Vous n’imaginez pas combien il est difficile de parler de ce sujet sans se mettre à dos la moitié de ceux qui liront cette chronique. Il parait que c’est à peu-près dans ces proportions que nos compatriotes jugent ce projet de réforme.
C’est ce que disent les sondages, c’est vous dire si c’est vrai !
Au premier mot connoté, à la première virgule qui fâche, le peuple de gauche brûlera cet hymne à la gloire du libéralisme sauvage et de sa sœur jumelle, la mondialisation.
A l’inverse, s’il émane de ces lignes un doux parfum révolutionnaire, certains y verront une ode à la défense du plus beau modèle social du monde, ce paradis qui permet à des feignasses de fonctionnaires de se la couler douce…
Le risque est de se mettre à dos 100% des lecteurs.
Pas le meilleur moyen d’être lu, 0 % de n’importe quel chiffre fera toujours 0. Peut-être un centriste, s’il en reste un et qu’il a du temps à perdre en prison…
Depuis la déclaration d’amour estivale de Neymar pour le PSG, on n’avait pas vu les télés et les réseaux sociaux s’affoler comme ça. Tout y passe, avec une subtilité proche de ce qu’on pourrait entendre dans un joyeux groupe d’ultras, à Leeds ou à Cracovie. Pour les fans de tango, il parait que les « Barras bravas » de Boca Junior sont les plus amicaux d’Amérique du Sud.
Rien ne vaut le vécu pour émouvoir son prochain.
Les témoignages insoutenables se multiplient.
Certains génies du calcul et de la prémonition ont réussi l’exploit de simuler ce que sera leur pension après la réforme, et annoncent des pertes qui flirtent parfois avec les 1000 €.
En face, ceux qui galèrent pour leur dialyse ou leur chimiothérapie feraient bien de se mettre à la trottinette électrique.
Un juste retour des choses, quand on a l’habitude d’entendre des journalistes ouvertement subjectifs s’exprimer dans des médias à la solde du grand capital. Alors que dans les années 70, Pif Gadget était la propriété de l’Humanité, organe de presse du Parti Communiste Français. En ces temps bienveillants, personne n’ouvrait sa bouche pour se plaindre du fait que les haricots sauteurs venaient de Cuba. Et l’ivoire du coutelas de Rahan d’une usine de Moscou.
Mais émouvoir ne suffit pas, encore faut-il pousser l’analyse politique jusqu’à dénoncer les coupables.
Pour une fois, l’ennemi ne vient pas de l’extérieur, Georges peut ravaler ses paroles derrière sa moustache:
« C'est pas un lieu commun celui de leur naissance Ils plaignent de tout cœur les malchanceux Les petits maladroits qui n'eurent pas la présence La présence d'esprit de voir le jour chez eux Quand sonne le tocsin sur leur bonheur précaire Contre les étrangers tous plus ou moins barbares Ils sortent de leur trou pour mourir à la guerre Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part »
Les immigrés, qui il n’y a pas si longtemps venaient manger la baguette des français, redeviennent inoffensifs et presque sympathiques. Au pire, le danger vient de la mondialisation, mais pas de ces hordes de barbares.
Les choses vont tellement vites à l’heure de Twitter !
Deschamps est le meilleur coach du monde et Neymar un super mec. Les migrants ont subitement cessé de chaparder tout ce qu’ils peuvent et d’égorger nos fils et nos compagnes, après avoir pris le soin de les violer.
Ils préfèrent rester dans les bois, manger des racines et s’enfiler entre eux, sauf quand ils trouvent un chevreuil.
L’ennemi vient de l’intérieur.
Pour ceux qui galèrent, il y a les riches, les banques et leurs alliés de la Macronie.
Pour les uns, il y a ces salauds du privé et ces salaires mirobolants, pour les autres, ces feignasses de fonctionnaires et leurs privilèges exorbitants.
Pas une journée sans entendre qu’en France, il y a assez d’argent pour augmenter les bas salaires, les retraites, les indemnités chômage, le nombre de salariés dans les services publics…
C’est tellement simple l’économie et la politique…
Il suffit de traquer l’évasion fiscale et de baisser les salaires des députés et des patrons du CAC 40. Pour les footballeurs, c’est plus compliqué, vendre du rêve n’a pas de prix…
Au début des années 80, Jean-Marc Rouillan et ses potes d’Action Directe ne badinaient pas avec le capitalisme. Ils avaient la gâchette facile et Georges Besse, pas celui de la chanson, n’est plus là pour s’en souvenir.
