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ABDELAZIZ ET ROGER


On nous rabâche depuis des années que la valeur n’attend pas le nombre des années.

Pierre Corneille n’y connaissait rien en politique internationale.

Et visiblement, il n’avait pas Eurosport, ou n’aimait pas le tennis.

Car ceux qui aujourd’hui ont un minimum de discernement savent bien que la valeur est tout à fait capable de durer.

Et même de longues années.

Il suffit juste d’une âme bien née.

Comme d’autres humoristes bien connus, Abdelaziz a vu le jour au Maroc.

Quelques soubresauts de l’histoire l’amènent à devenir député puis ministre à moins de trente ans, en Algérie, le pays voisin. A l’âge où certains sortent à peine des bancs de l’Université pour s’assoir sur ceux de pôle-emploi.

Comme quoi, le Djamel Comédy Club mène à tout.

Ministre de Ben Bella, coup d’Etat anti Ben Bella, Ministre de Boumédiène, Conseiller du Président, ses spectacles cartonnent entre les années 60 et 80.

Fatigué après vingt ans de carrière, il part se reposer à l’étranger.

Certains détracteurs, sûrement jaloux, osent encore nous faire croire que c’était pour avoir tapé dans la caisse.

Mais l’humour évolue.

Dans les années 90, des groupes de barbus avec couteaux et Kalachnikovs se produisent à travers le pays avec un certain succès.

Mais Abdelaziz les trouve moyennement drôle, et il sent bien que la population algérienne aspire à rire de choses plus légères.

Cette époque marque la fin du comique troupier, et le succès de la série de « La 7e compagnie » n’est plus au rendez-vous.

Il revient au pays avec un nouveau spectacle et cartonnera dans son chef-d’œuvre, « Bouteflika Président », dont la première aura lieu au Zénith d’Alger en 1999.

Un triomphe.

20 ans après, le one-man-show est toujours à l’affiche.

Un succès digne de « La cage aux folles », de « Nuit d’ivresse » ou du « Dîner de cons ».

Incroyable, avec à chaque nouvelle saison, 90% de la population qui se marre.

Mais le comique n’est pas un genre facile.

Faire rire est un talent qui n’est pas donné à n’importe qui.

D’autant qu’il faut tenir compte des jeunes générations, souvent férues de virtuel et de jeux vidéo.

Et là, Abdelaziz a encore tout compris.

Dans la grande tradition des Présidents cubains ou soviétiques.

Son imitation du gars handicapé par un AVC est hilarante, même si d’aucuns pensent qu’elle dure depuis un peu trop longtemps.

Ces crétins n’ont rien compris au comique de répétition.

Depuis 2013, il a même lancé des spectacles virtuels où le public vient s’esclaffer devant des portraits ou des lettres signées.

Faire pleurer de rire les foules alors qu'on n'est pas là!

Le talent vous disais-je.

Mais sentant que le succès commençait à s’essouffler un peu, Abdelaziz vient de sortir son dernier sketch :

« Si vous votez pour moi, j’organiserai des élections libre dans moins d’un an. »

Hilarant.

Génial.

Le tout dans une lettre signée de sa main tremblotante.

D’ailleurs, le peuple algérien ne s’y trompe pas.

Il a décidé de ne pas attendre la première à la MJC de Ris-Orangis, et des dizaines de milliers d’algériens défilent dans les rues.

Sans gilet jaune.

Juste pour se marrer un peu.

Roger est un autre vieux routier du monde du spectacle.

L’ado agité et tourmenté a décidé un jour d’arrêter de casser ses raquettes pour s’en servir à bon escient: caresser la balle jaune et lui faire faire ce qu’il voulait.

Pour notre plus grand bien, et celui de ses finances.

Lui aussi est devenu milliardaire.

Du sport, pas de l’extorsion.

Moins drôle qu’Abdelaziz, il est venu dans les années 2000 bouter les américains Pete et André hors des sommets de l’ATP.

Malgré l’irrespect et l’impertinence d’un espagnol et d’un serbe venus d’on ne sait où lui mettre des bâtons dans le cordage, le suisse a su engranger 100 titres en presque vingt ans, dont une vingtaine de Grands Chelems.

Rafa et Djoko t’empêcheront certainement d’en gagner plein d’autres.

Les salauds.

Juste une requête.

Laissez le faire son dernier tour de piste.

Sur le gazon londonien, là où jadis il priva Pete d’un huitième titre.

S’il vous plait.

Une 21e couronne.

Après il s’attaquera tranquillement au record du vieux Jimmy.

A Marseille, Metz ou Montpellier s’il le veut.

On peut même monter un ATP 250 à Brie-Comte-Robert, sponsorisé par une industrie betteravière en manque de notoriété.

Après ça tu pourras tranquillement retourner dans tes montagnes valaisannes, chanter des tyroliennes et manger de la raclette.

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