L’homme a toujours été plus fort que la machine !
Du moins jusqu’en 1996 à Philadelphie, quand le Russe Kasparov, roi incontesté des échecs depuis 1985, dérouille Deep Blue 3,5 à 1,5.
Mais IBM ne lâche pas l’affaire et prépare sa revanche.
La multinationale américaine va booster sa bécane d’une tonne et demie, désormais deux fois plus rapide et capable d’analyser 200 millions de positions à la seconde. Le génial Garry ne voit pas le coup venir, et le 11 mai 1997, le champion du monde doit abandonner lors de la sixième manche décisive.
Historique !
Crépusculaire !
On bascule dans un autre monde : le XXe siècle se termine par une victoire de l’ordinateur sur le plus intelligent d’entre nous…
Quel que soit le jeu, vidéo, stratégique ou traditionnel, l’intelligence artificielle botte le cul de tout ce qui porte un cerveau ; au 1000 bornes comme au Monopoly. Les époux Balkany eux-mêmes se feraient torcher comme des bambins dans un championnat de fraude fiscale ! Ravalant sa fierté, l’homo sapiens a fini par admettre la supériorité de son concurrent numérique. Heureusement pour lui, il reste encore le concours de bite ou de cul-sec ; et de pets un peu plus tard dans la soirée !
Mais la vie n’est pas un combat de coqs.
L’IA n’est pas qu’une bête de foire qui amuse la galerie devant un échiquier, comme une femme à barbe à la Fête à Neuneu. Dans de nombreux domaines, elle s’est mise au service de son créateur.
Pour certains diagnostiques médicaux, elle fait aussi bien qu’une tripotée de toubib. Voire mieux, et en tout cas plus rapidement. Mais dans la santé, rien ne vaut la prévention : la meilleure façon de se soigner, c’est de ne pas tomber malade. L’IA se targue déjà d’être capable de pronostiquer un vilain petit cancer des années avant qu’il ne survienne !
Les proctologues n’iront même plus dans la lune, leurs doigts boudinés franchiront à peine le clavier de leur ordinateur.
Pour vivre mieux, vivons prévenus !
Prédire qu’un mariage finira en divorce ou que cet innocent moutard deviendra le pire des tueurs en série devrait vous permettre de réfléchir un peu au moment d’envoyer la purée ; ou d’appeler votre fils Xavier-Dupond.
Sinon, il y a le commerce, l’environnement, les transports, l’industrie, la finance, la défense…
Finis les généraux à bicorne qui envoient leurs troupes se faire déchiqueter sous une pluie d’obus. Où est passé l’héroïsme d’antan ? Aujourd’hui, le moindre boutonneux à lunettes peut suivre une nuée de drones pilotées par l’IA pour combattre l’ennemi.
Finis les boursicoteurs enfarinés, un algorithme de trading bien conçu passe des milliers d’ordres à la seconde ! Le HFT, trading haute fréquence, peut vous faire gagner des millions de dollars à la minute ; ou les perdre, plus de krachs boursiers à la grand-papa …
Mais on n’a certainement pas tout vu…
Plus fort que Léonard et Miguel, un jour, une IA sera capable de peindre la Joconde ou d’écrire Don Quichotte.
Jésus pourrait se retrouver un jour au chômage : des projets s’attaquent à la résurrection. Ils cherchent à simuler la présence de personnes disparues en piochant leurs tournures de phrases, leurs opinions, leurs souvenirs, dans une base de données constituée de leur vivant.
Discuter un demi-siècle après avec Papy Marcel, sans qu’il vous tripote les coucougnettes, va certainement en émouvoir plus d’un.
Pire encore, le père du Christ va connaître une concurrence déloyale. Certains petits malins travaillent à un allongement de la vie qui pourrait tendre vers l’immortalité.
Mais le bon côté des choses, c’est que se taper Miss Monde ne sera désormais plus réservé au seul Brad Pitt ni à cette écœurante bande de beaux gosses pleins aux as ! A nous Bo Derek, Sophia Loren et Naomie Campbell : s’il est possible de ressusciter votre grand-père vicelard, alors pourquoi pas un escadron d’avions de chasse ?
Dans La Formule de Dieu, José Rodrigues dos Santos imagine un univers cyclique. Le Tout-Puissant n’est pas un grand barbu qui baguenaude dans les nuages, plutôt un ensemble de constantes physiques sans qui la vie n’existerait pas dans l’univers. L’humanité n’est qu’un cycle qui un jour disparaîtra. Mais pas ces fameuses constantes qui lui survivront et permettront l’émergence d’une vie nouvelle, plus artificielle, moins humaine…
On le sait tous, les robots nous élimineront de la surface de la terre, comme nous l’avons fait avec le phoque moine, le rhinocéros noir, le lion de l’Atlas, le tigre de Java, le grizzly de Californie, le dodo et quelques autres qui nous cassaient sérieusement les pieds.
Une fable ou un conte philosophique dans lequel la créature se retourne contre son créateur. Frankenstein ou Terminator, mais cette fois, il y en aura pour tout le monde…
Les ingénieurs de la Silicon Valley ou d’ailleurs sont des crétins !
Plutôt que jouer aux apprentis sorciers, ces brillants cerveaux feraient mieux de se contenter de ce que l’homme fait de mieux : l’imbécilité !
L’Imbécilité Artificielle.
Plus de ministres, des ordinateurs.
On pourrait largement augmenter le prix du carburant ou le nombre d’accidents de la route en faisant des petites blagues : par exemple un petit panneau « Voie rapide » à 30 mètres d’une école.
On pourrait réactiver certains défunts. Pas Emile Louis, Staline ou Bernard-Henri Lévy ; les 300 humanistes qui chaque année tuent leur nana pourraient recommencer plusieurs fois. Il serait ainsi possible de multiplier les féminicides par 10.
Ou de faire mieux qu’Olivier Véran pendant le COVID :
Je soussigné Marcel Pichon atteste par la présente être allé aux toilettes de 9h12 à 9h14.
Un monde nouveau fait de masques, d’attestations et de traces de pneu.
Marlène, Pape, Jean-Mich et les autres supplantés par la machine. Comme jadis Garry par Deep Blue.
Un monde dans lequel Nicolas Dupont-Aignan serait Président…
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