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QU’EST - CE QUE TU FAIS POUR LES VACANCES ?



Pour la moitié de nos compatriotes, la réponse est simple : rien !

Pourquoi rêver des eaux turquoises de l’océan Indien quand on peut tremper ses fesses dans la Marne au le soleil de Jablines ? Le RER A, un bus, un peu de marche, la fameuse base de loisirs est au coin de la rue ! Pour les inconditionnels de Chevallier-Laspalès ça peut être le C, cap sur le camping de Melun.

De nos jours, Seychelles, Maldives ou Maurice ne font plus rêver que quelques snobinards en mal d’exotisme.


Au moyen-âge les gueux n’avaient pas la moindre pudeur. Ils s’affichaient en haillons, cheveux hirsutes et hygiène bucco-dentaire à revoir. Ils se reproduisaient comme des lapins, abandonnaient leurs mioches et s’occupaient assez peu de leurs petits-enfants : avec une espérance de vie de 35 ans et une mortalité infantile de 25 % , les papys gâteaux étaient aussi rares que les gagnants du loto.

Au XXIe siècle, l’être humain se sent mieux protégé qu’en ces temps obscurs. Surtout le Français qui baigne dans une oasis d’égalité. Finis les sabots crottés, le gosse de pauvre enfile désormais une paire de Nike. Il ne part pas skier à Courchevel, mais ça lui permet de faire bonne figure au collège. L’injustice est devenue plus discrète, même si l’ascenseur social est souvent en panne ; comme aux Tarterêts à Corbeil-Essonnes, où Simone Bertier doit prendre les escaliers pour monter au 18e étage de sa chère tour. Nul besoin de claquer sa maigre retraite à Fitness Park ; avec son pack de Cristaline et son filet de patates, ça lui fait une séance de cross fit gratos.


Outre Atlantique, être noir n’a pas toujours été sans danger ; dans le Mississippi comme ailleurs. En 1955, Rosa Parks est arrêtée pour avoir refusé de céder sa place de bus à un blanc. Dans les années 60, Martin Luther King devient le champion de la lutte pour les droit civiques, pour la paix et contre la pauvreté. Son engagement fait d’actions directes pacifiques ( marches, boycotts, désobéissance civile …) lui vaudra un prix Nobel de la paix en 64… et une balle dans la gorge en 68… Réveillant les consciences, le célèbre pasteur a remporté une brillante victoire politique contre la ségrégation, sans violence ni radicalité.


Ses héritiers restent vigilants, il ne faut surtout pas que les consciences s’endorment. Au delà du racisme et des inégalités sociales, des minorités sont victimes de discriminations intolérables. Depuis des siècles, on nous inculque des préjugés, souvent de manière inconsciente.

Chaque Noël, des millions de fillettes souffrent du manque de train électriques ou de panoplies de sheriff, avec colt, menottes et étoile en plastique. Le soir, on ose leur lire des histoires où une innocente princesse subit les attouchements d’un certain Philippe, violeur récidiviste utilisateur notoire de GHB. Le lendemain à la récré, elles doivent laisser la place aux garçons qui jouent au foot sans même les prendre dans leur équipe. Seule exception Wendy Renard, qui à 9 ans prenait déjà tous les ballons de la tête : il faut dire qu’elle mesurait déjà 1m82 en CM1. Les pauvres petites sont reléguées au fond de la cour, le long du grillage, là où de braves citoyens s’adonnent généralement à leur passion du naturisme urbain. Plus tard, certaines prendront un revanche sociale en devenant architecte, peintre, directrice, médecine ou matelote.


Le poids des préjugés pèse aussi sur les frêles épaules des garçonnets. Pourquoi pas une Barbie ou une dînette à la place du nécessaire du petit boxeur, avec son punching-ball et sa paire gants ? Si ça se trouve, les petits Syriens en ont ras-le-bol des Kalachnikov et rêveraient d’un nécessaire de couture. Peut-être de quoi faire naître des vocations de puériculteur ou de sage-femme ?


