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LENORMAN, SANS D


Il paraît que les petits cadeaux entretiennent l’amitié.

Pas besoin d’un carton de Château Cheval Blanc, un simple coup de fil peut suffire.

Sans avoir quelque chose de précis à dire, ou à demander :

- Salut, tu vas bien ?

- Pas mal et toi, quoi de neuf depuis ces six mois ?

- Pas grand-chose

- Que me vaut…

- Tu as toujours ton pote plombier ?

- Oui, pourquoi ?

- J’ai une fuite dans la cave…

Et ça marche aussi avec un pote électricien, flic ou avocat selon le petit service qu’on a à demander.

Alors qu’on devrait appeler ses amis comme ça, pour rien

Pour la famille c’est un peu pareil.

On voit parfois les gens alors qu’ils ne pètent plus trop la forme, pourtant bien emmitouflés dans le satin de leur cercueil.

Parfois un peu tard.

Pour les chanteurs, c’est un peu la même chose.

Ceux qui s’étaient dit qu’ils attendraient 2019 ou 2020 pour enfin aller voir Aznavour ou Johnny devront être plus que patients, ou se rabattre sur Mat Pokora.

Pour Hugues Aufray, je vous conseille de ne pas trop traîner.

Le 20 décembre à La Coupole de Saint Loubes c’est trop tard, mais il reste des places le 22 février à l’Espace René Pourny de Pontarlier.

Imaginez le délire :

Dévaler à skis les pentes enneigées du Doubs, en chantant à tue-tête « Elle descend de la montagne à cheval ».Se réchauffer devant un ptit vin chaud et un hot-dog à la saucisse de Morteau. Allez se changer dans les toilettes du chalet. S’installer confortablement dans les fauteuils cossus de l’Espace Pourny et reprendre en cœur Stewball, Debout les gars et Santiano.

Franchement, j’hésite.

La seule question est de savoir s’il y aura assez de neige le 22 février…

Eric Charden, l’ex de Stone, nous a quittés il y a quelques années. Rien dans son nom ne nous montre qu’il naquit à Haïphong en Indochine.

Contrairement à Gérard Lenorman qui, comme le sien le laisse à peine supposer, a vu le jour il y a soixante- quatorze ans dans le Calvados.

Ce qui est presque incroyable, c’est qu’il s’appelle vraiment comme ça, mais avec un d, alors que sur l’état civil d’Eric Charden est écrit le doux patronyme de Jacques-André Puissant !

Comme beaucoup, Gérard a eu beaucoup de succès dans la décennie 70 et au début de la suivante, avant d’être balayé par une vague Disco qui déferlera sur le monde. Largement de quoi le renvoyer à ses chères études et lui donner l’envie de faire de la randonnée. Il ne se contentera pas du Sahara mais en profitera pour traverser aussi le désert du Kalahari et de Gobi, dont on dit parfois qu’il est le plus beau du monde.

Beaucoup ignorent que c’est pendant ces trente années de balade que lui viendra l’idée géniale du site Visorando, si utile à ceux qui battent la campagne.

En 2011, il délaisse ses chaussures de rando pour repousser la chansonnette avec des potes chanteurs et vend 300 000 exemplaires de son album Duo de mes chansons !

Il faut être franc, Gérard ne nous a pas trop manqué durant ses trente piges de placard, mais son come-back a été un succès.

Finie la voie tremblotante et haut perchée, sans tomber dans le Zucchero, le Cocciante ou le Garou, il nous revient avec une voix éraillée qui passe bien.

Mise à part sa Ballade des gens heureux, ce gars a marqué l’inconscient collectif par ses chansons tristes et nostalgiques.

Des textes forcément autobiographiques.

Michèle

« C’est bien loin tout ça

Les rues les cafés joyeux

Même les trains de banlieue

Se moquent de toi

Se moquent de moi »

Les matins d’hiver

« Puis bercés par les vagues d’une douce chaleur

Que nous prodiguait le vieux poêle

Nos esprits s’élevaient pour se rejoindre ailleurs

Sur des plages

Où il fait toujours beau

Où tous les jours sont chauds »

Attention comme la bouteille, c’est à manier avec précaution en cas de mélancolie profonde, certains diraient de dépression.

En plus, Gérard a vraiment la tête de l’emploi.

Un mec sympa, avec qui la vie n’a pas toujours été très tendre.

Un gars qui a dû briser quelques cœurs mais que les femmes ont certainement fait souffrir.

Voici les clés

« Voici les clés pour le cas où tu changerais d’avis

A ta santé à tes amours, à ta folie »

Des mots, une mélodie, une voix, une chanson quoi…

Pas un chef-d’œuvre de la poésie française, mais des mots qui peuvent toucher.

Comme ça, un beau matin sans prévenir.

Impossible d’expliquer trop pourquoi.

Comme un ami qu’on appelle comme ça, gratuitement, sans rien à lui demander.

Gérard se produira le 27 mars 2020 à l’Espace le Gabion, à Drusenheim.

Billets à 34 euros, soit dix de moins qu’Hugues Aufray !

« Je vais tenir mes rêves au chaud et le champagne au froid »

Franchement, ça vaut mieux que le contraire.

« Et n’oublie pas l’anniversaire de Nicolas »…

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