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SUPER BOCK


Un peu de culture en ces temps qui en manquent cruellement :

Comment dit-on grève en portugais ?

Greve.

Sans accent, en tout cas à l’écrit.

Pas besoin d’une thèse en étymologie pour aller chercher une quelconque racine grecque ou latine, on a tout simplement pris le mot français.

Étonnant non ?

La vox populi considère que les lusitaniens se sont bien intégrés dans le paysage tricolore : ils bossent, vont à la messe et au bistro et font rarement parler d’eux dans les faits divers.

Par contre ils ne font pas la grève.

Au contraire, ils bossent le weekend, du matin jusqu’au soir, et comme Tintin, de 7 à 77 ans. Alors la retraite, …

Tout allait pour le mieux jusqu’au 10 juillet 2016, jour de finale de l’Euro au stade de France. Les choses semblent si bien engagées quand Cristiano, l’Idole de tout un peuple, quitte ses potes à la 25e minute pour aller faire des abdos et aller chez le coiffeur.

Leur niveau de jeu est d’une indigence qui fait passer la bande à Dédé pour le Brésil des années 70. A la 106e, Eder qui passait par là, marque le seul but du match sur le deuxième tir cadré de son équipe !

Quelle tristesse, on ne déplorera pas une seule bagnole cramée sur les Champs-Elysées. Ni le moindre jet de canette de Super Bock sur les forces de l’ordre.

C’est tout juste si La France leur en a voulu, d’autant que deux ans après, les Bleus furent champions du Monde.

Et puis on sait depuis quelques années que les portugais ont de bons joueurs, il fallait bien qu’ils gagnent un titre un jour.

Jusque-là même pas mal.

Des égyptiens, tunisiens ou des brésiliens ont parfois chatouillé l’équipe de France de handball depuis une vingtaine d’années.

On a même vu des belges s’y mettre.

Mais qu’une équipe de portugais botte le cul des experts lors du match d’ouverture de cet Euro !

Où va-t-on ?

Pendant plus d’une décennie, les titres se sont accumulés et cette équipe est devenue une référence, dans le management et l’état d’esprit.

Claude Onesta est même devenu le boss de la préparation olympique du sport français.

Tout le monde loue ce modèle, on parle de valeurs et de transmission. Si la confiance dans des cadres est à la base de cette success story, les résultats ont été tels que la DTN s’est autorisée toutes les audaces, en particulier celle de nommer deux garçons inexpérimentés à la tête du staff. Dès que de nouveaux joueurs sont apparus en bleu, et la liste est assez longue, ça a fait quasiment bingo à chaque fois.

Si cette équipe a réussi à banaliser la victoire, on se rappelle qu’elle avait pris la 11e place de l’Euro 2012 en Serbie, en pratiquant un jeu déplorable. Sans conséquence, puisque quelques semaines plus tard, c’est l’or olympique qui était au rendez-vous. Le stentor toulousain nous avait expliqué, à l’époque, que tout était sous contrôle, l’un expliquant l’autre.

Comme souvent en pareil cas, les victoires n’ont souffert d’aucune contestation.

Sans parler d’arbre qui pouvait cacher la forêt, tout le monde s’est contenté de cette moisson de titres, ce qui est plus que compréhensible.

J’ai souvent dit que cette hégémonie invraisemblable était basée sur une défense de fer, avec Thierry Omeyer en gardien du temple. Un ADN de combat, qui balayait le doute en donnant une confiance inébranlable. Le sentiment que rien ne pouvait leur arriver, qui tolérait parfois un jeu d’attaque dans lequel les joueurs n’étaient même pas dans l’obligation d’en respecter certains principes.

Le chauffeur du bus aurait pu jouer un peu et peut-être marquer un but ou deux.

Les débuts du duo Dinart / Gille ont été un coup de maître, avec un Mondial 2017 maîtrisé de bout en bout.

Une impression de presque trop facile, l’équipe de France a juste été en difficulté un bon quart d’heure en finale contre la Norvège, avant un 10-2 qui les a renvoyés à leurs chères études.

Peut-être la compétition la plus aboutie, avec ce sanibroyeur d’attaques adverses, mais aussi un jeu d’attaque brillant et séduisant.

Après l’argent olympique et le bronze mondial, ce premier match de l’Euro n’a pas été bon.

Le hand n’est pas forcément un sport de stat, et celles d’hier n’expliquent rien.

20% d’arrêts contre 26, 13 pertes de balle contre 12 et 63% d’efficacité au tir contre 68, il n’y a pas là de différence significative.

Par contre, la pauvreté du jeu d’attaque et le manque de réaction face aux options tactiques de l’adversaire sont assez alarmants.

Les joueurs ont montré un manque de confiance en eux et de puissance collective. Il est possible de rater son entrée dans une compétition, mais le nouveau système de qualification va obliger les tricolores à gagner le prochain match, si possible avec un certain écart !

Les norvégiens ont toutes les chances d’être plus orthodoxes que les portugais, qui comme chacun sait, sont de bons catholiques. Il ne sera pas question de réagir à des options surprenantes, mais d’imposer son jeu, ce qui sera peut-être plus facile.

Si ce groupe en a les moyens.

Pas de melonite ou de fausse humilité, il faut aller au mastic en gardant les idées claires.

Il n’est pas toujours possible de broyer l’adversaire dès le coup de sifflet initial. Dans certains cas, un match se joue à un détail, il faut parfois être capable de courber l'échine, rester en vie et de s’engouffrer dans la brèche.

A Berlin, les volleyeurs ont donné une leçon extraordinaire dans leur TQO.

Après une vilaine quatrième place en septembre à l’Euro, pas grand monde n’aurait misé un kopeck sur les hommes de Laurent Tillie.

D’autant qu’un seul sortait de ce tournoi extraordinairement dense.

Les imprévus s’enchaînent et polluent la préparation.

Le kiné, le fils du coach, ...

Ngapeth et Boyer, les deux attaquants stars se sont embrouillés, à tel point que le réunionnais décline la sélection.

Non seulement Jean Patry le remplace, mais surtout, il est le meilleur français à chaque match, en faisant exploser les défenses adverses.

Après s’être payé les serbes au premier match, les bleus perdent 2/0, 7/3 en demie contre des slovènes imprenables. Ils se font maltraiter et sont KO debout, à deux doigts de l’élimination.

Un contre et quelques services d’un certain Patry…, font tout basculer, et patatras, ils s’imposent facilement dans le tie-break.

Le lendemain, le match contre l'Allemagne est presque ne formalité, trois petits sets et puis s'en vont...

On sait que la qualif aux JO passe par une victoire à l’Euro, ou une finale contre le Danemark.

Pour ça, il faudra châtier les norvégiens dès demain.

Dans le cas contraire, un TQO organisé en France en Avril pourrait venir tout calmer, avec deux tickets pour quatre.

Mais n’oublions pas que « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».

Et ce n’est pas moi qui le dit, c’est Pierrot.

C’est vous dire si c’est vrai.

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