Aujourd’hui, le « romantisme » anar se cantonne au prix du carburant ou à la valeur du point de retraite.
Les révoltés d’aujourd’hui ne crachent pas sur l’institution, ils estiment au contraire que l’Etat peut tout faire, le bien comme le mal.
Pire, il leur appartient et se doit de mettre en œuvre ce qu’ils revendiquent, comme des supporters avec un club de foot.
Le statut du fonctionnaire est censé garantir la continuité du service de l’Etat ou de la Collectivité territoriale.
Une protection nécessaire et combien efficace contre les scandales de toute nature. Sans laquelle Truffaut n’hésiterait pas à glisser une petite enveloppe dans le gilet jaune de celui qui fleurit les ronds-points de la commune. Ou Monsanto pour que l’on désherbe des kilomètres de caniveaux à coup de bidon de Roundup, qui de toute façon, est interdit dans les jardins.
Les abeilles ne nous remercieront jamais assez…
Quand à un haut- commissaire aux retraites, son statut de fonctionnaire le rend insoupçonnable et indiscutable. Tout juste pourrait-on dire, pour qui verrait le mauvais côté des choses, qu’une tâche de cette ampleur a de quoi le rendre amnésique.
Après tout, être administrateur bénévole dans les assurances et à la fondation SNCF n’a rien de moins choquant qu’un bénévole des Restos du Cœur.
A peine une boite de thon et un paquet de spaghettis à gratter de temps en temps.
Et les 5368 € de rémunération mensuelle pour ses activités au service de Parallaxe, il faudrait être sacrément de mauvaise foi pour y voir quoique ce soit de gênant. D'ailleurs, si le directeur d’un think tank a l’excellente idée de lire ces quelques lignes, qu’il n’hésite pas à m’appeler au 0678985431. C’est avec grand plaisir, et non sans un certain honneur que cette plume si subtile se mettrait au service d’une noble cause.
Et puis que sont 5368 € par mois ?
Une broutille, juste 6 euros de plus qu’un Député, largement de quoi encaisser des flots d’insultes à longueur de journée dans les réseaux sociaux. Voir même, comme dernièrement, le retour de l’action directe.
Des permanences parlementaires vandalisées, des coups de feu tirés ou des manifestations devant leur domicile, certains élus LREM ont le bonheur de continuer le dialogue loin des bancs austères du palais Bourbon.
Sans revenir à Germinal, le syndicalisme s’est souvent dressé sur la route d’une exploitation de l’homme par l’homme qui faisait rarement dans la dentelle, sauf à Calais.
Le weekend tire à sa fin.
Un peu de calme avant la tempête, chacun a pu se détendre un peu et se préparer à ces bons moments à venir sur le rail ou l’asphalte.
Pourquoi ne pas clôturer ce beau dimanche par une bonne raclette en regardant Neymar et Mbappé, nos deux duettistes préférés, nous régaler entre deux bouchées de fromage fondu sur une tranche de coppa.
Et quelques oignons blancs au vinaigre.
L’occasion est trop belle de se replonger dans de vrais dilemmes.
Faut-il prendre deux poêlons ?
Si c’est impossible, faut-il mettre une tranche de fromage entre deux de coppa, ou le contraire ?
Choisir, c’est renoncer, et si le mille-feuille à deux étages avec alternance d’une tranche de chaque était la meilleure solution ? Le troisième étage n’est pas souhaitable, sauf si on veut tout faire cramer.
Dès mardi, il sera temps de tordre le cou à Manu et toute sa clique, à Jean-Paul et à son projet de réforme.
Notre cher Haut-Commissaire est sur le point de réussir l’exploit de faire l’unanimité, …Contre lui.
N’en jetez plus !
On peut toujours rajouter quelques sympathies nazies ou des tendances pédophiles, mais je ne crois pas que ça soit nécessaire pour l’achever. Il s’est admirablement débrouillé tout seul. Même les défenseurs de son projet n’en peuvent plus.
Premier conseil, il pourrait s’acheter une modeste cabane dans le Larzac et s’y retirer pour profiter au mieux de quelques chèvres et de la modique somme de 27687 €, cumul de ses maigres salaires. Pour les centimes, c’est cadeau.
