Marcel Pichon est un citoyen landa.
Comme Mikel.
Il a 11 points sur son permis et paye régulièrement ses impôts. Son pass vaccinal est à jour et son casier est plus vierge que celui de son sénateur-maire. Il n’a pas grand-chose à se reprocher, peut-être un léger coup de canif de temps à autre, mais il faut dire que son épouse n’est pas épargnée par les migraines.
Le tableau serait idyllique s’il n’avait pas succombé à la tentation numérique.
Après de longues recherches, il s’est trouvé une commode Ikéa à 35 €. Le vendeur est plutôt cool, il a baissé le prix de 5 €. Surtout, il a démonté le meuble en particules de bois et contreplaqué du Mexique. Seule petite ombre à ce tableau de maître, il devra se coltiner la Francilienne dimanche jusqu’à Melun. Un détail.
Mais l’ingratitude pèse plus lourdement sur l’homme que la fidélité chez le Bonobo. Alors qu’un brave Melunais a donné sa parole de lui réserver jusqu’au week-end malgré des centaines de propositions, Marcel s’est montré faible.
Les yeux injectés de sang, il est tombé dans le piège du Bon Coin. Machinalement, il a consulté d’autres annonces :
Vends commode Ikéa neuve encore emballée.
Prix : 15 €
Le plus étonnant dans cette histoire incroyable n’est pas qu’il s’agisse du même modèle, mais que le vendeur soit à Pontault-Combault. Comme lui !
Un petit message ne l’engage à rien, il se rend compte qu’il habite dans sa rue.
Un voisin !
Deux heures plus tard, l’affaire est dans le sac, le voilà propriétaire d’une commode KULLEN blanche à 5 tiroirs.
Le gars de la première annonce apprécie moyennement le message de Marcel, mais après-tout, 80 bornes valent bien un cas de conscience, surtout à 1€95 le litron de gasoil.
Pour le diner, sa petite femme lui a mijoté un bon petit plat, des cannellonis siciliennes de chez Picard. Ce soir, Fabienne n’a pas la migraine. Chevalière de l’ordre moral, elle lui reproche sa légèreté.
- Marcel, tu t’étais engagé !
- C’est si peu.
- Une parole est une parole.
- Ce n’est pas bien grave.
- Si Marcel, ça l’est !
Autant dire que la nuit ne s’annonce pas des plus torrides…
Si Marcel joue un peu au pingpong, Cristiano et Lionel taquinent la baballe avec leurs arpions. Un jeu assez lucratif, puisqu’à deux, ils cumulent plus de 2 milliards d’€, 12 ballons d’or, 1550 buts et 700 millions de followers sur Insta.
Une broutille.
Au-delà de chiffres qui donnent le tournis, ces deux icones sont avant tout des mecs bien. Des exemples, et pas seulement pour leurs œuvres caritatives.
Après une année au bled, Ronaldo rejoint le Manchester de Sir Alex pour 6 saisons. Puis c’est la consécration avec 9 piges au Real.
Un soir de mai 2018, le fier ibère ne supporte pas d’avoir été médiocre lors d’une victoire en Ligue des Champions. Résultat, il quitte la Maison Blanche pour rejoindre la Vieille Dame. C’est le début d’un parcours chaotique.
Après trois années controversées, il quitte la Juve. Jorge Mendes, son agent carnassier, le propose à la terre entière, avec une tendresse particulière pour la lucrative Premier League. Pep l’ayant recalé sans vergogne, CR7 revient à United avec conviction. C’est avec amour et un immense respect qu’il reportera la tunique rouge de ces premières amours. Mais avec une humilité relative puisqu’il décide de quitter le navire quelques mois plus tard, en mettant une pression invraisemblable à ses dirigeants.
Résultat, personne ne veut de la diva qui se retrouve assis comme un clochard sur le banc d’Old Trafford. Avec 455 000 € par semaine, à peine de quoi se payer quelques litrons de Villageoise !
Messi incarne le Barça.
A 13 ans, il traverse l’atlantique pour rejoindre le club catalan, l’Argentin sait qu’il y finira sa carrière. La fidélité chevillée au corps, comme Maldini au Milan. Après plus de 20 saisons à porter le maillot Blau grana, il voit son club progressivement sombrer dans la faillite. En 2021, c’est la mort dans l’âme qu’il décide de s’en aller, pour sauver un monument en péril. N’écoutant que son courage, il n’hésite pas à se mettre en danger en rejoignant le PSG, pour la modique somme de 40 millions par an.
Marcel Pichon est un salaud.
Il est revenu sur sa parole pour 15 balles, ce qui est minable.
Qui peut dire qu’à la place de Lionel et Cristiano, il ne ferait pas exactement la même chose ?
Les deux loustics aiment l’oseille, le foot et surtout leur modeste personne. Un ego surdimensionné comme on dit. C’est certainement le moteur d’une réussite incroyable. Certains « journalistes » ont construit leur mythe, loin du côté vorace de leur idole. Entre adulation et léchage de crampons.
Interview :
- Leo, vous jouez pour l’oseille ?
Ou alors :
- Cristiano, vous vous comportez comme un sale con avec vos coéquipiers. Vous ne respectez pas votre équipe ?
Si quelqu’un osait une telle question, ça serait sa dernière !
Là-encore, imaginez-vous jeune reporter sur Canal, oseriez-vous le faire ?
Mais que des millions d’idolâtres les vénèrent, ça peut poser question.
Sur le sport.
Sur le monde.
Sur Marcel Pichon.
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