Teddy Riner n’a attendu personne pour passer à la caisse. Que le colosse vende des voitures, harcèle ses collègues ou fasse l’ouverture d’un hypermarché à quatre heures du mat, ça finit toujours pareil : il tabasse tout le monde sur les tatamis !
26 juillet 2024, Teddy et Marie-Jo mettent le feu et s’invitent à la table de Mohamed Ali dans la légende olympique.
2 août 2024, il rejoint Nomura, le judoka le plus titré de l’histoire avec 3 médailles d’or individuelles. Si on ajoute celle de Tokyo par équipe, il devient le GOAT français, quelques heures avant d’être rejoint par Léon de Toulouse.
3 août 2024, il peut en engranger une 5e, comme Martin Fourcade sur la neige. Si on ajoute ses 11 titres mondiaux et ses 2 bronzes, il lui faut un cou de taureau pour toutes les porter.
Gravir l’Olympe… entrer dans la légende… la grandiloquence est souvent de mise quand on parle de sport. Un palmarès XXL est censé nous émoustiller, or, que le Real enquille 15 coupes aux grandes oreilles me laisse de marbre. En tout cas moins que les Verts avec une finale.
Remember Séville 82 !
Le sport, le vrai, n’est rien d’autre que de l’émotion, celle qui marque votre vie au même titre que votre mariage, la naissance de vos enfants… ou l’enterrement de votre grand-mère.
Alors là, en ce samedi estival, on envisage d’en avoir pour notre pognon… Quart, demie, on se dit que tout va pour le mieux avant la finale. Depuis trois ans, les Nippons ruminent leur humiliation de Tokyo. Pire, il nous est difficile d’imaginer ce que représente le Judo dans le Japon éternel : ne pas prendre sa revanche tiendrait de l’infâmie !
-90 hommes : 0-1, c’était prévu.
+70 femmes : 0-2, ça l’était déjà moins.
+90 hommes : 1-2, Teddy marque le premier point sur Saito
-57 femmes : 1-3, à 1-4 ça sera l’or et l’honneur retrouvé du pays du Judo.
A ce moment, l'argent se profile surtout que Hifumi Abe, superstar mondiale, se dresse sur notre route. Au bout du bout du golden score, le gladiateur Joan-Benjamin Gaba sort indemne de la fosse aux lions et en ayant mis un pion à son prestigieux adversaire.
-73 hommes : 2-3, steal alive.
-70 femmes : 3-3, la reine Clarisse gagne difficilement le match qu’il ne fallait pas perdre.
Et là, on bascule dans le cosmos.
MORT SUBITE ! Une des 6 catégories doit être tirée au sort : si vous deviez choisir, qui prendriez vous ? Personnellement, j’aurais bien une petite idée. En 2024, à l’heure de l’IA et du tout numérique, le plus grand évènement sportif mondial, regardé par des centaines de millions de téléspectateurs nous fait le coup de la Roue de la Fortune, sans Christian Morin et en version Fête à Neuneu.
Un tour, deux, une pauvre roue ralentit, freine… et s’arrête sur… Teddy Riner. On ne pouvait pas tomber mieux : qu’est-ce qui pourrait empêcher l’hercule de Pointe-à-Pitre de refaire la même chose qu’un peu plus tôt, découper Saito en rondelles.
Teddy va le faire, c’est sûr, c’est le moment précis où l’histoire bascule dans le tragique… pour son adversaire.
Saito est un bébé de 160 kilos, programmé et choisi pour perturber le Français qui les matraque depuis toujours. Tout un peuple attend que ça change, mais assiste au broyage inéluctable de son champion. Il ne fera jamais aussi bien que son père, le légendaire Hitoshi, double champion olympique. Des larmes inondent ses yeux plissés, Tatsuro chiale comme un moutard. On voudrait tant le rassurer, lui dire qu’on l’aime. A quel point n’aimerions-nous pas qu’il gagne ?
Mais ça va pas !
Il a fini le premier match asphyxié, Riner l’alpague, le malaxe, le mouline… et lui fait défier les lois de la pesanteur. Teddy et son peuple ne font qu’un, unis dans un bonheur indescriptible. Le lien est indestructible, Tatsuro sera ovationné sur le podium.
Et la suite ?
L’osmose est totale, pas facile de lui prédire un destin.
Il va certes engranger quelques royalties bien méritées, mais il ne s’arrêtera pas là. Matignon ? L’Elysée ? On verra bien, mais on n’imagine pas un ministre le contredire ou un député le chahuter. Trump ou Poutine seraient bien inspirés de rester polis avec lui.
Méluche, Marine et les autres l’ont rêvé, mais c’est Teddy qui l’a fait.
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