Le deuxième est plus spirituel puisqu’il s’agit de rédemption.
Après tout il est bien administrateur plus ou moins bénévole dans une douzaine de structures, alors pourquoi pas une treizième !
Une casquette, une veste verte et on peut l’envoyer mardi de bon matin sortir un bus du dépôt RATP d’Aubervilliers.
De quoi mesurer la bienveillance légendaire des collègues grévistes :
- PD
- Sale jaune
- Grosse fiotte, suce-bite…
Des mots tellement peu fictifs qu’ils ont été prononcés la semaine dernière à l’encontre d’un dangereux activiste libéral qui voulait juste travailler.
Quel courage, quelle force collective ! Et puis quand on lutte contre les classes dominantes, on ne fait pas d’omelette sans casser quelques œufs. Dans un pays où la moindre banderole, le moindre chant qui fait allusion à une pratique que la morale Victorienne réprouve, provoque l’arrêt d’un match de foot pour propos homophobes !
Alors que les cris de singe sont considérés comme une franche rigolade qui n’a rien à voir avec un quelconque racisme.
Sur les réseaux, sociaux comme routiers, dans les tribunes des enceintes sportives, dans les établissements scolaires ou un ptit bbq entre amis, l’exaspération le dispute au pessimisme. Avec une violence démesurée, celle de la parole qui se libère après des années d’étouffement. Comme celle du peuple d’une République qui viendrait d’enchaîner des années de dictature après des décennies de colonisation.
La colère est réputée pour être mauvaise conseillère, les caniveaux débordent de haine, le glyphosate qui s’y ballade par hasard passerait presque pour du petit lait.
On peut comprendre la catharsis, la purge des passions qui deviendraient plus supportables en s’exprimant de façon bruyante.
Comme quand vous cassez les pieds à celle qui partage votre plat de coquillettes en lui racontant ce que votre collègue de travail vous fait subir tous les jours.
Ça peut faire du bien, même si ça finit par anesthésier la libido.
Mais une fois passée cette décharge salutaire, on peut se demander ce que veut vraiment un indigné ou un gréviste pur et dur.
Préserver les avancées chèrement acquises par de glorieux anciens.
Faire respecter la parole de l’Etat.
Défendre les autres, ne pas laisser un monde injuste à la jeunesse et à nos propres enfants.
C’est au départ la noblesse du syndicalisme, sa raison d’être.
Toute médaille a son revers, et le corporatisme n’est jamais bien loin.
S’arque bouter dans une tranchée pour défendre une position jusqu’à la mort est sans doute digne de respect. La France a le taux de syndicalisation le plus bas en Europe, pas plus de 5% chez les ouvriers. Il faut souvent redoubler de virulence pour vous faire élire lors d’élections professionnelles où 90 % de ceux qui votent ne sont pas syndiqués.
Autant dire que les représentants qui sortent des urnes n’en ont que le nom.
Encore plus absurde que les Présidentielles.
Le monde du travail et son paritarisme est un maquis aussi opaque que juteux. De la très grosse galette, avec des organismes de formation professionnelle qui brassent des dizaines de milliards.
Beaucoup plus que l’évasion fiscale.
Mais l’intérêt général est pour certains l’arbre derrière se cache la jungle des intérêts particuliers. Dire que l’on se bat pour le bien commun est politiquement plus correct que de revendiquer un clientélisme qui transpire entre les lignes.
De chemin de fer.
Et la fameuse convergence des luttes produit de singuliers alliés de circonstance.
Des insoumis et des fachos.
Des futurs retraités de 57 ans et ceux qui veulent la peau de Macron, la tête des riches, des cadres et le retour des étrangers dans leur beau pays d’origine.
Des exaspérés fiscaux qui côtoient allègrement ceux qui veulent plus de service public…
En gros tous ceux qui ont peur.
De l’avenir et de son incertitude, du monde qui bouge trop vite et sans cap identifiable.
Ceux qui en ont marre veulent tout changer, tout casser. Le peuple de 1789 voulait tordre le cou à l’ancien monde, c’est comme si celui d’aujourd’hui rejetait le nouveau.
Le besoin de certitudes et de sécurité se comprend, mais qui pourrait nous expliquer ce que veulent mettre en place nos révolutionnaires des temps modernes ?
