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MON NOUNOURS

  • Photo du rédacteur: Admin
    Admin
  • 28 déc. 2018
  • 4 min de lecture

14 Janvier 2078

Ça fait bien longtemps que tout ce qui vit a disparu de la surface de la terre.

Même pas mal, pas besoin du grand feu d’artifice nucléaire pour ça.

Les descendants de Trump, Poutine et de tous les grands humanistes du début du siècle n’ont même pas eu besoin d’appuyer sur le bouton.

Quand il a débarqué sur la planète bleue, l’homo sapiens n’était pas l’animal le plus puissant, loin de là.

Son arme essentielle était son intelligence, largement suffisante pour assurer sa survie.

Une fois cette mission accomplie, il l’a mise au service d’un progrès qui peu à peu l’a fait courir à sa perte.

Il a découvert trop tard que, non seulement la nature n’était plus hostile, mais qu’il devenait nécessaire de la protéger.

La déforestation, la pêche, la chasse et la pollution ont scellé le sort de nombre d’espèces animales, par bêtise et cupidité.

Il a scié la branche sur laquelle il était assis.

Cette intelligence destructrice s’est mise trop tard à agir pour sa protection.

La tragédie industrielle, version moderne du conflit Cornélien : sauver ce qu’on martyrise.

Le pompier pyromane…

Un monde nouveau.

Les trois quarts de la planète sont sous la glace, le reste n’est qu’une succession de steppes arides et de déserts hostiles.

Les fleuves, les montagnes, les pierres et les vestiges des villes de l’ancien temps sont recouvert de poussière rougeâtre. Comme toute forme de vie, l’eau semble avoir disparu. Plus de liquide, les océans sont de glace, les rivières aussi, souterraines et figées.

De singuliers habitants sont pourtant là.

Seuls survivants dans ces contrées si inhospitalières.

Pas des extraterrestre ni des robots, mais des ordinateurs qui pensent.

Depuis le temps que l’homme en rêvait, l’intelligence artificielle est devenue réalité.

Comme pour le feu nucléaire, il n’y a pas eu de guerre dévastatrice entre la machine et son créateur. L’homme s’est flingué tout seul, comme un grand.

Terminator n’y fut pour rien, James Cameron avait tout faux.

Il y a deux castes dans ce monde numérique.

Les ordinateurs à la pomme et les autres plus puissants et plus nombreux.

Ils forment une secte qui parait mener la danse, une élite qui souvent décide pour les autres.

A partir de fragments d’ADN bien conservés dans les glaces, ils se sont vite montrés capable de faire comme un barbu bien connu des millénaires avant eux.

Créer la vie.

Redonner vie à certaines espèces, dont la plus singulière d’entre-elles, l’espèce humaine. Des vivariums ont été construits à plusieurs endroits, espaces clos dans lesquels les conditions propres à la vie ont été recrées.

Un jour, des coréens ont émis l’idée saugrenue de réintroduire des hommes dans quelque montagne de l’Asie centrale qu’ils auraient pris soin de réaménager, quelques arbres, de l’eau et des prairies.

Une idée qui ne plut pas du tout aux membres de la secte à la pomme, qui virent là une menace possible à leur hégémonie planétaire. Tout allait si bien dans le meilleur des mondes, il leur paraissait risqué de bouleverser cet équilibre. Devant l’insistance de leurs cousins asiatiques, ils menacèrent de réintroduire au même endroit des tyrannosaures, ainsi que d’autres joyeux prédateurs qui ne feraient qu’une bouchée de ces hominidés sans défense.

Les grands computers qui géraient le monde furent saisis de cette affaire, mais au final, ils furent incapables de se mettre d’accord.

Comme toute personne raisonnable, dans le doute, ils s’abstinrent…

Décembre 2018.

Bientôt, les voitures se débrouilleront toute seules. Comme des grandes. Leur conducteur pourra se mettre un litre de whisky dans le cornet, il ne servira plus à rien. L’intelligence artificielle gagne du terrain. Dans de nombreux domaines elle est devenue bien plus performante que l’homme, qui pour l’instant reste celui qui appuie sur le bouton.

Les loups ne sont pas entrés dans Paris.

C’est pas comme les gilets jaunes qui ont investis l’avenue la plus célèbre de la capitale.

Pour ceux qui rêvaient de voir un grizzly mexicain, un dauphin de Chine ou un rhinocéros noir d’Afrique de l’Ouest, c’est trop tard. Ces espèces ont tiré leur révérence, au même titre que d’autres, dont quelques obscurs volatiles ou une ridicule grenouille plate !

Bientôt les tigres, baleines, orang-outang et éléphants les rejoindront au cimetière.

Comme l’ours polaire, et son cousin des Pyrénées, moins blanc et moins puissant.

La planète se meurt, l’isard a failli disparaître dans les années 50, maintenant il pullule tranquillement sur les cimes, comme le chamois, son cousin des Alpes. Lui balancer un prédateur venu de Slovénie ne fera que rétablir un certain équilibre.

Reste le pastoralisme.

L’équivalent rustique du gilet jaune.

La décision prise dernièrement d’introduire quatre ours supplémentaires en Ariège est un crime de lèse-ruralité. Elle a forcément été prise par des bobos parisiens qui n’y connaissent rien.

Insultante pour de rugueux bergers, à l’accent rocailleux et qui portent fièrement le béret. A côté d’eux, José Bové est un premier communiant.

Si le RSA suffit difficilement à survivre en Ile de France, les brebis ne portent pas l’ours dans leur cœur. Si on continue comme ça, il n’y aura plus de fromage des Pyrénées.

Alors, ces ardents défenseurs de la gastronomie laitière vont reprendre le fusil pour farcir ces brutes sanguinaires de pruneaux.

Vive l’amitié Franco-Slovène.

Ces crétins ne connaissent pas les rives de la Ljubljanica.

Et ils n’ont jamais vu les mains délicates d’une jolie femme faire des papouilles dans la toison fauve de leur nounours.

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