Difficile de croire dans l’égalité des chances à la naissance.
Imaginons une loterie dans les maternités.
- Numéro 114 ?
- C’est nous Chéri !
- Le bébé numéro 114 est attribué à M. François Pinault et à son épouse.
- Oh Chéri t’as vu, il est tout noir !
Alors que le rejeton biologique de Salma et François aura lui, la chance d’atterrir dans un charmant camping de migrants sur les bords verdoyants de l’A86. Rien ne vaut la vie au grand air et la rusticité pour forger le caractère. Les gaz d’échappement c’est cadeau, et en plus, ça réchauffe l’atmosphère.
Ces gamins-là ne sont guère perturbés par l’apprentissage de la lecture ou de l’écriture, ils ne vont même pas à l’école. La probabilité pour eux de lire du Stendhal, ou d’analyser le rôle de la chute de l’Empire Austro-Hongrois dans le déclenchement de la Première guerre mondiale est assez basse.
Mais les autres, tous les autres, y mettent les pieds jusqu’à l’âge de 16 ans.
J’ai personnellement beaucoup fréquenté les crèches.
Je vous rassure, plus comme père de famille que comme détraqué sexuel.
Parfois tenté par un peu d’éthologie de comptoir, j’ai pu remarquer que les bambins qui ont du mal à s’exprimer avec des mots le font plus volontiers avec leurs poings. A ce niveau, il est logique que chacun suive ses stades de développement à sa propre vitesse. Les différences sont normales.
Mais à la maternelle, certaines situations deviennent inquiétantes.
Dès la petite section, les différences de socialisation ou dans les apprentissages verbaux et comportementaux sont déjà spectaculaires. Certains profs des écoles se retrouvent à gérer des classes d’une hétérogénéité incroyable. 27 enfants, avec un mélange détonant : illettrés, violents, pas propres, ne sachant pas faire leurs lacets…, sans oublier les cas pathologiques, qu’il faut gérer avec une ATSEM comme seule assistance. Une assistante grassement rémunérée, 1200 € bruts par mois.
Pas le meilleur moyen d’aborder les apprentissages linguistiques, artistiques, psychomoteurs, scientifiques… ni de poser les bases d’un futur citoyen libre, instruit et respectueux.
Ni de remettre les compteurs à zéro en rétablissant dans l’école, une justice impossible à gérer en dehors.
C’est la première erreur de l’Education Nationale, et on finit par la payer très chère. Les différences inévitables ne sont pas combattues, ou alors avec des canifs, là où il faudrait des chars d’assaut.
En primaire, il est devenu impossible de prendre en charge une telle hétérogénéité. Là où chaque petit français devrait apprendre tant de choses essentielles pour son avenir, les différences se creusent et ne se combleront jamais.
Agir après est sans doute utile, mais totalement inefficace.
C’est trop tard !
La haine a pris trop de place.
Haine des jeunes pour la France, des enseignants pour les jeunes, niveau scolaire affligeant, manque total de perspectives.
Il est grand temps d’ouvrir les yeux et de se révolter contre cette situation.
Ne pas le faire est pour le moins irresponsable.
On peut demander plus de postes, mieux payés, avec moins d’heures de cours, … C’est le combat des syndicats.
Il n’est pas illégitime mais ne sert pas à grand-chose. Le peu de profs qui se syndiquent le font pour préparer leur mutation du mieux possible, soit pour retrouver leur région tant aimée, soit pour quitter leur obscur collège de banlieue.
Il faut impérativement réorganiser l’école primaire.
Les enseignants y sont idéalement placés pour diagnostiquer les problèmes.
Mettons-les au centre des solutions à apporter, avec un « crédit » stratégie.
On sait que mettre un instituteur pour huit élèves est impossible, mais il faudrait lui donner un rôle d’organisateur d’une équipe, avec les moyens qui vont avec.
La vision de la personne « toute puissante » qui règle tout toute seule est caduque.
Il n’est pas question d’importer mécaniquement un modèle sportif ou d’entreprise, mais manager un staff avec des compétences complémentaires serait une voie possible.
Et souhaitable, ne serait-ce que dans le cadre d’une expérimentation.
Un enseignant entouré d’un psychologue, d’un orthophoniste, d’un docteur et d’un éducateur sportif. Une équipe de professionnels aguerris, justement rétribués pour leur taf.
Pas des professionnels salariés de l’Education Nationale, ni des permanents associatifs.
Des praticiens « libéraux » venant faire des heures à la demande de celui qui gère cette équipe. Avec les parents comme partenaires de cette stratégie éducative.
Une réorganisation du temps scolaire, avec séquences en classe entière, et d’autres en groupes de travail spécifique.
L’idée est de mieux gérer les particularités de chaque élève, en mettant en face, quand c’est nécessaire, un praticien formé pour ça.
Je ne suis pas sûr que ça coûte beaucoup plus cher que la situation actuelle.
Et à long terme, les économies seraient colossales, éternel combat de la prévention contre la guérison. Sans parler des subventions à des associations parfois improbables, sous prétexte qu’elles créent du lien social.
Avec des enseignants qui cherchent et proposent des solutions. Plutôt que de se sentir inutiles, et de parfois baisser les bras.
L’Ecole peut et doit jouer ce rôle.
Tous les jeunes français y passent des années.
Changer les choses est une cause aussi noble que nécessaire, et c’est le lieu où on peut le faire.
Il est temps de prendre quelques « risques » et de revoir la copie.
Ou alors on prend le problème par l’autre bout.
On construit 150 000 places de prisons supplémentaires.
On passe assez vite de 20 000 à 200 000 fichés S.
Une grande victoire de la laïcité et de la citoyenneté, les deux piliers de l’éducation de notre jeunesse.
Pas d’édifice stable sans fondations solides.