Des soviets, des commissaires du peuple, un dictateur, des assemblées de copropriétaires,… ?
Une société uniquement faite d’ouvriers, de fonctionnaires et de Bac + 5 ?
Les utopies sont mortes avec le siècle dernier, mais peu d’hommes politiques réfléchissent sereinement au monde de demain.
Le modèle de l’ancien monde était d’une clarté à faire pâlir la Francilienne un soir d’hiver.
Le plus gros du contingent entrait dans une boite en sortant de l’école, et en sortait quelques décennies plus tard à la retraite, sauf ceux qui le faisaient les deux pieds devant.
Juste un petit tour par la caserne pour les uns et par la maternité pour les unes.
Largement de quoi profiter de sa famille, de son pavillon à Pontault-Combault et de ses allers-retours à Gustave Roussy. Pour ceux qui n’avaient pas su arrêter à temps de taper dans la gourde et la gitane sans filtre, leur veuve éplorée pouvait se consoler avec le voisin et la pension de reversion.
Une famille du peuple, ouvriers ou techniciens, pouvait se payer son logement, partir trois semaines à la mer l’été, une semaine l’hiver à la montagne et même envoyer ses marmots un mois en colo, de peur qu’ils ne s’ennuient en bas de l’immeuble.
Qui peut se le permettre de nos jours ?
Un pilote de ligne ?
Un DRH ?
Un cadre de la SNCF, pardon, veuillez excuser ce pléonasme.
En 2019,le monde n’est plus du tout le même, le ringard d’hier est devenu le luxe d’aujourd’hui.
1800 € la semaine au VVF de Saint-Jean de Monts, tout ça parce qu’on l’a rebaptisé Club Belambra !
Le tout sans fumer son paquet de gitanes dans la bagnole, les enfants oseraient l’ouvrir pour se plaindre. Les petits effrontés ! Et pas moyen de se consoler le midi en s’enfilant une demi-douzaine de godets, les CRS risqueraient de ne pas apprécier.
Mais ne nous méprenons pas.
Le propos n’est pas de dire que c’était mieux avant ou que tout allait bien.
C’est juste que de nos jours, les perspectives d’avenir apparaissent tellement sombres et incertaines, et que la contestation manque de panache et de romantisme.
L’ambition professionnelle n’est pas d’être chercheur ou avocat, mais d’obtenir un CDI, fut-il dans une cimenterie ou aux PFG. Mieux, d’entrer dans la fonction publique.
Finalement, les antillais avaient tout compris avant tout le monde.
Et pas seulement José Sébéoulé, qui comme chacun sait est le chanteur de La Compagnie Créole.
S il égaye tous les jours la morne vie de ses camarades d’Epadh, c’est parce qu’il est rentré aux PTT à l’âge de 17 ans.
Certains médisants disent qu’il leur casse les oreilles, enfin les rares qui ne sont pas sourds.
Grace à l’action de ses camarades de la CGT, il a pu partir à la retraite à 41 ans, en 1989. Il faut dire que facteur était en ces temps reculés un métier pénible, pour les mollets comme pour le foie. Le tout été comme hiver, dont on connait la rigueur légendaire sur les rives austères de la mer des Caraïbes.
Depuis, il a tout son temps pour animer un ptit mariage par-ci, un baloche par-là, juste de quoi se payer quelques acras quand il boit un ti-punch.
Il faut dire que sa retraite de la poste, calculée sur ses six derniers mois, n’intègre même pas la prime de verglas, ni celle de travail de nuit obtenue de haute lutte par ses collègues du bureau de poste de Nuuk, la capitale du Groenland.
Francky Vincent, son pote d’enfance, a commencé à bosser à 14 ans dans la canne à sucre chez Damoiseau.
Sa retraite est indigente, mais ce privilégié a encore droit à deux bouteilles de rhum par ans pour Noël.
Quand on entend d’odieux diviseurs qui osent se plaindre du fait que le petit fils d’un cheminot paye 5 € pour prendre le TGV !
C’est quand même beaucoup plus que ce que ne paye pas un député, qui fait un voyage d’étude à Courchevel.
Il faut dire qu’il y a de moins en moins de neige à Megève.
La convergence des luttes.
Quel beau concept.
La France laborieuse a battu le pavé qu’il soit parisien ou pas.
