- Moi j’ai toujours dit que c’était un des trois meilleurs joueurs du monde.
- Il aurait pu s'excuser quand-même.
- Après tout, on s’en fiche un peu qu’il ait voulu partir, profitons au maximum de sa présence.
- Allez Maurice, tu remets la culotte au môme ?
- Trois ritons et une binouze ?
- Non, mets donc quatre jaunes, je vais en prendre un aussi.
Une fois passée l’émotion littéraire que provoque ce dialogue passionnant, replaçons-le dans son contexte :
Les Trois Obus, célèbre brasserie de la Porte de Saint-Cloud, à 22H50 en ce dimanche 22 septembre 2019.
Il faut dire qu’en huit jours, le PSG s’est tapé le Real, Strasbourg et Lyon.
Si la victoire en Ligue des Champions a été aussi large que prestigieuse, les deux en Ligue 1 l’ont été sur un score on ne peut plus étriqué, avec un but à la 92e puis à la 87e !
Non seulement le scénario est improbable, mais que dire du nom du buteur !
Neymar.
Plus noceur que Paul Gascogne.
Plus fragile que Gourcuff, pas le père, le fils.
Moins respectueux du Club qui le rétribue chichement que Ben Arfa.
Meilleur plongeur que Valbuena et Ravanelli réunis.
Aussi fidèle que Juda.
Et si tout ça ne vous suffit pas, je peux vous rajouter une affaire de viol ma ptite dame.
Impossible de faire pire, de cumuler autant de défauts.
Le mec se permet même de jouer au foot
Ça fait beaucoup pour un seul homme, l’heure de la rédemption semble être arrivée un peu vite pour quelqu’un qui a défrayé la chronique.
La même brasserie, un mois plus tôt…
- Moi je serais à la place de Leonardo, je le solderais à 200 patates.
- Il a craché sur le Club, jamais je ne lui pardonnerai.
- T’as raison, dès demain je laverai ma bagnole avec son maillot.
- Du coup, que feras-tu avec celui de Charles-Edouard Coridon ?
- N’oublie jamais qu’il a mis un coup du scorpion contre Porto !
- C’est vrai, son seul but, Maurice, mets-nous donc quatre jaunes.
- Non trois, moi je vais prendre une petite mousse.
Cette scénette est sans doute moins fictive que si elle était vraie.
Et nul doute qu’elle a du se jouer ailleurs qu’exclusivement dans un débit de boisson de l’Ouest parisien, des friteries du Nord aux rades de la Canebière, par exemple au café-tabac de la Poste du Châtelet-en-Brie.
Quand il y a deux ans le fantasque brésilien décida de traverser les Pyrénées pour venir poser sa valise Vuitton sur les rives de la Seine, Linda de Suza a vraiment dû regretter de ne pas avoir fait du foot dans la petite cour de l’école primaire Vasco de Gama de Beringel.
Au lieu de ça, elle a poussé la chansonnette, ce qui l’amènera elle aussi à Paris, mais avec une valise moins solide.
Le transfert du buveur de Redbull n’est pas que sportif, et les philanthropes qui ont lâché des tonnes de patates ne l’ont pas fait parce qu’ils aimaient la samba.
Mais on ne nous fera pas croire qu’il suffit de vendre des maillots et de tourner quelques pubs avec l’idole pour rentabiliser l’opération.
Des milliers, que dis-je, des dizaines de milliers de clients de bars n’ont parlé que de ça pendant des semaines.
Et que croyez-vous qu’ils consommassent ?
Du viandox ?
Du jus de tomate ?
Et en plus ça assèche sévèrement le gosier de cracher sa haine pendant des heures…
Vous penserez probablement que comme tant d’autres, je viens de succomber aux sirènes du complotisme, que je pense que le 11 septembre est un coup du Mossad. Ou la défaite contre Manchester United le coup d’un groupuscule de nostalgiques de l’œuvre d’Adolf pendant la deuxième guerre mondiale. Ils auraient kidnappé la femme de Tuchel la veille du match retour…
Restons lucides s’il vous plait.
Imaginez un peu les rivières d’anisette qui ont coulé à flot durant un mois de septembre carrément estival.
Qu’on s’arsouille au Riton ou au 51, dans les deux cas c’est Pernod-Ricard qui régale. Et pour ceux qui préfèrent le champagne, le sky ou la vodka, pas de problème, il y a ce qu’il faut en catalogue.
Imparable.
Ces hectolitres qui désaltèrent sont des millions qui tombent dans la bourse de ces « Créateurs de convivialité ».
Une manne, un marché gigantesque, on ne m’enlèvera pas de l’esprit qu’Alexandre est dans le coup.
Ricard, le petit- fils de Paulo.
Le pauvre n’a pas le droit de faire de la pub en France, alors il faut bien qu’il se débrouille un peu.
Les 20 millions pour aider à son transfert au Barça, si c’était lui ?
Il est 22H19 en ce 30 mai 2020 à Istanbul, Liverpool mène 1/0 et semble bien parti pour enquiller sa deuxième Ligue des Champions en deux ans.
Insupportable, il est urgent d’étancher le goût amer de la défaite :
- C’est fini Maurice, tu vas pas nous laisser dans cet état.
- Quatre pastagas ?
C’est le moment que choisit Neymar da Silva Santos Junior pour coller un doublé en trois minutes…
- J’vous l’avais dit les amis, ce gars est un génie. On avait besoin de ça pour ramener la coupe.
- J’ai toujours pensé qu’il fallait juste un peu de patience, de tolérance, il n’est pas comme les autres, il a besoin de liberté.
- Juste un peu de chance, mais je savais que ça allait tourner.
- Maurice, t’attends quoi !
Autant vous dire qu’un soir comme celui-là, le co-leader mondial des spiritueux va soigner son chiffre d’affaire.
Le plus juteux et le moins risqué des paris sportifs.
Quel que soit le résultat, l’anisette coule à flots.
Et tous les philosophes du ballon rond font la fête, à grand coup de « j’vous l’avais dit ».
Les flagorneurs d’aujourd’hui sont souvent ceux qui jadis déboulonnaient l’idole, que ce soit derrière un micro ou le zinc d’un comptoir…
- Putain Maurice, on a gagné !
- Ouais, c’est ma tournée, quatre Ricard ?
- Non je vais prendre un Casanis.