Depuis qu’il a arrêté le Ricard, la voile et le socialisme, Renaud a remis la barre à bâbord, toute ! Si en 2017, il avait appelé à voter Macron, cette fois-ci il donnera sa voix au « candidat le plus à l’extrême gauche, quasiment un anar ».
Après Moustaki en 2012, Poutou peut compter sur le soutien d’un autre géant la Chanson Française. Il espérait bien obtenir celui de Lalanne, avec qui il avait partagé quelques merguez il y a trois ans sur un rond-point. Mais depuis sa fessée électorale d’Evry, il parait que Francis montre moins d’intérêt pour la chose politique.
Licencié de Ford en 2019, Philippe est un ouvrier, un vrai. C’est le seul présent aux présidentielles, et même depuis fort longtemps.
Avec Macron et Le Pen en pole-position, le grand soir et la dictature du prolétariat risquent fort de ne pas être au programme avant un certain temps.
En 1789, une situation financière désastreuse avait poussé le Roi à convoquer les Etats Généraux. Louis avait gardé la tête sur les épaules, la révolution était restée pacifique et bourgeoise avec la constitution d’une monarchie constitutionnelle.
En 92, les sans-culottes précipitent son abolition. Devant la menace des Girondins, des Vendéens et des monarchies voisines, les députés de la Convention instaurent le gouvernement révolutionnaire d’un état d’exception, la « Terreur ». Une justice délicieusement expéditive va permettre à des milliers de condamnés de goûter aux joies de la fameuse « Guillotine ».
Il n’y aura pas de jaloux, des nobles aux jacobins, des girondins aux montagnards, tout le monde tâtera de sa lame acérée.
Une ronde infernale où les accusateurs d’un jour sont les accusés du lendemain. Cette fois, le roi Louis n’y coupera pas, suivi de Danton et de beaucoup d’autres. Jusqu’à Robespierre, lui qui avait envoyé tant de monde se faire raser le cigare.
En 95, la bourgeoisie enrichie par la spéculation sifflera la fin de la récré. Les républicains modérés instaureront le régime du Directoire, jusqu’au coup d’Etat du 18 brumaire 99… fomenté par les amis d’un Consul qui deviendra célèbre : Napoléon Bonaparte.
En en raccourcissant quelques-unes, le peuple a éloigné les têtes couronnées du pouvoir. Mais la bourgeoisie n’a pas tardé à l’accaparer.
Cherchez l’erreur !
Une autre révolution est en marche depuis la fin XVIIIe au Royaume-Uni. D’agricole, l’économie bascule dans la production mécanisée de biens manufacturés.
Dès le milieu XIXe, la révolution industrielle déferle sur la France.
Depuis La déclaration des droits de l’homme et du citoyen en 1789, on sait bien que les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit. Et que les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.
Je ne suis pas persuadé que ce texte ait été écrit par un galibot ou un ouvrier des forges de l’enfer : à qui peut bien profiter l’altruisme qu’il suggère ?
Tout simplement à une vision mécaniciste de la société, dont nous sommes tous un des rouages. Chacun à sa place et en étant heureux d’y être, sans en revendiquer une autre.
Aimer ce qu’on fait, c’est la clé du bonheur.
L’ouvrier produit et le dirigeant dirige. Ainsi, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes industriels. La bourgeoisie engraisse et voit forcément d’un mauvais œil tout ce qui pourrait inverser le cours des choses.
Ça s’appelle le conservatisme.
Alors que l’infâme Gérard Lambert assassine sauvagement un être non genré à coup de clé à molette, savez-vous ce que font les bourgeois dans le lointain ?
Eh bien, ils dorment comme des cons !
C’est Renaud qui le dit, c’est vous dire si c’est vrai.
Le grand Jacques avait été encore un peu plus sévère :
Les bourgeois c’est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient bête
Les bourgeois c’est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient…
L’histoire est un éternel recommencement.
Après avoir pris la Bastille, un 14 juillet il me semble, le peuple s’était proprement fait confisquer le pouvoir.
En 1936, le Front populaire se cassera lui-aussi les dents.
Dès 37, devant une situation internationale de plus en plus inquiétante, le gouvernement Blum se fera voter les pleins pouvoirs financiers, mais devra rapidement démissionner. Le Président Albert Lebrun lui refuse la dissolution de l’Assemblée, et la bourgeoisie incite à la résistance. Son droit divin lui ayant été volé, les « 200 familles » qui contrôlent la presse et l’industrie n’ont pas tardé à réagir.