Les avocats, la RATP, la SNCF ont lancé un mouvement qu’ont rejoint les profs et le personnel de santé.
Le sous-prolétariat d’ENGIE y est allé de ses petites coupures, ceux qui avaient leur chapon au congélo devront fêter Noël avec quelques jours d’avance.
Des alliés plus que de circonstance se sont retrouvés dans la même manif, sous les mêmes bannières.
Magnifique et si peu hypocrite.
Des salariés qui partent à la retraite alors qu’ils sont de fringants quinquas y côtoient des compatriotes qui eux, ont la chance de ne pas se flinguer la santé en exerçant un boulot pénible.
Pendant que les uns soigneront leurs rhumatismes ou leurs poumons, brisés par une carrière terrible, les autres se régaleront en enseignant la Shoah dans un lycée professionnel d’Aubervilliers. A 64 ans, le bon âge pour changer un bassin en gériatrie, à l’hôpital de Juvisy-sur-Orge.
Quant aux agriculteurs et aux ouvriers du bâtiment, chacun sait que travailler au grand air est meilleur pour la santé que de passer ses 32 heures de travail dans l’atmosphère vicié d’un couloir de métro.
Et puis soulever des charges est bon pour le dos, la fonction crée l’organe.
Le glyphosate n’est pas cancérogène, comme la cigarette dans les années 70.
Ou la gnôle un soir d’hiver, au fin- fond de la Picardie.
Mais au diable le cynisme, il est grand temps de faire de la politique.
Vivre reclus dans une luxueuse propriété de l’Est parisien n’exclut pas de s’intéresser à la vie de la cité.
Certains jaloux peuvent y voir une once de condescendance, de l’ordre de celle du seigneur pour ses serfs, qu’un s ne protégeait pas forcément du port de la corne. Surtout quand le preux chevalier reluquait leur femme de 14 ans après 8 mois de croisades plutôt chastes, lassé de ses rugueux compagnons de bivouac, hirsutes et couverts de boue.
Lui qui adore l’eau de Cologne et les mains bien savonnées…
Mais ne nous égarons pas dans des contrées qui pourraient en émoustiller certains. Soyons sages, et revenons à la politique.
La retraite, telle que nous la connaissons en 2019, est un système solidaire crée par ce bon Général de Gaulle, qui lui-même avait renoncé à la sienne.
Plus d’un demi-siècle avant Manu !
A une époque où les actifs étaient légions, et où le retraité passait rapidement de vie à trépas, le plus souvent dans une boite en sapin.
Le jour viendra où la moitié des Français qui taffent devront entretenir l’autre moitié, le tout pendant 40 annuités.
Gouverner c’est prévoir.
Imaginer qu’un salaire suffise à vivre, à payer ses impôts, toutes les charges et la retraite d’un compatriote !
Ou alors il faut faire passer le SMIC à 8500 €, sauf que la retraite à couvrir sera proportionnelle.
Alors à 14500, mais la retraite….
Solidarité, répartition, capitalisation, par points,…
La sémantique et ses dérives amènent très souvent un décalage infranchissable entre l’émetteur et le récepteur. La rupture est à chaque fois consommée avant la première virgule, ou que la fin de la première phrase ne soit prononcée.
De ce point de vue, si notre cher gouvernement a mis le paquet dans l’opacité, on peut dire que Philippe Martinez et ses disciples ont montré une mesure qui les honore.
Après, d’un point de vue moral, il n’est pas correct de changer après coup les termes d’un contrat social.
Le respect d’un engagement est la seule base possible d’une confiance mutuelle.
Les salariés de la RATP, SNCF ou d’ENGIE, honteusement exploités par un capitalisme de plus en plus sauvage, sont de salutaires lanceurs d’alertes qui se battent plus pour le bien d’autrui que pour leurs maigres avantages.
Ceux qui osent ne serait-ce penser, que certaines niches auraient besoin d’un petit coup de balai, sont les larbins de cadres sup et autres patrons du CAC 40 qui s’en mettent plein les fouilles.
Malheureusement, et malhonnêtement, nos chers syndicalistes sont plus prompts à ruer dans les brancards qu’à reconnaître certains abus invraisemblables dans les rangs de ceux qu’ils défendent.
Quant à leur propre statut, celui des salariés de leur organisation ou des Comités d’Entreprise, il est sans doute plus confortable de fustiger celui des élus de la République.