Chacun sait aujourd’hui que nos vies et nos représentations sont structurées par des oppressions systémiques qu’il est grand temps de déconstruire. Si on y ajoute les rapports sociaux, il convient de supprimer le « e » à structurées, ce qui est la preuve absolue de la dictature grammaticale qu’un genre exerce sur l’autre. Mais alors que des militant-e-s féministes tentent courageusement d’imposer l’écriture inclusive, d’autres victimes oubliées se débattent pour sortir du bois dans lequel iels se terrent depuis la nuit des temps.


Notre pays se targue d’être une société progressiste. Parfois au prix de violentes luttes parlementaires, Simone, Robert et les autres en savent quelques chose, imposant des lois dont la majorité ne voulait pas. L’abolition de la peine de mort et la légalisation de l’IVG ont changé la vie d’Emile Louis, de Nordahl Lelandais et de milliers de femmes qui partaient en Belgique ou en Espagne faire des stages de tricot.

Quand les élus roupillent, le monde associatif se bouge. Emmaüs, les Restos du Cœur et d’autres poids lourds impactent concrètement la vie de nombreux Français. Les ronchons de service diront que l’Etat se dédouane alors que ces missions lui incombent. Mais l’amendement Coluche est une « niche fiscale » qui finance indirectement la recherche médicale, la cause animale, la pauvreté… ainsi que la défense de causes plus minoritaires ou militantes. Les associations fleurissent, les victimes de tout poil peuvent dormir sur leurs deux oreilles.


Pour qu’une société évolue, revendiquer une discrimination ne suffit pas. N’entend-on pas à longueur d’années qu’un homme ne peut pas ressentir la douleur d’un accouchement ? Ou qu’un DG de LVMH a du mal à comprendre la la joie qui anime un éboueur, un 29 novembre à 6H14 ?

Si on désire vraiment changer pour un monde plus tolérant et égalitaire, il faut miser sur la jeunesse. Pour les seniors, c’est mort. Les anciens combattants auront toujours un peu de mal avec l’amitié franco-allemande, tout comme les boomers avec la communauté LGBT, les punks et les bougnoules.

Pour lutter contre les injustices discrètes, quoi de mieux que des travaux pratiques ? Jean-Mich nous a pondu des stages en entreprise pour les secondes, alors pourquoi ne pas permettre à nos jeunes gens de se mettre dans la peau d’une personne socialement discriminée ?


Les colos de ski ou les camps d’ado en Australie sont totalement dépassés.

La fondation Décathlon et La Villageoise envisagent de créer un séjour d’une semaine sur les trottoirs de Paris dans la peau d’un SDF. L’AAM, Association des Amis du Maréchal pense à un stage de survie dans la campagne Vichyssoise, avec une réduction de 95 % pour les jeunes de type caucasien. Les autres peuvent s’inscrire à un trek dans le bois de Charmeil, à condition de signer une décharge en cas de blessure par balle, flèche, poignard, poing américain ou batte de baseball.

Pour sa part, la MJC de Mérignac est en première ligne dans la lutte contre les discriminations. Elle a demandé aux militants de Girofard, le centre LGBTI+ bordelais, de lui organiser quelque chose pour les vacances de Février, ouvert aux 11/17 ans : « un stage drag qui casse les codes ». Au programme, « créer son personnage ( nom de drag/genre/code ) », « moment de réflexion sur le genre » et un « moment d’échange sur les stéréotypes et comment en jouer ». Sans oublier l’atelier de marche en talons et de défilé, suivi d’un live devant les parents, certainement ravis de voir leurs rejetons grimés en drag-queen avec des talons de 25 cm.


Un stage finalement annulé.

Pas devant la levée de boucliers des associations catho ou familiales, mais à cause du nombre insuffisant d’inscrits : 4 !

Leurs amis non-binaires, transgenres, queers ou inter-sexes vont devoir pour un temps encore, raser les murs du lycée sans trop savoir dans quelles toilettes faire leurs besoins.

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