Avant de croiser la route de François Mitterrand, célèbre serial killer des années 70, puis de se tirer une balle dans le pied, le Parti Communiste était sur le devant de la scène politique.
Georges et Liliane Marchais n’ont jamais pu gravir le perron de l’Elysée, mais se sont consolés en s’offrant un petit pavillon à Champigny-sur-Marne.
Se battre contre le grand capital était une entreprise florissante.
La jeunesse, déjà décadente, préférait consacrer son argent de poche pour s’acheter Pif Gadget plutôt qu’au denier du culte !
Une honte.
S’acheter égoïstement un sachet de haricots sauteurs sans se rendre compte qu’un demi-siècle plus tard Notre Dame flamberait comme une torche.
Miroir du cyclisme, du football, de l’athlétisme, tous ces mensuels étaient édités par miroir-sprint, éditeur également succursale du PCF. Les passionnés de sport faisaient œuvre utile en donnant leur oseille pour lutter contre l’exploitation de l’homme par l’homme. Alors qu’aujourd’hui, ils soutiennent le Rallye Dakar en s’achetant l’Equipe.
Le sport est un miroir de la société.
Le salaire des professeurs est une affaire moins importante que la prolongation de contrat de Mbappé.
Neymar qui met une cartouche, ou Verratti qui en fume une, ça fera toujours plus parler que l’équipe de France de hand qui se prend les pieds dans le tapis portugais.
Mais là-aussi, les choses sont bien hiérarchisées.
Ceux qui ont beaucoup à perdre, ou à gagner, y vont de leur discours hypocrite et faussement fédérateur. Les autres se lâchent dans les réseaux sociaux.
Les deux se retrouvent parfois au comptoir de quelque bistrot, et finissent par tomber d’accord après quelques tournées de petits jaunes.
Dans les années 90, les barjots sont devenus champions du monde.
On peut analyser cet exploit invraisemblable de toutes les manières.
Une chose est sûre, des huitièmes contre l’Espagne à la finale contre la Croatie, les bleus n’encaissent que 20 buts par match.
Pascal Mahé, Jackson, les gardiens et les autres sont les pionniers d’un ADN défensif qui sera la marque de fabrique de l’hégémonie qui allait suivre dix ans plus tard.
Là-aussi il est réducteur de sortir quelques noms du chapeau, mais Didier Dinart et Bertrand Gille sont les deux guerriers qui ont broyé les attaques adverses pendant une décennie. Une période où affronter la France faisait peur à tout le monde.
Et que dire de Thierry Omeyer, le gardien cannibale qui a montré un entêtement presque pathologique à béqueter les tireurs étrangers.
Le serial keeper.
Personne n’oserait dire que ce fut trop facile, ou que le kiné aurait pu être champion olympique en coachant cette équipe.
Par contre, cette confiance défensive indestructible et jamais démentie, donnait un sentiment de confort et de sécurité tactique qui faisait que chacun savait comment aborder un match.
Un projet de jeu diablement simple et efficace.
Et qui fut le bon puisqu’à l’origine de tant de victoires.
Cet avantage psychologique sur l’adversaire permettait à tous de se mettre une pression minimum en attaque : « qu’importe si nous ratons, nous allons les fracasser en défense. »
De fait le jeu offensif tricolore n’a jamais été trop ambitieux, s’affranchissant même parfois du respect de certains principes comme l’écartement, l’étagement, le jeu sans ballon…
Il suffisait la plupart du temps de s’en remettre au talent individuel de certains joueurs, à qui il n’en manquait pas.
Depuis deux, trois ans, la France fait moins peur aux autres nations.
C’est dans l’ordre des choses, et malgré les performances de Vincent Gérard et des gardiens, il apparaît presque impossible de retrouver le niveau de domination qu’exerçait Titi.
C’est beaucoup plus qu’un détail.
C'est un poste de psychopathe, où l’irrationnel fait parfois basculer le sort d’un match.
L’arrêt d’Omeyer en prolongations contre le Danemark, celui de Lavrov en quarts des JO 2004 ; le pénalty arrêté par Tony en finale de Lesneven…
Certaines performances ne sont dues qu’à un geste qui change le cours des choses, loin de toute explication stratégique.
Dès lors, le projet de jeu des français se doit d’être plus équilibré, et donc gagner en solidité offensive.
Deux conceptions peuvent s’opposer.
Celle d’un jeu plus construit, avec un meneur, le fameux demi-centre.
Le Quentin Mahé de 2017.
On ne parle pas forcément de jeu stéréotypé, mais de plus de discipline, avec plus de patience, des annonces et des enclenchements.
C’est ce que réclame par exemple l’immense Daniel Costantini quand il regrette l’absence de Nicolas Claire sur le terrain.
Quelle ironie du sort, quand on sait que le marseillais fut le premier à prôner un jeu sans demi-centre, en laissant Gilles Derot à la maison et en faisant jouer Lathoud et Volle ensemble !
Sinon, on peut imaginer un projet sans meneur patenté, où chacun peut jouer un duel, créer un surnombre et lâcher le ballon à des partenaires qui l’exploitent.
Cela implique à la fois une prise de responsabilité individuelle mais aussi de la discipline collective.
Pour être efficace, il faut que les joueurs respectent ces fameux principes de jeu.
Au final, on n’attend pas forcément de ces garçons qu’ils adoptent exclusivement une conception. L’une n’empêche pas l’autre, et les alterner serait une vraie richesse.
Pour cela, on attend aussi du staff qu’il soit parfois plus réactif et qu’il propose quelque chose de précis quand ça ne tourne pas rond.
Par exemple, quand l’adversaire propose une défense originale, comme la 3/3 des portugais à certains moments. Perso, j’aurais comme FX Houlet, aimé voir proposer des entrées à l’opposé du ballon.
Ou pourquoi pas, par moments, un bon vieux système où l’on envoie un gars au tir ou au duel.
Voire le rappel de principes que les joueurs ne respectent plus.
A la Onesta, quand une voix de stentor réclamait à chaque fois la même chose :
« Prenez de la distance, gagnez vos duels et jouez autour du pivot. »