Notre insoumis préféré traite Manu de démago à longueur d’ondes et de journée.
S’il, y en a un qui peut se le permettre, c’est bien lui.
Cet homme si dévoué.
Aux autres, à de nobles causes. A tel point qu’il a sacrifié sa vie professionnelle pour entrer en politique et lutter contre l’injustice.
Une juste récompense dans ce monde de brute, notre Chavez national, parti de rien, est devenu millionnaire en patrimoine.
A la force du poignet, il s’est construit une maigre retraite d’à peine 5 fois le SMIC. La preuve que dans notre pays, l’ascenseur social n’est pas si mort qu’on veut bien le dire.
L’union fait la force, et les alliés sont souvent de circonstance.
Les salariés sus cités risquent sans doute de perdre quelques dizaines, centaines d’euros sur leur pension. Mais que dire des conditions de travail de ceux qui les ont bêtement rejoints au nom de cette magnifique convergence des luttes.
Ces feignasses de profs et d’infirmières, ces fachos de flics.
Il a suffi à certains d’enfiler un gilet jaune, de transformer les ronds-points en paradis de la merguez, de tout péter et de faire vaciller le pouvoir pour débloquer 15 milliards.
La série du samedi en plus de 50 épisodes qui a passionné les français, cloué le bec aux commerçants et poussé les syndicats à ravaler leur salive.
La saison II, est celle du retour de la revanche.
Les exclus de la I sortent du bois et se vengent.
Et les dindons sont les mêmes, ils se complaisent dans leur farce, acteurs ridicules d’une nouvelle fable de Noël.
Il faudrait être sacrément naïf pour se dire qu’un gars s’était levé un beau matin en se disant qu’il allait se faire les retraités.
Manu n’aime pas les vieux, il a décidé de les pourfendre…
Ou alors il en a eu marre et a enfin décidé de se venger de ce que sa femme lui fait subir !
A l’inverse, on peut penser que ce gars a, en diverses occasions, été débordé par des éléments qu’il semble ne pas maîtriser. A juste titre.
Mais oser imaginer qu’il multiplie les bourdes pour faire passer sa réforme.
Pas persuadé.
Rappelons-nous de son élection, et s'il était plus stratège qu’on veut bien le dire ?
Et nos syndicalistes moins altruistes.
Les professions qui ont convergé se sont fait avoir une nouvelle fois.
Comme d’hab.
Les artisans, certains indépendants et les agriculteurs sont des lâches, aveugles à la détresse d’autrui.
Ces jaunes n’ont aucun sens du bien commun, aucune pitié pour la défense d’avantages si chèrement acquis.
750 € de pension !
De toutes façon ces couilles-molles ne prennent même pas le temps d’en profiter.
Ils préfèrent se suicider.
Heureusement que d’autres sont plus courageux.
On apprend que les pilotes de ligne sont sur le point de se joindre au mouvement.
Il était temps !
Nous, les français, sommes un peuple de râleurs toujours prêts à donner des leçons d’économie, de politique ou de management.
Avec une constance, un discernement et une bonne foi à faire pâlir un collégien.
Franchement, il est souvent difficile de comprendre pourquoi de si brillants esprits font de si piètres hommes politiques ?
Alors qu’une fois aux manettes, il suffirait de taxer les riches, renvoyer les Sénateurs, baisser les impôts, engager des fonctionnaires et de doubler le SMIC.
Comme ces brillants sélectionneurs qui feraient jouer Benzema et Lacazette à la place de Giroud.
Ah oui mais dans ce cas, ne faut-il pas en virer un deuxième ?
Finissons-en avec le Yakafaucon, sport national pratiqué la plupart du temps derrière le zinc d’un comptoir.
Et le jaune d’un ricard.
Une révolution ne se construit pas forcément armée d’un drapeau rouge et d’une guillotine. Il est plus difficile de faire entrer une idée novatrice dans une tête que de la couper.
Au XVIe siècle, Copernic bouleversait les cervelles en décrétant que les planètes tournaient autour du soleil. Dont cette bonne vieille terre qui du coup n’était plus le centre du monde.
Une audace qui plaira moyennement à une Eglise peu prompte à encourager les vocations. Elle mettra plus de deux siècles à l’admettre.
Au XXIe siècle, un Copernic serait le bienvenu.
