Au moment où j’écris ces lignes, beaucoup considèrent que les douze milliards sortis par Manu de sa hotte ne suffisent pas.
A vivre correctement, on peut en discuter.
Mais certainement pas à calmer les rancœurs que le peuple accumule depuis longtemps. Je ne suis pas persuadé que les plus défavorisés enfilent leur gilet jaune. Ce mouvement est surtout celui d’une classe moyenne démesurée qui en a ras le bol de financer un modèle social qui est à bout de souffle. Augmentations, impôts, radars, amendes, limitations …, c’est une taxe de trop qui aura mis le feu aux poudres.
Si on considère qu’il y a environ quinze millions d’élèves scolarisés à un moment T, ça fait 1500 milliards qui auront été mobilisés pour eux.
1500 MILLIARDS !
Une somme tellement colossale qu’elle parait irréelle.
Bien supérieure au PIB ou au déficit du pays.
En France, l’évaluation de l’efficacité de l’affectation des deniers publics n’est pas dans les codes.
La pêche aux subventions est un sport national, pour lequel il est essentiel de bien remplir les dossiers de demande.
Essentiel pour décrocher la timbale.
Ce qui se passe après n’intéresse personne.
Que ce soient les 750 € généreusement distribués à l’Amicale des joueurs de fléchette de Brie Comte Robert ou les 83 millions répartis entre les principaux syndicats.
Le gâchis, la gabegie, les salaires des députés, des hauts fonctionnaires, leur retraite, l’évasion fiscale, la restriction de l’ISF, …tout est bon pour alimenter ce ras le bol.
Les tribunaux regorgent de politiques mis en examen, condamnés, en appel, en cassation, et bien sûr présumés innocents. Des procédures qui durent des années, alors qu’au moindre écart de conduite, le bon citoyen a 45 jours pour faire un chèque au Trésor Public.
Pour la modique somme de 150 €, il pourra même s’envoyer en l’air pendant deux jours dans un stage de récupération de points.
Si ce dispositif a des vertus pédagogiques, pourquoi ne pas envisager des stages de bricolage, de rangement ou de maniement d’escabeau ou de table à langer ? Petit rappel, les accidents domestiques font plus de 10000 morts par an, soit trois fois plus que leurs collègues de la route.
Ou un stage de comptabilité pour les élus de tous bords, syndicaux et politiques, avec un chapitre sur les notes de frais.
Bref on aura compris que la morale et la rigueur financière ne sont pas les deux mamelles de notre belle démocratie.
Mais là, le chiffre est gigantesque.
A la mesure d’une catastrophe qui ne l’est pas moins.
L’Ecole remplit-elle sa mission ?
Trop d’enfants rentrent en primaire en difficulté, et beaucoup la quittent sans maîtriser les savoirs de base, on parle même d’illettrisme à l’entrée au collège pour au moins 15% d’entre eux.
Le véritable niveau des élèves dans les différentes matières semble en baisse.
Quel est-il vraiment par exemple en langues étrangères ou en sport, après sept ans de pratique ? Combien d’élèves savent parler anglais en sortant du lycée ?
On pourrait rétorquer que l’institution a fait évoluer ses attentes en se recentrant sur des compétences transversales plus que sur des matières précises. La formation de l’élève se base sur les piliers d’un projet éducatif.
Former le citoyen de demain, capable d’esprit critique, dans un cadre laïc.
L’Ecole serait garante de la laïcité, et mieux, un refuge contre l’obscurantisme qui gagne du terrain.
Avec en renfort, une réserve citoyenne prête à intervenir n’importe où et n’importe quand. Sans rire, c’est la mesure phare qui reste après la dernière vague d’attentats.
- Bonjour, ici L., professeur d’histoire à La Courneuve.
- Oui bonjour, que puis-je pour vous ?
- J’ai un peu de mal à boucler le programme, en particulier certains aspects de la Deuxième guerre mondiale.
- Ah bon, ne vous inquiétez pas, je vous envoie l’adjudant-chef Maurice Pichon, qui a fait dix ans en Afghanistan.
- Ah merci, je suis rassuré.
Soyons honnêtes, on ne parle pas de tous les élèves de tous les établissements scolaires de France et de Navarre.
Une bonne partie, majoritairement dans l’enseignement général, continue de suivre une scolarité satisfaisante. Mais on sait très bien que l’entreprise d’asservissement a du plomb dans l’aile.
Non seulement le modèle est grippé, mais en plus, des nuées de jeunes sortent de l’Ecole sans perspective d’avenir ni de projet professionnel.
Mais le pire, c’est le manque de confiance en soi, et dans un système qui ne conduit nulle part. Sans aucune reconnaissance et surtout avec une rage qui ne pousse pas vraiment à l’amour de son prochain, surtout si c’est un compatriote.
Le constat est accablant.
La Nation investit des budgets considérables pour un résultat inefficace pour la majorité, et surtout contre-productif.
Comme si elle se faisait un devoir de former des citoyens haineux.
ABSURDE
Un peu comme la prison, dont la mission première est de protéger le pays contre des individus dangereux.
Un système pénitentiaire censé également réinsérer, permettre à ceux qui ont dérapé de se reprendre.
Le tout pour la modique somme de 106 € par jour, soit 36500 par an.
Cinq fois plus cher que l’école, avec des résultats remarquables dans l’éducation religieuse. Un « service public » plus efficace dans la radicalisation que dans l’obtention de diplômes, en particulier de troisième cycle universitaire.
C. en est un exemple parmi tant d’autres.
Se faire mettre en cage.
Ressortir en ayant la rage.
Basculer de la délinquance au terrorisme.
Souvent de belles bombes à retardement.
Une révolution est nécessaire dans l’Education Nationale.
Le modèle unique et égalitariste de l’élève a vécu, s’y accrocher et exiger que tous s’en rapprochent est aujourd’hui illusoire.
L’idée même de classe est devenue un fantasme.
Il est devenu impossible de regrouper 28 élèves dans une salle en partant du principe qu’ils pourront tous suivre le même programme, et ce dans toutes les matières.
A Louis-le-Grand peut-être, au Lycée professionnel Simone Veil de Pantin un peu moins…
De la même manière, si vous avez la chance de devoir vous faire poser une prothèse de hanche, je vous conseille plutôt l’Hôpital américain de Paris que celui de Juvisy-sur-Orge.