On a fini par se dire qu’il valait mieux s’enfiler un Big Mac que la femme de son voisin. N’oublions jamais que la gourmandise est un péché capital, au même titre que les six autres.
Heureusement pour notre salut, une chauve-souris a moitié ivre n’a même pas eu la décence d’uriner dans les toilettes. Des fourmis ont pris une bonne douche dorée avant qu’un pangolin sans scrupule ne les becte sans les rincer au robinet. Si ces quelques lignes peuvent être taxées d’anthropomorphisme, aucun doute n’est permis concernant les habitudes alimentaires des chinois. Ces individus se baffrent de chiens et de chats en toute impunité, alors que chez nous, on crépit un pauvre footballeur pour quelques caresses appuyées. Mais leur cruauté est sans limite, puisque ces fourbes sont allés jusqu’à remplacer le veau par du pangolin dans la blanquette. Pour le riz, ils n’ont rien changé.
Mais dieu est là qui veille sur nous, pauvres pécheurs.
Si quelques anciens sont allés le rejoindre avec un peu d’avance, il a frappé là où ça fait mal : pas au portefeuille, mais au carnaval !
Et c’est une catastrophe culturelle, Arlequin doit pointer à Pôle-Emploi.
Il faut bien dire que depuis des siècles, cette pratique subversive participait grandement à la décadence de notre civilisation. Perdre ses repères pendant des jours, errer dans les rues, avaler des litres de bibines ou forniquer avec n’importe qui à la moindre occasion, il n’y avait pas de quoi être fier de ces pratiques d’un autre temps. Que l’on soit de Rio, de Dunkerque, de Fort-de-France ou d’ailleurs, il est rassurant de se dire que les autorités médicales ont eu le courage d’y mettre un terme. Finies ces hordes de viande saoule déferlant dans nos villes, qui violaient nos filles et nos compagnes. Alors que nos belles-mères sont veuves depuis de longues années.
Discours de fin de règne du prince sortant
17 mars 2020.
Pendant des années, j’ai régné en maître sur tous vos carnavals.
Grace à moi, les obscurs et les sans-grades ont pu vivre, l’espace de quelques jours, dans la peau des grands de ce monde. Je vous ai donné la possibilité d’être Victor Hugo, Louis XIV ou Cléopâtre que vous soyez tourneur-fraiseur ou femme de ménage. Ce n’est peut-être pas grand-chose mais c’était vraiment de l’égalitarisme, du nivellement par le haut comme on en fait plus. Pas le grand soir, mais une soupape qui permettait au peuple de respirer un peu.
Et puis les sirènes ont retenti, les hommes en blouse blanche ont pris le pouvoir, Je me suis pincé pour me dire que ce mauvais film de science-fiction allait prendre fin.
A chaque dictature, c’est toujours pareil : une bonne propagande et l’affaire est dans le sac. L’opinion publique finit par se dire qu’elle est en danger et qu’elle a besoin d’être protégée. La plupart du temps, c’est contre ces étrangers tous plus ou plus ou moins barbares, qui égorgent et violent à couilles rabattues. Cette fois, c’était contre un ennemi invisible, qui frappait au hasard et contre lequel nous étions désarmés.
Alors on m’a gentiment demandé de passer la main, avec un petit contrôle fiscal pour m’aider à prendre ma décision en toute sérénité.
Arlequin, prince déchu du carnaval.
Discours d’intronisation du nouveau prince.
17 mars 2020
Le monde se meurt.
Il était temps de prendre des mesures significatives pour stopper cette dégringolade qui aurait pu anéantir notre beau pays.
Comprenons-nous bien, cette démarche n’est ni morale, ni religieuse. Elle vise juste à sauver des vies, celles de vos proches les plus fragiles. Sans nous, la France sombrerait dans le sous-développement médical, comme dans ces républiques bananières où un hôpital moribond doit parfois choisir celui qu’il va sauver. Imaginez un pays où on couperait l’oxygène à votre mère qui s’étouffe. Un pays où on priverait votre fils de respirateur, pour le coller sur celui de votre voisin.
