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RADICAL

Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années.

Comme pour la connerie, qui a le champ libre en ces temps confinés.

La DGSI a bien trouvé une attestation d’allégeance dans son appartement.

Une fois encore, ce dossier met en scène un homme passé sous les radars avant de passer à l’action. Agé de 31 ans, de nationalité française, M. a passé une première nuit en garde à vue. Le Parquet national antiterroriste a décidé de se saisir de l’affaire afin de faire le jour sur les motivations de l’auteur de cet acte inqualifiable.

Le déroulé des faits apparaît à la fois limpide et glaçant.

Peu avant 19H00, M. circule dans une grosse berline de marque allemande dans les rues de Melun.

Vêtu d’un survêtement Tacchini noir à bande blanche, son casque audio sur les oreilles, il semble agité, écoutant en boucle les mêmes litanies.

Sur le siège passager, une bouteille de liquide translucide, son document imprimé et signé, glissé dans le pare-soleil, M. roule à vive allure en direction de la forêt de Fontainebleau ; beaucoup plus glamour que si elle s’était appelée « de Melun ».

Dans le lointain, les bourgeois dorment comme des cons.

D’un coup, sans regarder une seconde dans son rétroviseur, il donne un violent coup de volant et tourne brusquement à gauche. Il s’engouffre sur un des nombreux parkings en bordure de l’étendue boisée, sans avoir mis son clignotant.

C’est à ce moment précis qu’une voiture de police en planque depuis plus d’une heure derrière une estafette un peu rouillée de marque Peugeot se manifeste.

Remontant sa braguette et n’écoutant que son courage, le Brigadier-chef T. appréhende le suspect au moment précis où celui-ci sort de sa puissante auto.

L’auteur de cette attestation sans ambiguïté explique notamment se lancer « à corps perdu dans la bataille contre le cholestérol et les maladies cardio-vasculaires. »

En dépit de sa bouteille, de son survêtement ridicule et de son accablante allégeance « à son activité physique individuelle », les enquêteurs restent d’abord perplexes devant le parcours déroutant de cet activiste.

Ce natif de Pontault-Combault, en France, a un travail passionnant au Béton Vicat, à Moissy Cramayel. Un casier aussi vierge que sa sœur, une vie sans aspérité, à l’image de cette morne plaine.

Comme souvent dans ce type d’affaire, son voisinage le considère comme « gentil, discret et sans histoire. »

Sa mère ne comprend pas comment « un si bon fils » a pu en arriver là.

Son père quant à lui, trouve que « c’était un p’tit gars obéissant », surtout avant son quatrième mois, moment où le brave homme est parti avec la voisine.

Selon plusieurs témoignages, il n’a jamais adhéré à aucune association ou organisation. Il se rendait juste parfois dans le magasin Décathlon.

En 2018, il faisait l’acquisition d’un couteau multifonction de marque même pas suisse, et d’un réchaud de camping à gaz…

Tiens, tiens ?

Un supporter de hand l’a bien connu dans les tribunes du gymnase local. Il l’a entendu un jour évoquer le métier de la mère de l’arbitre, et même fustiger l’orientation sexuelle d’un adversaire des jaunes et bleus.

Mais à part ça, peu de choses à signaler.

Le 28 avril, Le Figaro écrivait :

Archétype de l’« hybride », la trajectoire mortifère de Youssef T. n’est pas sans rappeler celle d’Abdallah Ahmed Osman, ressortissant soudanais lui aussi inconnu des services spécialisés qui s’était plaint par écrit de vivre dans un « pays de mécréants » avant de semer la mort au début du mois à Romans-sur-Isère. Ni, dans une moindre mesure, celle du converti Mickaël Harpon qui, après un ratage de détection en 2015, a endeuillé le 3 octobre dernier la préfecture de police de Paris. Unis dans une même lecture radicale de la religion, où se mêlent la haine et un profond sentiment de frustration, ces « néoterroristes » défient tous les criblages et se multiplient en dépit des tours de vis donnés par les autorités. Confinée ou non, la France va devoir s’habituer à combattre cette gangrène. Et fourbir une posture de riposte adaptée.

Malgré leur dévouement, les forces de l’ordre ont du mal à juguler tous ces joggers. Des citoyens vigilants ont beau faire leur devoir de signalement, certains n’hésitent pas à investir les forêts et les parcs de France et de Navarre.

On aurait même vu des extrémistes profaner les travées du Père Lachaise…

Mais cet été, on peut craindre une deuxième vague, pire que la première.

De curieux individus fomentent un complot estival.

Certaines plages risquent d’être envahies par de dangereux terroristes armés de pelles, de seaux et chaussés de sandalettes en plastique.

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