Il est toujours utile de replacer certaines choses dans une perspective historique.
Aujourd’hui on atteint tranquillement les 80 printemps alors qu’au XVIII siècle, on cassait sa pipe à 25 ! Du moins pour le peuple, parce que les nobles vivaient 15 piges de plus.
Les choses sont finalement bien faites. Comme ça ils pouvaient profiter de leur château, ce qui est quand-même plus agréable que de cracher ses poumons dans un trou à rat.
Enfin pour les français.
Parce qu’au Zimbabwe, à 35 ans on est un vénérable vieillard sur le point de mourir.
Se plaindre est vraiment une spécialité française.
Henri Salvador nous racontait des salades quand il chantait que « le travail c’est la santé ». Quant à Souchon, oser fredonner qu’ « on est foutu on mange trop » !
C’est vraiment du grand n’importe quoi.
De nos jours, dans nos contrées civilisées, on travaille en une semaine ce que nos ancêtres se coltinaient en même pas deux jours. Et un bonheur n’arrivant jamais seul, c’est le contraire pour la bouffe.
On engouffre dans la journée ce qu’ils grignotaient en sept.
Au moment d’enfiler son gilet, la décence est de mise. C’est comme avec votre femme. Un peu de retenue.
Alors entendre des gars pleurnicher pour une dizaine de matchs en deux semaines !
Le tout en sillonnant l’Allemagne, chichement logés dans des hôtels cinq étoiles, avec buffet ptit dèj à volonté. En plus, il parait qu’il n’y avait pas de gambas avec le saumon fumé au Danemark.
Là aussi, se replacer dans une perspective historique permet de relativiser. Quand je pense qu’à l’époque on mangeait des sandwichs dans le train.
Parfois l’hôtel, pas plus d’étoile que sur la tunique bleue.
Plat de pâtes qui collent, confiture sur la biscotte, avant d’aller se faire châtier contre les Tchèques ou les Hongrois, sans parler des Russes ou des Allemands.
Depuis la révolte des Barjots, le handballeur s’est engraissé.
Comme l’espérance de médaille.
De nulle, impossible fantasme, elle est devenue réalité.
Et même nécessité.
Les jeunes, les filles et les gars, tout le monde s’y met.
L’armoire à trophées de la FFHB est devenue comme le coffre de Picsou.
Elle déborde de métaux précieux.
Bientôt, elle sera trop petite. Il faudra reconstruire la Maison du hand. Là où il y a de la place, dans la morne Brie.
Après l’or des dames en décembre, ces messieurs nous offrent du bronze.
Déçus ?
Satisfaits ?
Allez servir du foie gras à qui ne mange que du caviar !
D’un autre côté, c’est quand même mieux que des rillettes.
Fussent-elles du Mans.
Pas facile à analyser.
C’est mieux que si ça avait été pire.
Mais moins bien que si ça avait été mieux…
Une chose est sûre, la France a montré de belles choses dans le jeu.
Avec des joueurs merveilleux, promesse d’un futur radieux.
D’autres en bout de course, l’avenir nous le dira.
Elle n’a pas été dominante, je la trouve à sa place aux côtés de la Norvège et de l’Allemagne.
Deux fauteuils pour trois, c’est bien d’avoir conquis le bronze.
Demandez aux allemands…
Le Danemark a éclaboussé la quinzaine.
Comme Djoko à Melbourne.
Rafa s’est fait punir, comme la France et la Norvège.
Avec une base défensive nécessaire à toute grande perf, avec 22 buts encaissés en moyenne.
Un Landin enfin régulier.
Une attaque de rêve.
Une alternance magnifique entre jeu de passes et efficacité au tir.
Une balle qui vit, des courses précises.
Quasiment aucun duel joué.
Une philosophie, un style de jeu.
Une certaine idée de la perfection, avec Mikki à la baguette.
J’ai entendu de glorieux anciens regretter qu’ils ne se soient pas fait un peu plus astiquer. Le combat, le fameux ADN tricolore.
C’est vrai que ça eut payé et que ça marche toujours.
Mais j’ai l’impression que ça ne suffit plus, quand les Vikings sont au rendez-vous. C’est juste suffisant quand ils sont un peu moins bien.
Comme Rogers et Rafa, il faut reconnaître qui est le patron.
Et se mettre au boulot pour trouver des solutions.
Les danois ont un coup d’avance.
Ils innovent et créent quelque chose, comme par exemple dans le jeu à trois droitiers.
On peut toujours être plus combattif, plus fort, plus rapide et plus puissant, mais n’oublions pas de mettre aussi quelques neurones dans la bataille.
Dans les années 80, les Yougoslaves avaient inventé la défense 3-2-1 pour contrer des Russes archi dominants.
Avis aux amateurs.
Ou aux professionnels.
Et pour les cadences infernales, après tout n’ai-je pas eu le bonheur, d’écrire dix chroniques en quinze jours…