Imaginez Rocco Siffredi, le front moite et le cheveu ébouriffé devoir expliquer à sa partenaire du jour les causes de sa panne sexuelle.
- Ma, yé n’é comprends pas !
- T’inquiète, c’était tendre et agréable.
- C’est vrai, ça t’a plu ?
- Oui, beaucoup !
Une idole ne peut pas se rater.
Alain Delon est toujours exceptionnel, même quand il sort ses poubelles.
Il y a une dizaine de jours, Rangnick remplace Ronaldo à la 71e minute.
35 ans, icône, multimillionnaire… le Portugais se ridiculise, en tirant une tronche digne d’un gamin qu’on mettrait au coin.
Petit capricieux Cristiano, alors que tes potes gagnent 3-1.
Il nous avait fait la même il y a quelques années, en finale d’une Ligue des Champions… remportée par le Real.
Il y a toujours des crétins pour nous expliquer que c’est précisément grâce aux dimensions de cet ego que cet homme est ce qu’il est.
Comme Rocco.
D’ailleurs, Messi nous a fait la même quand Pochettino avait osé le sortir, un triste soir de novembre.
A moins que ça ne soit d’octobre, ce qui ne change rien.
Les deux collectionneurs de ballon d’or sont statistiquement les deux GOAT, deux phénomènes, chacun dans leur registre.
Ils ont régné en maîtres absolus des vestiaires où ils ont posé leur auguste derrière. Tant que la victoire était au bout du chemin, les coéquipiers leur ont fait serment d’allégeance, et les coachs ont su préserver l’équilibre de cette hiérarchie.
Mais par définition, tout équilibre est instable.
Une équipe ne peut pas tout gagner pendant 10 ans.
Les années finissent par peser, même si tout est fait pour retarder l’échéance.
On voit mal Jordan se satisfaire de quelques paniers par-ci par-là, ou Federer se contenter d’un match gagné à l’Open de Pontault-Combault.
Comme la reine dans Blanche-Neige, cette race de champion interroge tous les jours son miroir.
Dans l’entourage, aucun doute ne peut être toléré, c’est la rançon du succès.
Le respect pour ce que ces immenses joueurs ont accompli va de soi.
Ils suscitent naturellement une admiration qui parfois peut aller jusqu’à la dévotion, et on peut comprendre que cette énergie les responsabilise.
Mais attention à la saison ou à la compétition de trop, attention à ne pas transformer cette mécanique en mascarade.
Ali lui-même, a fait le match de trop, et la note a été plutôt salée.
A l’inverse, « Le blaireau » a su mettre son orgueil de côté pour offrir un Tour à LeMond.
Difficile de savoir ce que l’on ferait à la place de ces « monuments ».
Des gars que tout le monde adule, et qui ont tellement l’habitude d’une bonne couche de Baranne.
Il semble improbable d’entendre un jour Neymar nous dire qu’il a joué comme une quiche, ou son coach comme une buse.
Mais normalement, il existe une déontologie propre au journalisme, c’est tout son honneur.
Démonter à tout-va est aussi ridicule que flagorner.
Assez facile à faire dans l’écriture ou le reportage, la chose se corse dans l’exercice de l’interview d’après-match.
Imaginez-vous avec un micro face à Zidane en 2006 après la finale de Coupe du Monde :
« Heu Zinedine, c’est vrai qu’il a traité ta mère de p… ? »
Sinon, on pourrait toujours demander à Armstrong, sur la ligne d’arrivée de l’Alpes d’Huez, si c’est grâce à l’EPO qu'il a marché sur la lune.
Dans les deux cas, vous avez plus de chances de finir aux urgences que de gagner au loto.
L’immense Tony Parker est le meilleur basketteur français de tous les temps.
Personne ne pourra oublier le joueur qu’il fut, ni sa fidélité sans faille à l’équipe de France.
En 2015, il sort d’une demi-finale perdue aux prolongations à l’Euro contre nos meilleurs amis espagnols, avec des stats de premier communiant.
David Cozette, derrière le micro après cette claque, n’a pas les burnes d’aborder cette énorme contre-performance avec l’idole. Ni avec le coach, Vincent Collet, qui pourtant l’a fait jouer beaucoup trop longtemps.
Cinq ans plus tard, à l’issue d’un Euro calamiteux, Thomas Ferro Villechaize enlève son nez rouge, enfile son casque lourd et n’hésite pas à aller au mastic face à Didier Dinart. Sans concession, il titille Nicolas Karabatic, histoire de savoir si les joueurs n’avaient pas lâché leur coach.
Janvier 2022.
Mahé se morfond depuis plusieurs jours dans sa chambre d’hôtel.
Depuis des débuts extraordinaires en bleu, Richardson est comme beaucoup de jeunes prodiges sportifs, il a du mal à confirmer.
Le staff tricolore décide de donner les clés du camion au meilleur joueur de l’histoire, ce qui est un choix compréhensible.
A 37 ans, Nikola pioche contre l’Islande, et vit l’enfer pendant 29 minutes et 59 secondes contre le Monténégro ; avant de mettre un but important au buzzer et de faire une bonne deuxième mi-temps.
Et de refaire une prestation honnête contre le Danemark : dans un match de dupes où il faut quand-même aller chercher la victoire.
Karabatic a gagné plus de titres majeurs que Parker, Hinault et Noah réunis !
C’est un gars qui a tellement de qualités !
Pour exister, un sport a besoin de stars.
La notoriété du hand n’est pas proportionnelle à son palmarès. On peut le regretter, y trouver des explications, mais c’est ainsi.
Depuis le Monténégro, beaucoup de médias nous vendent de la soupe, en nous matraquant avec les perfs extraordinaires de Niko à plus de 37 ans et la remontada contre les Danois.
Mais c’est de la com, pas du journalisme.
Titi, Daniel, FX et les autres, pas un n’ose aborder le sujet délicat de son niveau effectif.
Karabatic respire le hand, voit le jeu mais sur cet Euro, je pense qu’il n’a plus la caisse pour peser 60 minutes dans un match contre un top 5 européen.
Je pense personnellement qu’il faudrait le ménager, et le faire rentrer dans certaines circonstances. Mahé absent, on aurait aimé voir Richardson partager un peu plus le poste de demi-centre avec son ainé.
Je pense aussi, et je l’avais dit il y a quelques années après quelques blessures, que j’aurais bien vu son jeu évoluer vers plus d’entrées en 2e pivot. A l’image de Magnus Wislander il y a quelques années…
Bref, en ce vendredi 28 janvier, il n’y a pas grand-monde sur BeIn ou ailleurs pour se fâcher avec un pote ou écorner une légende.
On se dit que Thomas Willechaize va y aller.
Comme tous les sportifs, il s’échauffe. Vincent Gérard se mange une première mandale, « les gardiens blablabla… » et même une deuxième, qui génèrera une réponse surréaliste du joueur du PSG.
Niko prend le micro, et …
S’ensuit une interview d’une platitude à rendre Eric Besnard jaloux.
« L’équipe… on s’est bien battu…à la fin, ça aurait pu passer… »
Vraiment dommage !
Sinon, c’est vrai que nos gardiens sont passé à travers.
Qu’on n’a pas pu trouver la solution à un Gottfridsson qui nous a humilié.
Que Palicka a été décisif.
Qu’on aurait pu égaliser à la dernière seconde.
Que l’immense Fabregas a raté ses deux derniers tirs.
Que nos ailiers ont été performants.
Qu’Aymeric Minne a tutoyé les étoiles.
Que …
Mais tout ça a déjà été dit…
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