Financer des réformes sociales et un réarmement d’une ampleur inédite, dans un contexte de dévaluation et de morosité économique semble être une équation impossible à résoudre.
Mais surtout, malgré son optimisme initial, le Front populaire porte en lui les ferments de sa désunion. Il représente pourtant une tentative ambitieuse, plus encore que le Bloc des gauches de 1899 ou le cartel de 1924.
C’est un attelage à trois têtes, où cohabitent libéralisme radical, rigueur socialiste et collectivisme communiste.
Un contrat de gouvernement à long terme est impossible à trouver, le bateau navigue à vue. Les socialistes doutent de l’esprit démocratique des communistes, qui eux, font de même avec la volonté révolutionnaire de leurs alliés.
Ça ne vous rappelle rien, chers passionnés de politique ?
Le Programme Commun de 1972, signé par les communistes, les socialistes et certains radicaux est une réminiscence du Front populaire. Augmentation des petits salaires, réduction du temps de travail, plus d’égalité et de démocratie, des nationalisations, les mesures sont sans surprises. Elles inspireront largement les célèbres 110 propositions de François Mitterrand.
Elu en 81, il appliquera son programme jusqu’au tournant de la rigueur en 83.
Toujours cette fameuse rigueur socialiste.
Tacticien hors pair, il gouvernera 14 ans en savonnant la planche de ses amis du PCF, et en faisant la courte-échelle à un certain Jean-Marie Le Pen.
En 95, Lionnel Jospin sera un 1er ministre remarquable. Il aurait dû faire de même comme président, si le PC et la gauche socialiste n’avaient pas pris leur revanche de 83.
Au nom du rejet de sa rigueur…
Pour la première fois, un Le Pen sera au deuxième tour… et ça ne sera pas la dernière !
Normalement, on apprend toujours de nos erreurs. Par le passé, certains analystes ont qualifié la gauche française de « plus bête du monde ».
Jospin aurait dû emménager à l’Elysée ; Mélenchon aurait dû croiser le fer avec Macron lors d’un débat télé qui aurait fait plus d’audience qu’une finale de Coupe du Monde. Résultat, aucun des deux ne verra jamais un deuxième tour.
Lionel dirigeait le pays pendant que Chirac s’enfilait des Coronas. Il avait le nez dans le guidon et les livres de compte. Lâcher du lest à Taubira, Chevènement et Hue aurait été contraire à ses convictions budgétaires. Il pensait s’en sortir seul, et savait très bien que gouverner avec eux aurait été un casse-tête.
Mais Jean-Luc, Fabien, Anne, Yannick et les autres avaient le temps de se poser pour réfléchir un peu plus qu’à l’organisation d’un concours de bite, que de toutes façons, Anne aurait perdu.
Avec 500 000 voix de retard sur Marine, Mélenchon a fait encore plus fort que Jospin à qui il en manquait 800 000 ! On ne sait pas si cet écart génère des regrets chez tous ces battus du 1er tour.
En tout cas, pas un ne les a exprimés à cette heure.
En 36, le centre et la droite avait plus peur des bolchéviks que d’Hitler. Comme à chaque fois, la bourgeoisie préférait conserver ses positions en empêchant par tous les moyens un changement trop important. Ces braves gens formeront le socle de la collaboration quelques mois plus tard.
Depuis toujours, l’union de la gauche est un fantasme impossible à assouvir.
Dire l’union DES gauches serait plus juste, tant le présupposé révolutionnaire restera éternellement un obstacle infranchissable.
Elevée au son du clairon par un borgne d’une extrême droiture, Marine engrangera sans problème les voix des nostalgiques de la petite moustache. Mais pas seulement, le peuple risque fort de voter pour elle.
Moins pour Manu, plus que jamais candidat conservateur.
Notre tribun magnifique a eu beau répéter quatre fois qu’il ne fallait pas voter Le Pen, les électeurs insoumis n’écouteront pas forcément la voix de leur maître. Et qui peut attester de la sincérité de ses dires ?
En 81, Chirac avait annoncé voter Giscard, « à titre personnel » … avant d’envoyer ses équipes démarcher les Français pour voter Mitterrand !
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