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STOP COVID (PARTIE I)


  • Je m’appelle Mohammed, et au travail, avec les collègues, on a tous décidé de télécharger l’application ; comme ça, on est tous protégés…

  • Je m’appelle Christine, et dans notre wagon, on a tous téléchargé l’appli, comme ça, si …

Depuis Carglass, on n’avait pas vu mieux :

  • Vous avez vu cet impact, ma ptite dame ! A la première occasion, crac, c’est la fissure ! On va vous injecter un petit gel. C’est gratuit, et on vous offre un tailleur Chanel. Carglass répare, Carglass remplace…

Le monde d’après est Amour.

Imaginez un wagon de TGV, direction Brie-Comte-Robert. Un jeune homme se lève et visiblement, va prendre la parole. Dans cette voiture 11, ceux qui partent au travail côtoient des retraités qui partent en vacances, ce qui est beaucoup plus logique que l’inverse :

  • Putain Robert, tu vas voir qu’il va nous taper du blé !

  • Je n’ai pas volé, je n’ai pas violé, je suis juste à la recherche d’un travail.

  • Ben Maurice, tu as viré ton DG hier, pourquoi tu ne lui proposerais pas le poste ?

  • Il n’est pas un peu crado ?

  • Non je rigole, tout va bien pour moi : après un stage dans un abattoir, je suis en CDI dans une cimenterie.

  • Alors pourquoi tu nous casses les couilles !

  • Chéri, calme-toi un peu, tu vas encore faire un AVC.

  • Je tenais à vous amuser un peu dans le but de créer un climat sympa. J’aimerais vraiment que l’on discute tous ensemble. Tout le monde porte un masque et j’espère que chacun d’entre vous s’est lavé les mains au gel hydroalcoolique.

  • Moi je l’ai fait trois fois.

  • Moi sept.

  • Qui dit mieux ?

  • Moi jusqu’au coude.

  • Moi jusqu’au cou.

  • Bien Monsieur, c’est parfait.

  • Et ben moi, jusqu’aux couilles…

  • Mais c’est dégueulasse !

  • Et toi, j’te demande si tu t’es lavé la minette ?

  • Mais Monsieur, je ne vous permets pas…

  • Ta gueule pouffiasse !

  • Gérard, ton cœur…

  • Moi j’en bois régulièrement, comme ça, je tue le virus dans l’œuf. Avec un jus multivitamines, on dirait du punch.

  • Bon très bien, je vois que tout le monde respecte les gestes barrière et la distanciation sociale.

  • Nous sommes des adultes responsables.

  • De bons citoyens.

  • C’est évident mes amis, mais ne pensez-vous pas que nous devrions aller un peu plus loin ?

  • Oui, c’est vrai !

  • Bien parlé…

  • Camarades, nous sommes de preux chevaliers, en première ligne dans la lutte contre ce fléau.

  • Aux armes citoyens !

  • Pourquoi ne pas profiter de la situation et du fabuleux WIFI que nous offre la SNCF pour télécharger l’application STOP COVID ?

  • Mais comment faire, je ne peux pas surfer sur le web avec mon téléphone à clapet ?

  • T’inquiète chéri, j’ai un smartphone.

  • Mes frères, mes sœurs, il est temps de réagir contre l’envahisseur et de bouter se sale virus hors de notre pays.

  • Vive la République, vive la France !

On nous a confiné à tours de bras pour sauver des vies. Nul ne sait vraiment si ça a été utile, ni si le remède s’avérera pire que le mal.

Comme souvent, on payera les musiciens à la fin du bal.

Avec de la roupie de sansonnet.

Dans l’urgence, la machine s’est complètement emballée.

A défaut de montrer la voie, l’Etat s’est pris les pieds dans le tapis. Il est parti dans tous les sens, et même en couille si on osait employer ce mot pour la deuxième fois.

Mais le calme est censé revenir après toute tempête.

Le monde d’après a retenu les leçons qui ont conduit le précédent dans le mur.

Partout, les citoyens se responsabilisent et Ségolène Royal remportera une brillante victoire posthume quand elle sera morte : la démocratie participative prend le pouvoir.

Partout, dans les écoles, les trains, les hôpitaux et les usines, les Français se réunissent en assemblées spontanées pour télécharger la fameuse application.

Jusqu’aux quelques survivants des EHPAD, ceux qui ont enfin profité de leurs 500 000 points de fidélité pour changer leur Nokia 3310.

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