Même si certains sont plus prompts à les faire qu’à s’en occuper, beaucoup d’entre nous connaissent bien les enfants. On a tous vécu ces scènes ubuesques où un chiard de trois ans met la misère à sa mère pour un paquet de M&M’s dans les rayons du Super U de Brie Comte Robert.
Alors qu’au Biocoop rue de la Boétie, on voit rarement un moutard faire un caprice pour une botte de brocolis, ou un sachet de graines de courges.
Sachet papier je précise.
Tout ça pour dire qu’en général, les gamins savent très bien à qui s’adresser et comment faire pour obtenir une petite gâterie. Un refus calme et systématique à une demande plus ou moins légitime, une petite surprise de temps en temps, et le tour est joué.
Une paire de claques pour mettre fin à un show hystérique, une démission qui fait que l’on cède à chaque fois, et vous pouvez être sûr que votre petit ange retentera sa chance.
Ainsi va la vie, un enfant essayera toujours de gratter un petit quelque chose, surtout si ça a une chance de réussir.
Pour les parents que nous sommes, la lutte est longue, elle nécessite une force de tous les instants. A la moindre défaillance, crac, le môme revient à la charge. Baisser la garde est parfois tentant, ou nécessaire, mais attention à certaines victoires de l’ami Pyrrhus, et d’une tranquillité qu’on s’achète à moindre frais.
N’ayez crainte, mes nombreux enfants ont beau être parfaitement éduqués, le manuel à l’usage des parents n’ira pas plus loin.
On pourrait juste se dire que les enfants capricieux ont des chances de devenir des adultes qui ne comprennent pas toujours que les choses ne tombent pas toutes cuites dans leur besace.
Et là, il faut faire preuve d’un certain discernement pour faire le tri entre les injustices flagrantes et ce qui pourrait être de l’ordre du caprice.
Certaines choses usent à juste titre ceux qui bossent comme des chiens pour des clopinettes, et une taxe de trop a fini par faire déborder le vase.
Alors que nos amis à quatre pattes se contentent d’une assiette de croquette et d’un os de temps en temps.
Mais on ne peut pas dire que le désœuvrement et le manque de perspective agissent comme des générateurs de joie de vivre. Difficile de croquer la pomme quand, au mieux, vous pouvez finir caissière chez Leclerc ou cariste dans une cimenterie. Ou de se dire que le monde tourne rond quand après cinq ans d’études, vous avez le choix entre Pôle Emploi ou un salaire pas loin du SMIC. D’où un sentiment de pessimisme généralisé.
Certaines situations sont dramatiques, mais il n’est pas rare, dans d’autres qui le sont un peu moins, de noircir le tableau, de se plaindre à défaut de réagir plus positivement.
On peut comprendre la tentation du repli dans certaines convictions plus ou moins dogmatiques, du ras le bol et de la haine des riches, des élites et de ceux qui nous gouvernent.
Mais là, ils sont devenus fous.
Calme-toi Michel, pas la peine de réveiller Vladimir Ilitch pour s’en rendre compte.
Imaginons un manifestant de mai 68 qui se serait endormi un demi-siècle après un bon coup de matraque sur la carafe.
D’abord, et quoi qu’étonné, le pauvre bougre pourrait remercier Dettinger ou quelques autres de le venger en cognant sur les CRS.
Mais on se dit que c’est la chute du prix de la vie humaine qui certainement le choquerait.
Des gens qui préfèrent se noyer que de crever de faim.
D’autres qui mettent le feu à des banques ou à des voitures de polices.
D’autres tabassés à mort pour un téléphone, un regard ou une cigarette.
Des kalashs qui crépitent pour des histoires stupéfiantes.
Pour un oui, pour un non.
Des quartiers entiers sous contrôle des trafiquants.
Des bidonvilles.
Des migrants.
Des mendiants.
Des morts au nom d’un Dieu qui a eu la mauvaise idée de ne pas être le même pour tous.
Pas de panique, il n’est pas question ici de faire un amalgame entre les gilets jaunes et les terroristes.
Sans être identique, on peut trouver des points communs dans la démarche.
Marquer les esprits.
Faire peur.
Perturber une partie de la population, l’empêcher de vivre normalement, parfois la prendre en otage.
Engager un bras de fer avec le pouvoir, le faire plier pour obtenir gain de cause sur certaines revendications.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les gilets jaunes ont obtenu plus de choses en trois manifestations que tous les syndicats en plusieurs années.
Entre enfumage et réalité, la réponse de Manu prouve que plus on l’ouvre, plus on a de chances d’être entendu.
Les retraités feraient bien de s’en souvenir.
Doudou a rogné leur retraite.
La maltraitance dans les Ehpad est une triste réalité.
Le prix de la graine de courge, arme essentielle dans la lutte contre les problèmes de prostate, monte en flèche. Encore plus vite que celui du carburant.
Et surtout, le nombre d’AVC qui les frappent est en hausse. Et là encore, c’est de la faute du Président qui ne fait pas grand-chose.
Les terroristes ont leurs icônes.
Les gilets jaunes aussi, qu’elles soient de la première, la deuxième ou la dix-neuvième heure.
Et bien depuis cette semaine, les seniors victime d’AVC ont la leur.
Il était temps.
Action Directe, les Brigades Rouges, la bande à Bader, toutes ces figures anticapitalistes peuvent trembler.
Ben Laden lui-même doit se retourner dans sa grotte.
Il y aura un avant et un après 22 mars.
Un retraité de 80 printemps a décidé de frapper fort et de défendre la cause des accidents vasculaires en frappant un grand coup.
Bien tapis derrière les vitres teintées de sa Peugeot, il a patiemment attendu d’être victime d’un AVC pour mettre le contact et foncer dans le marché de Fontainebleau à plus de 5 KM/H.
Malheureusement pour lui, et toutes les victimes de cette terrible maladie, il n’a pas totalement réussi son coup pourtant méticuleusement préparé.
Il a raté sa cible et a percuté la terrasse d’un bar tabac, ne fauchant que deux personnes, sans faire la moindre victime.
Ironie du sort, il n’a pas réussi à renverser le moindre jeune, ni la moindre famille.
Il s’est contenté de deux femmes.
70 et 73 ans.