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AU PIED LEVE



Entre une guerre et un génocide, le Tout-Puissant se mêle parfois de sport.

En 1986 au stade Azteca de Mexico, il a prêté sa main à Maradona pour châtier les Anglais en quart de finale de coupe du Monde. Sur les 105 097 spectateurs présent ce 22 juin, seule quatre personnes n’ont pas vu la divine paluche : Ali Bennaceur, malheureusement en charge d’arbitrer ce match, ses deux assesseurs, étrangement aveugles et Gilbert Montagné, dont on se demande ce qu'il foutait sous les sunlights des tropiques.

" Ce but, je l'ai marqué un peu avec la tête et un peu avec la main". Après ce bon mot, l’idole argentine nous a quitté pour rejoindre son frérot Jésus qui préférait marcher sur l’eau avant de la changer en vin.


Certainement satisfaite de son job, la FIFA a tranquillement prolongé la carrière internationale de l’arbitre tunisien jusqu’en 91… Un surréalisme poussé à l’extrême lorsqu’un jour de 2015 quelqu’un vient sonner à sa porte… un certain Diego Armando venu lui offrir un maillot dédicacé… en hommage à la « Main de Dieu ».


Gjorgji Nachevski et Slave Nikolov jouent du sifflet dans le handball, un sport où les mains sont moins rares. La réputation qui précède les deux Macédoniens est autrement plus sulfureuse que celle du Tunisien. D’aucuns disent qu’ils font plus dans la collection d’enveloppes que dans celle de maillots… Un rapport de trucage lié au « crime organisé » transmis à l’EHF est resté sans suite : «  les investigations de la police n’ont donné aucun résultat et les spéculations sont restées non prouvées suite à l’enquête ».


La corruption d’arbitres est une calamité, dans le hand comme ailleurs.

Les invitations dans les palaces, les montres de luxe, les jeunes femmes conciliantes … les petits cadeaux entretiennent l’amitié. Pas mal d’anciens joueurs ont des exemples d’arbitres et de délégués bien cajolés la veille d’un match de coupe d’Europe au fin fond de la Pologne ou de la Hongrie. Des parties pas toujours télévisées… des publics pas forcément bon enfants… des arbitres à la vision sélective et des délégués parfois conciliants.

C’est comme pour les histoires de main baladeuse au coin du feu ou de repoudrage sur les bancs de l’Assemblée : il y en a peu qui sortent mais plus qu’on ne le croit.


Au delà de cette fâcheuse habitude, le handball est sport dans lequel la part laissée à l’interprétation des arbitres est la plus importante : jeu passif, passage en force, arrêt du chrono. Et puis il y a la gestion de l’avantage, bien moins claire qu’au basket ou au rugby : le directeur de jeu peut à discrétion, accorder un but, le refuser, revenir à la faute ou pas… En gros, il peut dans certains cas peser sur le résultat au point de décider du vainqueur.


Mais revenons à nos chers Macédoniens.

En ce morne vendredi de janvier, Gjorgji et Slave avaient l’honneur de diriger ce prometteur France/Suède en demi de l’Euro.

17-11 à la pause, la messe semble dite. La faute à qui ? Aux arbitres ? Non, à Samir Bellahcene qui tutoie les étoiles avec 8 arrêts à plus de 40 % en écœurant les 3 gauchers : dans ce cas, l’attaque adverse est hémiplégique et la défense s’adapte.

Après une soufflante de Glenn Solberg et une rasade d’Aquavit, les Scandinaves sont sortis requinqués des vestiaires. Les gauchers toujours aux abonnés absents, les deux demi-centres régalent. Mais surtout, Andreas Palicka ferme la boutique en faisant pleurer à peu près tous les tireurs français. Son double arrêt sur Hugo Descat aurait pu être le tournant du match … si Slave et Gjorgji n’en avaient décidé autrement.


27-25 pour les Jaunes à un peu plus d’une minute de la fin.

Nedim Remili se dribble sur pied… la balle sort… touche pour les Bleus… but de Yanis Lenne qui continue de martyriser Palicka.

27-26, temps mort suédois à 15 secondes de la fin.

A 6 secondes de la fin, Gottfridsson marque… sauf pour nos duétistes qui sur 17 000 âmes, sont les seuls à le voir marcher.

Au buzzer, jet franc pour la France à 10 mètres du but.

Elohim Prandi en a déjà mis deux en Championnat. Il se couche sur sa droite, contourne la Ligne Maginot et transperce Andreas, son coéquipier parisien. Sur la ligne de but, M. et Nachevski est là pour constater que la balle entre. Son compère M. Nikolov doit juste veiller à la validité du jet.

Le tir est aussi incroyable que puissant, la légende est en route.

La France exulte, Hélohim rejoint Greg Anquetil au panthéon des buteurs improbables…


Juste un détail : le but n’est pas valable, son pied a quitté le sol au moment où la balle quitte sa main droite. La « patate de forain » chère à Thomas Villechaize est certes impressionnante , mais irrégulière…

Comme un KO après le gong !


En ces temps difficiles, un tel geste a de quoi enflammer les foules.

Le jet franc de Greg contre Flensburg était valable, tout comme son égalisation invraisemblable en 2001 contre… la Suède.

Un soir d’avril 93, le regretté Frédéric Forte vole une balle improbable à l’immense Tony Kukoc en finale de Coupe des coupes. Le CSP sera la première équipe française à décrocher une timbale européenne.

Respect mon Fred, tu es sûrement celui qui allumé la lumière…

Le contre mythique de Nico Batum en demi-finale olympique sur le Slovène Prepelic est de cette trempe.


Mais là, ce but n’est pas valide.

Largement de quoi gâcher la fête.


Remenber le mondial 2007 contre l’Allemagne.

Nikolov-Nachevski ont décidé de ne pas consulter la VAR, ils ont choisi leur finaliste en toute honnêteté.

En Allemagne en 2024, devant des millions de téléspectateurs…

FX Houlet en est resté muet.

Thomas Vilchaize a rapidement évoqué le sujet, avant de retrouver son lyrisme habituel.

On peut comprendre pourquoi un commentateur ne scie pas la branche sur laquelle il est assis. Par contre, comme toujours, les différent acteurs de ce sport resteront bien au chaud dans leur entre-soi ; sans que le moindre trublion ne juge bon de gâcher la fête.


Hormis un amour de jeunesse tennistique, je n'ai pas d'affection particulière pour la Suède. Mais au delà du scénario poignant de ce match, ces coups de sifflets me laissent un ptit goût amer.

Comme en 2010 après une main de Thierry Henri restée célèbre…

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