Pas celui de gauche, l’autre, le chômeur qui vient de s’offrir la dernière Mercedes.
Jadis, le peuple se pavanait en adorant des idoles qui nous ont conduits au bord du précipice. C’est bien souvent la part de luxure qui sommeille en tout grand homme qui fascinait celui qui endossait son costume. On a vu certains provocateurs se déguiser en Vladimir Poutine à Champigny-sur-Marne, alors que la droite est passée aux dernières municipales.
Le temps des carnavals est révolu.
Dorénavant, on va se déguiser tous les jours et pour la modique somme de quelques centimes. Cette ère nouvelle est démocratique et égalitariste.
C’est celle du masque pour tous et tout le temps. Plus d’injustice naturelle, de becs de lièvre ou de tarins abominables, nous décrétons l’uniformisation des visages. Plus de mimiques, chacun devra développer son vocabulaire pour apprendre à exprimer ses émotions. Moins de désagréments, ce rectangle de papier constituera une barrière anti-haleine de trappeur. Pour ceux et celles qui refoulent du goulot, il est conseillé d’asperger votre masque avec un vaporisateur de menthol.
Jean-François Delfraissy, immunologue émérite,
Président du Conseil scientifique et du Comité consultatif national d’éthique.
Discours de fin de règne du prince sortant.
14 mars 2022.
Ces derniers jours, je trouve qu’on parle un peu moins du virus. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi je ne suis plus invité 18 fois par jour sur les plateaux télé. Je dois vous faire une confidence, la semaine dernière, j’ai même dû retourner taffer à l’hosto. Quant à Manu, il me manque beaucoup, je ne suis même pas président du Conseil de défense.
Moi qui ai vu tant de compatriotes mourir dans nos hôpitaux, tant de gens éternuer dans les couloirs de BFM, je suis venu vous prévenir : ne relâchez pas vos efforts, rien n’est pas fini. Les beaux jours reviendront. Une rixe de l’autre côté de l’Oural et la défaite du PSG à Madrid vont occuper les esprits quelques temps, mais je vous le dis, gardez vos masques. Maintenez les barrières à vos gestes et ne jetez pas vos flacons de gel hydroalcoolique.
Les vraies valeurs ne sont pas mortes, un jour viendra où attestations et amendes retrouveront droit de cité. Mes chers concitoyens, méfiez-vous des apprentis-sorciers qui prônent le laxisme.
Vive la République !
Vive la France !
Jean-Francois Pierre Abel Théodore Delfraissy,
Commandeur de la Légion d’Honneur,
Officier de l’ordre national du Mérite,
Prince déchu du covid
Discours d’intronisation du nouveau prince
14 mars 2022
Mes chers compatriotes, nous venons de vivre une période bien morose. Oubliez un peu le passé et les tracas du quotidien. Un conseil, laissez-donc un peu votre bagnole au garage, vous ferez de sacrées économies.
De Lannion à Antibes, de Saint-Pée-sur-Nivelle à Forbach, sortez, marchez dans les rues, c’est carnaval dans tout l’Hexagone.
Déguisez-vous en personnage légendaire : vous même ! De plus, en ces temps incertains ça ne vous coûtera pas un rond, il suffit d’enlever votre masque
C’est bien toi Monique Pichon !
Je te reconnais, tu es Maurice Piveteau !
Pas besoin de Molière ou de Jules César pour faire la fête, tu es là mon Bébert.
Et si malgré cette liesse, vous vous sentez seul, ou si votre épouse a trop profité du confinement, retrouvez le sourire, des dizaines de milliers d’Ukrainiennes vont entrer en France : si vous êtes volontaires pour les accueillir, signalez-vous auprès de stoppaluche@immigration.gouv.fr.
Pour les quelques afghans qui goutent encore aux joies du printemps, après celles plus frisquettes de l’hiver, vous pouvez appeler le 0878 896 854, avec une surtaxe symbolique de 19 € 50 la minute, attente de 4H00 comprise.
Jojo 1er prince du carnaval de Pontault-Combault
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