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COJONES


« Monsieur Foote, vous êtes un salaud ! »

Cette phrase de Thierry Roland en direct sur TF1, suite à un pénalty imaginaire accordé aux bulgares par l’arbitre écossais restera culte.

Commenter un match est parfois un exercice d’équilibriste, entre analyste et bonimenteur, et il est difficile de tout dire au micro.

Avec Canal dans les années 80, sous l’impulsion de Charles Biétry, le commentaire sportif a connu sa révolution.

D’anciennes gloires sont devenues consultants, apportant leur légitimité sportive à une certaine qualité qui a fait la marque de fabrique de la célèbre chaîne au décodeur.

En dehors du match, tout est possible.

Le handball n’a pas vraiment de talk-show qui lui soit dédié, mise à part un avant et après-match de quelques minutes, à peu près aussi passionnant qu’un épisode de « L’homme du Picardie ».

Essayez-donc de compter le nombre d’heures d’émissions de foot qui existent sur les chaînes de radio ou de télé.

Mettons de côté les institutions, Téléfoot et les historiques de Canal, à peu près aussi utiles qu’elles sont passionnantes, à moins que ça ne soit le contraire. Tout le reste est une jungle gigantesque dans laquelle se côtoient anciennes stars, maquignons sur le retour et pseudo-journalistes.

Une jungle où l’on peut tout trouver, même le meilleur.

Ou le pire, avec parfois un discernement qui n’a pas grand-chose à envier à la fosse septique des réseaux sociaux.

Quand le ski, le tennis, le basket ou le rugby tentent d’exister médiatiquement, le handball sombre dans un silence de cathédrale.

Rien.

Le néant.

A croire qu’en dehors de la moisson de médaille des équipes de France, tout le monde s’en fout.

A moins aussi que le discours des handballeurs ne soit un peu aseptisé, ou trop convenu pour être vrai.

D’un côté la maîtrise et la compétence, de l’autre l’équipe, les valeurs et la transmission, il faut faire attention à une humilité derrière laquelle pourrait se cacher un beau petit melon.

Certaines personnes feraient bien de ne pas oublier d’où l’on vient, ni que dans le sport, il y a une part de chance.

Au TQO de volley, Laurent Tillie évoque une préparation durant laquelle les galères se sont succédées. Mais dès que la compèt a commencé, il a parlé d’alignement des planètes. On peut faire le nécessaire, mais il faut certaines circonstances pour que cela fonctionne. Et ça se joue parfois à très peu de choses.

Un contre improbable à 7/3 au troisième set pour des slovènes qui semblent tout droit partis pour une victoire facile. Un tir de Nedim Remili qui fracasse la barre, touche le mollet de Bergerud et vient mourir sur la ligne.

Les fins de règne sont souvent houleuses.

Commenter ou intervenir tranquille dans un talk-show sont des exercices qui demandent certaines qualités, mais pas forcément du courage.

Par contre, l’interview d’après- match …

La plupart du temps, c’est un sketch aussi inutile que convenu :

« On va se remettre au travail »

« On était dans le projet de jeu »

« On va prendre match après match »

Je pourrais vous en coller une demi-page.

Mais les jours de défaite cuisante !

Pire, face à la star qui sort d’une contre-performance !

Imaginez-vous avec un micro face à Zidane en 2006 après la finale :

« Heu Zinedine, c’est vrai qu’il a traité ta mère de p… ? »

Ou plus récemment au Japon un soir de quart de finale :

« Dites-moi Sébastien, vous avez plutôt le sang chaud dans les îles du Pacifique ? »

En gros, il est plus facile de baver sur Armstrong dans une quelconque émission que de lui demander sur la ligne d’arrivée de l’Alpes d’Huez si c’est grâce à l’EPO qu'il a marché sur la lune.

L’immense Tony Parker vient de s’offrir une station de ski, un club de basket et quelques modestes joujoux.

Personne ne pourra oublier le joueur qu’il fût, et sa fidélité à l’équipe de France.

En 2015, il sort d’une demi-finale perdue aux prolongations à l’Euro contre nos meilleurs amis espagnols, avec des stats de premier communiant.

David Cozette, derrière le micro après cette claque, n’a pas les burnes d’aborder cette énorme contre-performance avec l’idole. Ni avec le coach, Vincent Collet, qui pourtant l’a fait jouer beaucoup trop longtemps.

L’aurions-nous fait ?

Thomas Ferro Villechaize est le commentateur vedette du handball depuis quelques années.

Toutes les semaines en Championnat, ou à chaque compétition internationale, il s’invite dans le salon des aficionados avec son complice, FX Houlet.

Perso je l’aime plutôt bien, même si c’est difficile de faire l’unanimité.

Certains ne ratent jamais l’occasion de lui donner des leçons de télévision, tout comme des cours de coaching à l’entraîneur des bleus.

Peux ceux qui ont la mémoire courte, ou qui travaillent du chapeau, rappelons-nous qu’aux JO de 2004, un certain Claude Onesta s’était fait sévèrement crépir après l’élimination contre la Russie de Lavrov.

Les mêmes qui lui ont léché les baskets six médailles d’or plus tard.

Mais une chose est sûre, c’est la première fois que je vois un journaliste poser certaines questions franches et précises un soir de débâcle.

Et pas au kiné ou au chauffeur du bus, non, aux deux acteurs principaux, Didier Dinart et Nikola Karabatic.

Deux gaillards aux egos aussi bien fournis que leurs manches sont bien remplies.

Ce journaliste a fait preuve d’honnêteté et de professionnalisme, mais surtout de courage.

Il faut assurément du caractère pour entrer dans certaines arènes où l’adversaire ne vous veut pas tout le bien du monde.

Mais là, Thomas Villechaize en a vraiment fait preuve en n’hésitant pas à demander au technicien français de justifier certains choix discutables.

Ni au meneur de jeu si le lien n’était pas rompu avec le staff.

Franchement bravo Monsieur.

Tu as montré les cojones dont tu parles parfois dans tes commentaires !

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