains cadres sont toujours là. Confiance, héritage, famille, la philosophie est identique, voire poussée à son paroxysme.
Les temps-morts participatifs ne sont pas nouveaux, mais celui que nous avons vécu à 6 secondes de la fin du quart est… étrange.
Fallait-il le prendre ?
Fallait-il qu’un joueur le gère ?
Ne fallait-il pas l’aider en donnant quelques consignes simples d’écartement et d’étagement, comme avec les U13 de Brie-Comte-Robert ? En particulier en demandant à une ou deux mobylettes, Porte ou Descat de se proposer en soutien …
La faute à qui dans une passe ratée, passeur ou réceptionneur ? C’est souvent 50/50, comme dans un accident de bagnole ! Dans ce cas, les lèche-bottes d’hier sont les vipères d’aujourd’hui… et inversement… en particulier ceux qui n’ont jamais posé leurs fesses sur un banc de touche.
Jean-Aimé Toupane n’avait jamais coaché de filles. En 2021, la FFB lui confie les destinées de l’équipe de France féminine. Les débuts sont difficiles, le bronze à l’Euro 2023 est un verre à moitié plein. L’acte fondateur de son mandat restera peut-être l’éviction de notre GOAT, l’immense Sandrine Gruda… comme Onesta le fit jadis avec père de Melvin.
Guillaume Gille a peut-être été trop conservateur, dans ses choix comme dans son management. Hormis nos grands penseurs, on ne le saura jamais vraiment.
Nikola et d’autres s’en vont, pas de dilemme pour GG ; son président l’a récemment prolongé, à lui de voir s’il a fait une connerie.
Un journaliste interrogeait Stéphane Nomis, le président de la FFJDA, après le triomphe de la bande à Teddy.
- Dès lundi le travail commence.
- ???
- Comme on a gagné, il faut tout changer !
Ivo a perdu plus de matchs qu’il en a gagné.
Les Bleus ont perdu leur quart… avec 25 arrêts de Vincent Gérard. C’est presqu’un exploit !
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