Calme-toi Greta, retourne un peu à l’école, tu as une grosse interro de maths à la rentrée…
Changer le monde, changer de centre, revoir un système qui court à sa perte.
Vous pourriez dire : « Un peu loin des retraites tout ça », mais là comme ailleurs, il est peut-être temps de changer radicalement de point de vue.
Le revenu universel est une idée qui fait son chemin.
Benoît Hamon, qui normalement n’est pas mort, l’avait même défendue lors des dernières présidentielles.
C’était sans doute la seule mesure réellement révolutionnaire proposée par l’ensemble des candidats, à part le SMIC à 3600 € de Nathalie Arthaud.
Le problème est que le programme de l’ex-socialiste, encore un, n’était qu’un catalogue de mesures aussi peu applicables que démagogiques.
Cela-dit, philosophiquement, moralement et politiquement il est peut-être temps de revoir la valeur travail.
Pas dans le sens où il faudrait lui opposer une culture de l’assistanat qui bannirait tout effort, et se dire qu’il serait juste que tout arrive tout cuit sur notre table IKEA.
Soyons plus pragmatiques que moralistes, et laissons un peu de côté certains préceptes qui pèsent trop lourd.
« Il faut travailler ».
« Il faut partager ».
Le modèle de la révolution industrielle et des « 30 glorieuses », avec une société mécaniciste, un plein emploi et une planète aux ressources illimitées doit être largement revu.
Ah oui, les retraites !
Le principe du revenu universel n’est pas si ridicule qu’il n’y parait à première vue. Par contre, il parait logique que des écarts de salaires correspondent à des différences de travail, de niveau d’étude et de responsabilité.
Le problème, c' est l’échelle.
Difficile de défendre l’idée qu’un joueur de baballe palpe chaque jour plus de 100 fois un SMIC mensuel.
Ni qu’un fervent syndicaliste reçoive en note de frais ce qu’un ouvrier fraiseur gagne à la force du poignet.
Dans tous les cas, on parle de vie professionnelle, d’actifs, enfin pour les petits chanceux qui ont un job. Les autres jouent leurs allocations chômage au poker sur internet en robe de chambre Moltonel.
Pourquoi faire du gras en bouffant des chips à longueurs de journées, autant jouer son RSA au cazingue !
Bref on aura compris que les fortunes professionnelles sont diverses et variées.
La fille d’un ouvrier agricole a peu de chance de se retrouver au deuxième tour des présidentielles. Même si elle est blanche.
Un fils d’éboueur aura plus de mal à bosser à la télé que celui de Christophe de Chavanne. Surtout s’il est noir.
Il y a une logique implacable qui confine à l’injustice dans tout ça.
Mais pas seulement.
Tout le monde n’est pas issu d’une famille de 11 enfants vivant dans un F3 à la « Grande Borne », et certains sont des feignasses qui ne foutent rien à l’école.
Dans ce cas, il est plus probable de finir à la chaîne que rappeur, footballeur ou étudiant à HEC.
Par contre, à la retraite, tout le monde fait exactement la même chose.
RIEN.
Alors pourquoi ne pas faire notre le fameux adage :
« A travail égal, salaire égal ».
UNE RETRAITE UNIVERSELLE.
La même pour tous, que l’on soit cheminot, prof ou manœuvre dans le bâtiment.
Pas de régime spécial, pas de pénibilité, pas de fonctionnaire ni de militaire, pas de jaloux, une pension universelle à partir d’un certain âge ou d’un certain nombre d’annuités cotisées.
Je sens déjà poindre les critiques :
« Ah oui mais j’ai cotisé plus que lui »
Version pension du sketch de l’addition.
Une révolution on vous dit, de la vraie solidarité. Ceux qui cotisent plus parce qu’ils gagnent plus ont largement les moyens d’agrémenter cette maigre pension d’un appart à Vincennes et d’une villa sur la Côte, qu’elle soit d’azur, d’opale ou d’ivoire.
A l’inverse, il faudrait envisager un moyen de se protéger contre « les profiteurs » que tout système fait fleurir, et définir les modalités pour ouvrir ces droits.
Ça ferait un peu moins pour les cadres sup, les salariés de la CGT, les forçats du rail et quelques autres.
Et beaucoup plus pour tant d’autres.
Un alignement par le milieu…
« 3…, 2…, 1 …,
Bonne année Gribouille »