Être père
Entre bonheur et souffrance
Ne pas sauter du train en marche est la plupart du temps un acte volontaire. Un choix qui vous engage car il fait de vous un type sur qui on peut compter : en tout cas pour le petit être qui sort la tête de l’eau. Un bonheur fort. Un bonheur simple, celui de le voir vivre, respirer et chialer. Être là jour après jour, le rassurer ou le faire rire. Aller au cinoche, ne pas regarder l’écran mais voir le film dans ses yeux, s’y voir immense.
Une robe de princesse à son anniversaire,
Les premiers mètres à vélo,
La fête de l’école déguisé en champignon,
Des coquillettes au jambon,
Du lancer de nain à la piscine,
Le Père Noël qui sonne à la porte, et qui s’en va comme un voleur …
Une aventure quotidienne, banale et extraordinaire.
De la souffrance quand ça déraille malgré tout votre amour : vos tripes qui fermentent, mille fois plus que les siennes…
Rester calme et serein sous pression, générer des envies, des passions et de la bonne humeur. Pas toujours facile quand la poisse colle aux murs, tout le monde n’a pas les nerfs d’acier de Jordan ou de Djoko. De toute façon, la vie n’est pas un terrain de basket, ni un court de tennis.
Ceux qui prétendent le contraire sont des crétins.
Être grand-père
C’est souvent être chauve, encore plus si vous avez déjà été un père chauve
Entre bonheur et bonheur
On laisse d’autres que vous mettre les mains dans le cambouis.
Mais pas dans les couches !
Après plusieurs décennies de vacances, il faudra bien s’y remettre
La bonne nouvelle, c’est que la chair de votre chair va se payer un stage de remise à niveau gratos, et qu’elle sera fin prête pour l’étape suivante, changer les vôtres.
Qui peut le moins se coltinera le plus, du 8 mois au XXL…
La vie se charge immanquablement de l’ordre des choses.
Mia, tu es sur terre pour venger mémé Nanette. Ignare, tu ne sais même pas que c’est ton arrière-arrière-grand-mère !
Ta trisaïeule
Son abrutit de petit-fils la faisait tourner en bourrique : il ne voulait pas de viande, alors la sainte femme lui préparait une sole au beurre et au citron… qu’il ne mangeait pas plus que sa tranche de rôti. Un jour d’hiver, ce chenapan s’est sauvé en rentrant de l’école, obligeant la septuagénaire à sprinter sur le verglas. Eh bien je souhaite à ce sans-cœur de devoir te cavaler après dans quelques années, au mépris de son arthrose carabinée.
Le sens de la vie, une dette effacée un demi-siècle plus tard.
Septembre 2022
21 ans après une entrée fracassante dans le 21e siècle, tu as mis le nez dehors, dans un monde pas toujours très rigolo.
Je serai là pour te protéger, te faire sourire et rire je l’espère.
Si tu veux, on sera même potes, on fera des mauvaises blagues et des conneries.
A moi la poilade, aux autres la rigueur
Un ptit grain de folie dans ce monde de brutes
Je te lèguerai mes tortues
Elles n’ont qu’un an de plus que toi, mais à moins d’un miracle, risquent de me survivre
Et même à tes parents
Tu seras alors la seule à pouvoir leur donner quelques feuilles de salades et des morceaux d’abricot
Ces gourmandes finiront centenaires
Elles te regarderont grandir, devenir une femme et une belle grand-mère
Comme mémé Nanette
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