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LE GRAND PARDON


En fait, contrairement aux apparences, la bande à DD a réussi un authentique exploit : le hand tricolore n’avait plus fait autant parler de lui depuis une affaire restée célèbre.

Les filles, les jeunes et les gars peuvent gagner tous les titres européens, mondiaux ou olympiques, ça ne fait pas quatre lignes dans les journaux. D’ailleurs, on peut prendre quelques minutes pour se demander à qui profite le silence.

Une banalisation de la victoire ?

Une faiblesse culturelle de ce sport ?

Un discours trop convenu de ses acteurs ?

Une fausse modestie derrière laquelle se cache à peine un gros carafon, d’aucuns diraient un manque d’humilité ?

D’habitude, on a une overdose médiatique les lendemains de victoire, puis plus grand- chose. Là on a l’impression d’un feuilleton avec les critiques, les mea-culpa, les analyses et l’union-sacrée pour Tokyo.

On aimerait tous être une petite souris bien cachée dans une gaine d’aération à la Maison du Handball et assister à cette journée de séminaire durant laquelle on va parler, écouter, tout mettre à plat et se mettre en ordre de bataille olympique.

Pour la première fois, on va pouvoir assister à une série, « Road to Tokyo », avec une vraie trame narrative. Un film de Rocky où le héros part de loin, souffre pour sortir de la misère.

Soulever des rondins en Forêt de Sénart, courser des chevreuils et s’inscrire au tournoi sur herbe de Brie-Comte-Robert, beaucoup plus roots que l’immense Challenge Georges Martin de Lesneven, sur les rives du Quillimadec.

L’humiliation, la dépression, le travail, le TQO et la rédemption estivale. Franchement, s’il y a l’or olympique au bout du tunnel, Netflix peut acheter les droits de la série.

Vous me direz qu’il y a dans tout ça un goût de déjà-vu.

En 2012, les bleus avaient fini l’Euro serbe à la onzième place, en pratiquant un jeu inquiétant.

Quelques critiques s’étaient fait entendre dans l’émission « Les spécialistes », à l’époque sur Canal. A mots couverts et dans une atmosphère bon enfant.

Rien d’autre dans les médias, les sites de hand et les réseaux sociaux étaient confidentiels, c’est sur le zinc des comptoirs que fusèrent certaines critiques.

Le tout bien aidé par quelques anisettes, mais avec modération.

Claude Onesta ne pouvait pas être fragilisé, il avait déjà gagné tant de titres. Le toulousain avait coupé court à tout ça en agitant la théorie du mal pour un bien. Nous verrions ce que nous allions voir quelques semaines plus tard à Londres.

Et effectivement nous avons vu.

Champion olympique !

Que pouvait-on répondre à cela au lendemain de cette victoire retentissante ?

Rien, et les questions sur le jeu pratiqué n’étaient que des coups d’épée dans l’eau, auxquels les résultats donnaient la plus cinglante des réponses.

Trouver une lucarne médiatique au milieu d’une telle actu est extraordinaire.

Au programme ces jours derniers, on trouve Adama Cissé, éboueur licencié pour un petit roupillon. Franchement pas de quoi fouetter un chat, d’autant qu’il pourra facilement retrouver du boulot à l’Assemblée Nationale.

Un peu comme pour Laurent-Barthélémy Ani Ghibahi, ce jeune ivoirien qui a préféré voyager sur un train d’atterrissage. Alors qu’il restait des places en Business de ce vol Abidjan-Paris.

Lui aura un peu plus de mal à retrouver du taf.

Les incendies en Australie sont si loin.

Ce n’est quand même pas le décès de quelques koalas qui va nous émouvoir. Ni de quelques kangourous…

Les grèves s’essoufflent. Encore un an et les irréductibles cheminots battront peut-être le record des Gilets Jaunes qu’on pensait inaccessible. Comme d’hab, les profs vont se faire enfumer…

Ségolène, le livret A, les pédophiles, n’en jetez plus.

Mais surtout, on se pose toutes les questions du monde pour les quatre fantastiques du PSG qui ne l’ont pas été tant que ça.

De Philippe Bana à Didier Dinart lui-même, en passant par tous ces spécialistes qu'on ne peut pas soupçonner d'être hypocrites, tout le monde fait officiellement corps derrière cette équipe.

Cette unanimité est émouvante.

La grande famille du handball.

Il n’y a pas un journaliste ou un acteur connu de ce sport pour ne pas se ranger derrière ce discours fédérateur. Les seuls qui crépissent le guadeloupéen sont des « spécialistes » un peu obscurs qui le font bien à l’abri dans les réseaux sociaux.

Tous sauf un, un certain Daniel C., qui lui n’a pas attendu cet épisode pour se montrer expert en savonnage de planche.

Comme à chaque fois, c'est à la fin de la foire qu’on comptera les bouses.

En cas de résultat final positif, tous ces bons camarades seront les premiers à lui cirer les pompes. Dans le cas contraire, les langues se délieront et la succession sera ouverte.

A Malmö, la statue de Zlatan a été vandalisée par des gars qui pourtant vénéraient le géant suédois, jusqu’à ce qu’il achète des parts du Club concurrent.

Autant dire que si le scénario était moins favorable qu’en 2012, celle de DD serait à coup sûr déboulonnée.

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