Quand le sport est beau.
Quand le sport se fait art.
Plusieurs émotions peuvent traverser l’esprit de qui regarde du sport.
Le supporter s’identifie, et va parfois jusqu’à consacrer sa vie à son équipe.
Question de choix, question de culture. Dans certains cas extrêmes, on peut parler de l’intrusion du virtuel dans une vie qui manque de sel.
La bière, les battes et les insultes, certaines tribunes ont depuis longtemps ouvert la voie à ce qui se passe aujourd’hui dans les réseaux dits sociaux.
Une libération de la parole, sans filtre, des flots de haine. La revanche des sans-grades, capables d’idolâtrer comme de cracher leur venin.
Pas de ça dans le hand diraient certains, même si certains crétins s’illustrent dans certaines tribunes.
L’essence de l’affrontement sportif, c’est le suspens.
La fameuse glorieuse incertitude.
On a tous vécu des scénarios improbables, des renversements invraisemblables qui nous retournent les tripes.
Je dois avouer que j’ai toujours un peu de mal à prendre une carte, à supporter sans faille. A part pour Borg, Sampras et Federer, allez savoir pourquoi…
Quant au suspens, il n’y en a pas eu des masses lors de cette demi France/Danemark.
L’évolution du score a été sans pitié pour des tricolores jamais à égalité, hormis à l’engagement !
2/1, 3/2 et 4/1 seront les seules fois où ils reviendront à un petit but des danois.
Certains faits sont parlants.
Le bon match de certains, le moins bon des autres.
L’énorme match de Mahé, Kentin, pas Christophe.
Des adversaires à 75% d’efficacité offensive, des gardiens français à 10% !
Nikola qui ne joue pas…
Laissons les analyses à d’autres, fussent-elles sur le zinc.
Attendons le match pour le bronze, il sera temps de tirer quelques enseignements pour l’avenir, et de se poser les bonnes questions.
Pendant une décennie dorée, la dominance d’Omeyer a expliqué beaucoup de choses. Retrouver ça est quasiment impossible, il faut construire autre chose. Le résultat de nombreux matchs ne tient qu’à un fil, la performance du gardien.
Vincent Gérard en a l’étoffe, il l’a déjà montré. Il lui faudra maintenant confirmer s’il veut entrer dans la cour des très grands.
L’autre question est celle du management, qui sur cette compétition a été très ambitieux, et peut-être trop novateur.
Nikola jouera, jouera pas ?
Trop de matchs à faire, en si peu de temps ?
Il faut certainement voir là les raisons qui ont poussé le staff à faire autant de rotations. Les joueurs les plus efficaces étaient bien là au début de cette demi, mais sans qu’une hiérarchie claire soit établie.
Jusqu’ici dans le sport, un groupe en a besoin, avec des statuts et des rôles bien définis.
Voilà pour cette analyse, qui si elle n’est pas de comptoir est au moins de canapé.
Je me sens coupable car je dois vous avouer que ce match m’a procuré une certaine joie, au-delà de la déception de la défaite, et d’une septième étoile qui s’envole.
L’impression d’avoir été touché par la grâce.
Celle d’avoir eu droit à ma part de divin.
Mikkel Hansen, Mikki pour les intimes !
Comment vous dire…
Pour les chiffres, ça donne un 12/15 au tir assorti de 6 passes D, ce qui déjà laisse rêveur. Mais tout n’est pas là.
Ça va plus loin, bien plus loin.
Une mainmise, une intelligence de jeu, un sujet plus que dominé.
Une copie parfaite.
A la passe comme au tir.
Un de ces moments rares, un instant de grâce dans ce monde de brutes.
Il y avait du Michael Jordan, du Roger Federer ou du Maradona des grands jours.
Quand les frontières du sport sont franchies, que l’efficacité et la facilité se font beauté. Un dieu descendu parmi les hommes pour jouer à la baballe avec eux. L’occasion unique de s’approcher du divin. On pourra tous dire qu’on y était.
Mais ce n’est pas tout chers lecteurs.
Le Viking n’est pas venu seul du haut de l’Olympe.
Melvyn est lui aussi descendu de la montagne.
Dans ce match, il a raté son deuxième tir de la compétition !
Pour son premier mondial.
24/26, avec une créativité de chaque instant.
Le fils Richardson bonifie tous les ballons.
Incroyable.
Il semble né pour chercher, et trouver à chaque fois la bonne solution.
Faire la bonne course.
Poser son pied droit au bon endroit.
Faire le bon choix, malgré trois intentions possibles, tir, passe No 1 ou passe No 2.
Buteur et maître à jouer.
Insaisissable.
Indéchiffrable.
Là aussi du grand art.
Largement au-dessus de la mêlée.
Comme Mikki.